« Des gouvernants de rencontre ont pu capituler, cédant à la panique, oubliant l’honneur, livrant le pays à la servitude. »
Charles de Gaulle
Tout de même, quelle formule, ce « des gouvernants de rencontre » à mi-chemin entre le bandit de grand chemin et l’hôtel de passe… N’en déplaise à quelque quarteron de pédagogistes éructant leur novlangue.
Griffonné à la hâte, songeant aux épisodes de Dr House (Fox) vus la veille, au fond d’un kebab où je ne comprenais rien à ce que disait la présentatrice d’Al Jeezira (que je ne regardais pas non plus – ou juste assez pour mieux connaître la couleur de ses cheveux que celle de ceux de Laurence Ferrari quand elle interviouve Ahmadinejad –, puisque donc, je griffonnais cela.)
En gros, dans une série télé américaine qui marche bien, le scénario est toujours le même (sécurité), propose une seule alternative clairement affichée (guérison, arrestation, retrouvaille – ou non) et seules ses péripéties diffèrent (intérêt accessoire de l’épisode, suspense a minima) ; les dialogues sont majoritairement informatifs et les conflits interpersonnels limités à des schémas comportementaux pré-établis dont les codes sont ouvertement donnés (sécurité), ce qui a pour conséquence apparemment paradoxale qu’ils vivent – dialogues et conflits, donc – de subtilités et nuances convenues mais flattant l’intelligence du spectateur ; les personnages et leurs relations – ce qui peut nécessiter un nombre relativement élevé de personnages fixes ou récurrents – sont lentement développés sur des centaines d’heures (intérêt principal de la série, indentification de fond par la vie quotidienne) ; les personnages psychiquement sains défendent les opinions majoritaires sur les sujets de société et les malsains (ou moins sains) les minoritaires ; un plan ne dure pas plus de trois secondes [1](le zapping est anticipé et intégré à l’unité même de l’épisode) ; les ambiances lumineuses sont toujours les mêmes, la musique fait partie du décor et n’est pas là pour être entendue (sauf au générique [2]) ; et pour finir, le nom des personnages l’emporte dans la mémoire collective sur celui des acteurs – seule vraie réussite (contrairement au cinéma).
Tout cela n’est pas d’un très grand intérêt ; et pourtant, c’est moins bête que la plupart des romans français d’aujourd’hui (Marc Lévy, Philippe Sollers[3]).
Disons qu’il vaut mieux que je n’aie pas de conclusion.
[1] Information à mon avis corrélée (mais je ne sais comment) au développement des personnages sur des centaines d’heures.
[2] Le rock n’ roll (et ses sous-genres) est désormais la bande-son de l’asepsie et de l’hygiénisme.
[3] Déjà cinquante ans de soap pour ce dernier.