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Choses vues, ouïes, dites - Page 11

  • Regardez la télé au lieu de lire des bouquins de merde

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    « Des gouvernants de rencontre ont pu capituler, cédant à la panique, oubliant l’honneur, livrant le pays à la servitude. »

    Charles de Gaulle

     

    Tout de même, quelle formule, ce « des gouvernants de rencontre » à mi-chemin entre le bandit de grand chemin et l’hôtel de passe… N’en déplaise à quelque quarteron de pédagogistes éructant leur novlangue.

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  • Démonstration

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Détail du célèbre tableau d’Eugène Delacroix, La Liberté guidant le peuple :

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    Démonstration impeccable.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Le point à la mi-temps

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    Le théâtre est fait pour être joué. Bien sûr.

     

    Mais il est d’abord, ne serait-ce que chronologiquement, fait pour être lu ; au moins par des metteurs en scène et des comédiens. Et au-delà, par tout lecteur de bonne volonté – s’il reste quelque part un honnête homme.

    (Un bon texte de théâtre n’est pas plus difficile à lire qu’un bon roman, mais il est certainement plus facile de mal lire un roman, même bon – chiffres de vente obligent, les romans sont mêmes, de plus en plus, écrits tout exprès pour être mal lus par de mauvais lecteurs… tandis que le théâtre est, lui, de plus en plus, de moins en moins écrit pour servir littéralement de pré-texte à des metteurs en scène à prétentions démiurgiques qui feront de toute façon autre chose avec…)

     

    La ligne de fracture dans la mise en scène de théâtre sépare finalement ceux qui se pensent comme des interprètes du texte de ceux qui se pensent comme des créateurs. Et il est  évident qu’en termes de visibilité, de reconnaissance, de politique culturelle – si ces deux mots, ensemble et séparément, conservent un sens – les seconds ont suffisamment gagné pour avoir fait cesser sur ces matières tout débat, vae victis.

     

    On peut éventuellement repérer les premiers, c’est un simple indice, à ce que, forts de plus de deux mille ans d’histoire, ils raisonnent encore en termes de tragédie et de comédie quand leurs vainqueurs du second groupe n’ont plus à la bouche que les mots de spectacle, de pluridisciplinarité, etc. et pour seule destination chorégraphique que la stérilité pécuniaire de l’art contemporain (cette fin de phrase va plaire…).

     

    Comme il n’est plus réellement possible aujourd’hui d’exprimer dans ce pays autre chose que la doxa journalistique, que la tragédie est suffisamment réputée impossible pour que personne ne s’y essaie, que la comédie n’est réellement elle-même, c’est-à-dire un danger politique majeur, que de présupposer et transcender cette tragédie par bonheur tout à fait absente donc, il ne reste plus à nos vainqueurs qu’à colorier le néant à grand coups de formes expérimentales vides et neuneues qu’ils réputeront subversives à loisir (nouveau théâtre public) ou à industrier des bluettes confondantes de vulgarité, mal écrites et pas drôles, qu’ils nommeront publicitairement « comédie », ce qui est une falsification totale (théâtres privés parisiens). L’heure est en somme à la domination des abrutis roués.

     

    Le théâtre est fait pour être joué. Bien sûr. Il n’est pas du tout certain, au demeurant, que ce soit réellement possible aujourd’hui. D’ailleurs, vous n’avez qu’à vous dire, en prenant une carte de la décentralo culturelle, que je plaisante. Quoi d’autre ?

     

    *

     

    Entre la Toussaint 2008 et le 30 juin 2009, j’ai écrit, plus ou moins sur commande, une pièce intitulée Créon, qui inverse les données initiales du mythe d’Antigone (Antigone règne, Créon s’oppose à elle, aucune fin connue à laquelle parvenir ne demeure), et devrait être représentée pour la première fois en mars 2011 (j’imagine que j’y reviendrai). Pour autant que ce soit possible, ce texte tend à être une tragédie.

     

    En septembre 2009, j’ai écrit, sur commande, une saynète de vingt-cinq minutes  intitulée La morale du Héron, sur les rapports France-Afrique/Françafrique, qui a été mise en scène – en prologue à un texte espagnol de qualité dramatique discutable, en décembre de la même année par la compagnie commanditaire.

