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Porcherie

  • Le poète, son cendar et ta gueule

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    … allez, à V. B.

     

     

    La poésie politique, voilà notre mystique, ou ce qui nous en tient lieu, mon cher vieux maître !

    Et le restant... ces miettes de moi merdique éparpillées sur la page...

    Ah oui, dirait-on pas plutôt qu'on nous a soufflé un cendrier au travers de la gueule !

    Alors, pardon, pardon, sans condamner personne, bien sûr... Oulala, jamais condamner personne, ça ne se fait plus !... mais putain de bordel, c'est une perversion bizarre, quand même, d'aimer se faire souffler des cendriers dans la gueule !

    Et du coup, c'est presque rassurant que la poésie du moi-moi façon bruine-de-merde-dans-ta-face ait si peu de lecteurs !

    Elle en a même bien trop, du coup...

    Par poète, ne soyons pas bégueule, j’entends tout ce qui prétend faire littérature ou, en tout cas, bouquin édité chez un éditeur un peu connu sur la place de Paris, ce mouroir, pas seulement les auto-relégués de la miniature préciosicule ! Le romanceur à la chaîne en première ligne !

    Mais enfin, ce gang de moucheteurs de bran se fait surtout public à lui-même, chaque membre actif devenant passif, grimaçant, inspiré, lorsqu’il s’enquille la déjection du voisin... Or, en réalité je vous le dis, foi de fumeur invétéré, remplir un cendrier est à la portée du premier cloporte venu et seul le fait d'en souffler le contenu à la face d'un voisin, même consentant, est un franchissement audacieux de la décence la plus élémentaire... Tout le monde chie, bordel, mais qui bazarde ses excréments à la face de son prochain ? On me dira que ce voisin est d'accord... Il est d'accord, il est d'accord, je veux bien, mais qu'est-ce que ça peut foutre ?... Homère se grattait-il les couilles ? Peut-être oui, peut-être non, mais de toute façon on s'en fout, voilà, et lui-même n’a pas jugé nécessaire de nous le faire savoir (mais les groupies, bordel, les groupies ?).

    Il y a quand même des choses autrement plus graves et inspirantes, non ? Ces gens dont je vous cause, pourraient être, et ils le sont peut-être, les contemporains des événements les plus formidables, les plus calamiteux et apocalyptiques de toute l'histoire humaine qu'ils continueraient de se badigeonner de leur propre merde, avec force tripes contemplatives et autres chagrins d'amour mal formulés, et le tout en prenant des pauses devant un guignol aussi peinturluré qu'eux qui leur servirait de miroir...

    Mais je vais vous dire, à la fin : Ces discutailleurs de sexe des anges avec vie-intérieure-intense de série et rébellion-conformiste en option, ou l'inverse c'est pareil, on égorgerait des gosses au coin de leur rue qu'ils se demanderaient encore s'il faut revenir à la ligne entre brise et marine ou tout laisser dans le même pseudo-vers à la con... branlotins d’Île de Ré ! socialistes ! cocus !

    Et nous voilà revenu à ce que je disais au début. L’air de rien. En creux.

    Et en même temps, en même temps, Seigneur que n'est-on pas tout un ! l'on s'en viendrait me dire qu'il y a, dans cette attention à soi-même et à ce qui nous environne, selon le mot hideux en vogue, un certain carat de délicatesse et même, allez ! de civilisation, que je serais bien forcé, malgré la meilleure mauvaise foi du monde, de ne pas en disconvenir tout à fait !

    Mais quand même, merde, quand ce n'est pas le moment, eh bien, ce n'est pas le moment ! Et ce n'est pas au moment qu'on vous attaque à la machette qu'il faut vernir sa moustache ou se remaquiller dans son miroir de poche !

    Et voilà mon cendar bien rempli : Amenez vos faces !

    15 mars 2016

  • Un si joli prénom

    Il est dix-huit heures passées, je suis seul au café. A la table voisine, une jeune femme. Enceinte. Vraiment pas loin du terme. Elle boit un thé. Son ami, son compagnon, son mari peut-être (non, pas d'alliances), arrive. Commande une bière. J'essaie de lire mon livre. C'est un petit livre d'Enzensberger, Le perdant radical. Ce qui n'a rien à voir avec ce que je vous raconte, d'ailleurs. Mais enfin. J'arrête de lire quand je comprends que mon jeune couple d'à côté entre dans la grande discussion du choix du prénom de l'enfant à venir. Une fille, en l'espèce. Je ne veux pas rater ça. Discussion qui n'a jusque là pu aboutir. Ce sur quoi ils sont d’accord, c’est que le prénom devra rester secret jusqu’à la naissance, absolument secret, même à ta sœur tu dis rien. Mais bon, le terme approche, la pression monte. Un peu hors sujet, le gars dit que si ça avait été un garçon, il aurait bien aimé Cyprien. A cause de quelqu'un de sa famille, un oncle, je crois, ou son parrainLa jeune femme réoriente la conversation. Les prénoms féminins fusent, dont un Zélie, un Aliénor, un Calvina et même un Enza qui serait le féminin d'Enzo, et je replonge utilement dans mon passionnant Perdant radical. Chaque fois que l'un prononce un prénom, l'autre fait la moue ou s'exclame non, pitié, pas ça! ou j'en connais déjà deux, dont une adulte qui, franchement... Au bout de vingt-cinq minutes de refus réciproques, et de propositions qui me semblent de plus en plus atterrantes, UhainaCunégonde (je vous jure), Narbella ( ?) qui fait plus diversité sans faire islamique, etc., la jeune femme revient tout à coup au début de la conversation et demande c'était quoi déjà le prénom que tu aimais bien de ton cousin ? Cyprien. Ce serait quoi, tu crois, le féminin de Cyprien ? Ben, Cyprienne... non ? Ah ouais non c'est moche... Pour ma part, je replonge un peu le nez dans le bouquin d'Enzensberger. « Plus son projet est voué à l'échec, plus le fanatisme avec lequel il le poursuit s'accroît  (p. 26) ». Tout à coup, un cri commun de joie salue l’exploit : le prénom est trouvé ! J’ai raté ça. Bordel de merde. Tant pis. Mais tout n’est peut-être pas perdu. Le gars dit ça s’arrose et tend sa paume à la jeune femme qui y claque la sienne, puis ils se penchent tous deux (surtout lui) par-dessus la table et s’embrassent brièvement. Puis il commande deux coupes de champagne ; je ne boirai pas toute la mienne, dit-elle. On les sert. Ils trinquent. – A Cyprine ! – A Cyprine ! Ils sont radieux. Pourvu qu’ils gardent le secret.

     

     

     

  • Le président des bits

     

    Marianne à l'e-phone.jpg

     

    Cette Marianne à l’i-phone (ou autre)  n’est pas une parodie, mais une communication (what else ?) du gouvernement français.

     

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