fantômes
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Traum. Lettre (ouverte) à Aurélien Lemant à l'occasion de la lecture de Traum / Philip K. Dick, le martyr onirique
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Scène perdue
La gueule pleine de sang plus ou moins vrai, il parle encore :
Vous savez ou vous ne savez pas mais la scène, c’est l’endroit où nous les morts, on est chez nous
On a débarqué de tous les siècles depuis qu’on s’en souvient
On est bigarrés en diable, couverts de sang et plein d’amours tordues, et les plus fieffés salopards d’entre nous, même s’ils n’ont pas vécu en vrai
N’ont pas vécu en vain et d’ailleurs vivent encore
Ici nous les morts on est hantés par les vivants ou prétendus vivants, ils se la jouent un peu acteurs mais ne nous survivent pas !
Mais fondamentalement oui c’est chez nous ici, oui
Puisque c’est le seul lieu de cette civilisation où les morts reviennent, l’ultime où ils reviennent encore !
Et ici, nous, on vous reçoit, braves gens
Même si pour venir vous avez besoin de croire que c’est l’inverse et que sans vous on n’existerait pas
Alors qu’en vrai, quand vous n’êtes pas là, parce que vous croyez être vivants ailleurs, on est là quand même, nous les morts
A tel point que s’il n’y a plus de scène jamais, eh bien, ce n’est pas grave !
Parce que, public ou pas, acteurs ou non, gens importants ou point, nous sommes les fantômes sans quoi plus rien
Une armée de ressuscités pas saints du tout et qui se paient le luxe de n’être jamais morts même une fois, et pour nombre de ne s’être jamais donnés la peine de naître dans ce que vous appelez la vie – mais bon, c’est normal, de votre point de vue
Car en vérité je vous le dis, nous sommes le principe qui vous parle
Comme a presque dit Christ qui n’est pas celui que vous croyez
Puisque, que vous croyez croire ou que vous croyez ne pas croire, vous y croyez toujours, d’une façon ou d’une autre, et même si c’est plutôt d’une autre
Et donc, que je vous dis, nous sommes le principe qui vous parle et le commencement de toute chose
Parce que primo au sens le plus banal nous vous parlons et parce que secundo vous êtes parlés par nous
Car nous, morts, avons la voix active et vous, vivants, la voix passive et c’est ainsi depuis la nuit des temps
Et pour les siècles des siècles.
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Anaïs ou les Gravières, de Lionel-Edouard Martin
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Un café
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En contrebas, de Heinke Wagner
Crédits : TouN (Saint-Nazaire)