     

    En janvier 2008, j’ai mis en scène une comédie écrite en 2005, Pour une Culutre citoyenne !, portrait à charge, saynète après saynète, du milieu culturel. Charge trop lourde. Malgré l’adhésion très manifeste du public, il n’a pas été possible de tourner ce spectacle. Freins institutionnels puissants. Peur.

    (Je note qu’une saynète détachée de l’ensemble, Saturne, le touriste et son bébé, écrite pour mon vieux camarade Arnaud Frémont, avait été créée auparavant, pour une seule représentation, en janvier 2006, dans un petit festival de marionnettes qui ne nous aurait pas accueillis s’il avait su ce que nous allions produire.)

     

    Au mois d’octobre 2006, j’ai écrit pour Fabien Joubert un texte réaliste, tissant une trentaine d’anecdotes de la vie d’aujourd’hui, mais tellement noir à la lecture que nous avons su aussitôt qu’il était tout à fait inutile de le faire lire à de supposés producteurs ; à ce jeu conventionnel-là, nous ne pouvions que perdre une ou deux années qui déboucheraient, au mieux, sur rien. Nous avons donc décidé de monter ce texte, Ce que j’ai fait quand j’ai compris que j’étais un morceau de machine ne sauvera pas le monde, sans production : un acteur, une chaise, du temps – le luxe, en somme. Le talent de Fabien imprégna ce texte très dur de son humour subtil et nous fit produire, quelques personnes s’étant bénévolement jointes à nous, un spectacle presque aussi drôle que violent, ou l’inverse – que nous avons pu jouer une cinquantaine de fois entre 2007 et 2009, malgré ces freins à la vente que constituent un certain nombre de références peu élogieuses à quelques problèmes contemporains, lesquelles références nous ont bien fait frôler un procès imbécile. Peur encore.

     

    Un mois avant d’écrire ce monologue, en septembre 2006 donc, j’avais achevé d’écrire une commande sur les banlieues amoureusement intitulée Territoires de la merde. Une comédie. Mes commanditaires d’alors – producteur et metteur en scène – qui avaient d’abord refusé son titre la refusèrent totalement dès réception – dans les huit heures.

    Je ne suis pas prêt de voir cette pièce représentée où que ce soit dans ce pays ; elle est pourtant, d’un simple point de vue pratique, très montable. Il est tout simplement à craindre qu’aucun directeur de salle ne voudra prendre le risque de la produire, qu’aucun metteur en scène, non plus, ne tentera une telle chose.

    Pour passer cette censure censée n’exister pas, l’idée m’est venue de la répéter avec quelques comédiens volontaires, dans un lieu fermé au public, puis les répétitions achevées, de la filmer en l’état et de diffuser ce film sur internet, tout ou partie, et éventuellement de vendre des DVD (techno-samizdat).

    Faire avec Territoires…ce que nous avons fait avec Ce que j’ai fait... est peut-être possible, mais certainement pas souhaitable (ni économiquement viable). C’est, entre autre chose, dans cette optique que j’ai remis les mains dedans, ces trois dernières semaines…

     

    J’en suis là. Voilà, c’est tout.

    C’est la mi-temps.

     

     

  • Printanière poésie couleur femme

    (Billet initialement paru sur Ring : ici)

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    Quand une amie, en voiture l’autre jour, m’a annoncé en rigolant franchement que le thème du Printemps des Poètes de cette année était Couleur de femme ou Couleur femme (elle ne savait plus trop, et je ne puis point lui en vouloir, l’expression ne pouvant être réputée poétique que de n’avoir aucun sens précis) et que la manifestation débutait le 8 mars, date de la Journée de la Femme (qui est celle aussi, du coup, de la très justifiée Blague misogyne), j’ai d’abord émis l’hypothèse improbable mais drôlatique (enfin, relativement) qu’il y avait là une coquille (au sens de la typographie, pas de l’œuf) et qu’il devait être en réalité question de je ne sais quelle Coulure de femme (c’est de l’humour à la mode non point machiste mais féministe, me justifié-je illico, songeant avec nostalgie à cet ancien journal féministe intitulé Le Torchon brûle, revue menstruelle) et, bref, nous avons bien rigolé tous les deux.  

