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Choses vues, ouïes, dites - Page 14

  • Banalités

     

     

     

     

     

     

    Souvent – parfois ne serait pas assez –, marchant au hasard de la ville et de ses rues, des bribes de dialogues, étrangement désarrimées de toutes personnes, personnages ou même visages, flottent dans ma tête. (Peut-être que j’entends leurs voix, ou bien leur prête mentalement la mienne ; quoiqu’il me semble parfois songer à des voix féminines… Non, je ne suis pas cinglé, merci.)

    Celle-ci, par exemple, l’autre jour :

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  • Imago mortis

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Peut-être était-ce à cause de la musique dans l’habitacle, mais le paysage plat – vert éclatant des jeunes pousses, ciel gris, champs de fleurs jaunes –  rompu en son mitan par la voie romaine, m’a aujourd’hui paru relever tout à fait de la science-fiction. Je me sentais là comme chez moi, impeccablement seul, me mouvant sans effort, ne comprenant pas un mot de ce qui était chanté, dans ce paysage où je n’habite pas. Extase douce dans la matrice automobile. Une façon sans doute de sommeil.

  • Narcissisme

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    La manière dont chaque matin tu parais dans ton miroir, en réalité, est très étudiée : tu ne t’y surprends jamais.

    C’est en descendant de voiture, dans une vitre posée là par hasard, que finalement tu t’es vu : pas rasé, tassé, un peu voûté avec du bide, les cheveux en pétard, le teint gris du rat de bibliothèque fumeur.

    En somme, c’est dans l’intimité que tu fabriques chaque matin l’image que tu veux croire que les autres ont de toi.

    Et tout le reste, je le crains, est à l’avenant…

  • Acte III...

    Remis le nez (les yeux et la main, en fait) dans mon manuscrit en cours.

    Impression, en fin de troisième acte, que la pièce est finie. Du moins qu’elle est montée. Et qu’il va maintenant falloir la démonter – ce qui, d’un coup, me paraît beaucoup plus difficile. Comme une opération complexe et minutieuse d’horlogerie, dont dépendrait l’utilisation future de l’objet. Je me sens des moufles. Evidemment.

    Tout se noue, paraît-il, au quatrième acte (quelqu’un m’a gentiment rappelé ça il y a peu de temps). Parce que c’est en fait le premier. Le grand démontage commence. Tout ce qui a été amené là, l’a été pour être démonté (c’est peut-être ça qui est le plus drôle, d’ailleurs).

     

    J’ai été tellement lent à écrire, et tellement lourd et pénible, que je me dis que je devrais foncer maintenant, démolir tout à grande vitesse, comme un type qui, étant parvenu au sommet, jouerait à se casser la gueule dans la descente.

    (C’est idiot. Le début de la phrase me concerne et sa fin la pièce – enfin, j’espère.)

     

    Quoi que cela n’ait rien à voir, cette histoire de troisième acte me rappelle Tartuffe.

     

    Tartuffe est une pièce qui finit à l’acte III, le personnage éponyme victorieux. C’est cela que certains, sans doute, ont pu voir, un seul soir, en 1664. Scandale. Les deux derniers actes, ajoutés ensuite pour défaire ce Tartuffe devenu Panulphe, n’y changeront rien : la pièce, en 1667, ne peut encore jouer qu’un soir (l’interdiction de police, assez bellement, dit que « ce n’est pas au théâtre de prêcher l’Evangile » ; l’archevêque de Paris, quant à lui, menace d’excommunication…). Ce n’est pas tant le sort final de Tartuffe, mais que simplement soit révélée son existence dans le miroir du théâtre, qui fait scandale (au demeurant et quant au monde, il est sans doute plus réaliste que Tartuffe soit vainqueur). La pièce est autorisée en 1669, les temps ont changé.

    Tartuffe était peut-être cette étrangeté-là : un secret mondain.

     

    Cela ouvre des perspectives (pour une autre fois et pour une autre pièce, qui sait ?).

     

     

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