    Plus tard, je me suis renseigné sur internet. C’était bien Couleur femme. Le titre était emprunté au recueil de poèmes d’une dame nommée Guénane Cade. Le site officiel du Printemps des Poètes donne un extrait de sa poésie (sans préciser d’ailleurs si elle vient bien de ce recueil-là, mais bon) ; je ne crains pas de le recopier ici :

     

    « Ouvre la fenêtre

    les yeux les bras

    tout est ici

    ici-bàs

    ici bat la poésie

    d’autre monde il n’y a pas.

     

    Être Poète

    c’est prendre les mots

    par la main

    pour craindre moins

    d’avancer

    seul

    au cœur des masques collés

    sur la vie.

     

    Être poète

    c’est percer une fenêtre

    quand le mur n’en a pas. »

     

    C’est beau, hein ?

    Puissant, profond, simple, pigeable illico, archi-rabâché, pétri de lieux communs. (J’ai même recopié les coquilles : « ici-bàs » ; avec les poètes on ne sait jamais.)

    Il dit d’ailleurs la vérité, ce poème, quoique bien malgré lui : dans ces temps pourris de transparences diverses et d’assauts répétés contre le dernier mur en carton-pâte séparant le privé du public, il n’y plus guère partout que d’immenses baies vitrées dans lesquelles il serait parfaitement crétin d’aller percer des fenêtres. « A quoi bon des poètes par temps de fenêtres ? », comme ne disait pas Hölderlin.

     

    Mais peu importe, cela m’a donné envie.

    Oui. Pourquoi ne serais-je point poète, moi-z-aussi ?

    Quitte à rajouter un e à mon prénom, afin de bénéficier des privilèges idiots qu’on accorde aux poètes femmes cette année (en contrepartie de quoi, d’ailleurs – je pense vraiment qu’il faudrait un peu se poser la question ?).

    C’est vrai, quoi. Il suffit de revenir fréquemment à la ligne, en somme de tronçonner sa banale phrase en morceaux pour la tartiner tranquillement sur la page en espérant que ce douteux artifice lui donnera la profondeur dont elle manque d’évidence. Yapluka. D’autant qu’on peut dire ce qu’on veut comme on veut, et de préférence n’importe quoi n’importe comment.

    (Je m’étonne toujours, à cette heure sinistre où le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle, que mes amis écologistes bon teint ne tonitruent pas davantage contre les poètes gaspilleurs de papier qui passent leur temps à foutre sur une page pleine ce qui aurait pu tenir en trois lignes franchement pas indispensables. Oui, ces baratineurs de long de poètes printaniers qui bouzillent des forêts à la moindre renécharade que leur esprit flatule, il n’en est jamais question sur vos tracts en papier recyclé de campagne électorale, amis écologistes.)

    Pourquoi s’emmerder, hein ? Devenons poète à notre tour et perçons une salutaire fenêtre dans la baie vitrée (je trouve l’image moins éculée que le sempiternel enfonçage de portes ouvertes – merci Guénane Cade).

     

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  • 56. Vieux homme

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Il dit : – A un moment, c’est douloureux parce que vous n’avez plus rien à lui dire, ni elle à vous, et que ça vous pèse, avec la sensation du gâchis alors que c’est seulement que la passion, cette chose ridicule, peut-être inévitable, mais qui m’a l’air forcée quand même aujourd’hui, on ne s’en souvient plus assez pour s’y faire encore croire et tout le semblant qui suit ; et puis, eh bien, un moment après, quand cette bascule-là elle a passé vraiment, je veux dire si vous êtes capable de renoncer même à la frustration, vous commencez à trouver que c’est reposant, d’être là, et qu’elle soit là, avec ce silence entre vous de ceux qui n’ont rien à se prouver – en tout cas à l’autre. Oh, ça n’empêche pas de s’engueuler, heureusement. Pour savoir qui descend les poubelles, ou autre chose, par exemple. On reste des humains quand même. A un moment, on se disputait même à savoir qui resterait en dernier. Et puis voilà, hein.