Dessin : Hélène Paris
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Dessin : Hélène Paris
« Voilà », dit Dalroy, après que le dernier olivier eut été bruyamment englouti par la mer, « maintenant je vais m’en aller. J’ai fait connaissance aujourd’hui avec quelque chose de pire que la mort : et ça s’appelle la paix. »
Gilbert Keith Chesterton, L’Auberge volante
Passe difficile, stimulante.
Concentration.
Naviguer entre les censures. La sienne propre, barrant l’intime, aux deux sens. L’autre, politique, réputée sociale, à l’individu pourtant intégrée, gouvernant tous régimes – n’autorisant, non sans raison, que le service, quitte à dire le contraire.
Liberté ? Longueur de longe ; cave canem.
(Il avait une fois, affirmant qu’Homère était le nom du chien d’Ulysse, sidéré quelques gens, ignares et non.)
Ainsi se trouvait-il situé.
Latitude intime, longitude politique.
Moyens, aussi, malgré eux-mêmes peut-être – mais qui sait ? –, de garder le cap, et de le garder tu.
Certaines phrases n’ont pas à paraître…
Et surtout pas ici.
Par une matinée ensoleillée, il comprit qu’il lui faudrait désormais mentir aussi sur ses lectures – les protégeant ainsi.
Heure de joie.
(Ithaque mobile.)
Imiter Joyce.
Ce n’est pas une si mauvaise idée, après tout.
Non pas l’imiter formellement, non pas l’imiter pour refaire du Joyce.
1914-1921. Sept années pour écrire Ulysse.
1922-1939. Dix-sept pour Finnegans Wake.
Deux livres en vingt cinq ans. Mais lesquels.
Imaginez qu’au bout de cinquante ans de « carrière », le quatrième roman de Philippe Sollers (par exemple, entre autres) vienne de sortir.
Imaginez qu’en plus, il soit bon.
On remettrait le Prix Goncourt tous les quinze ans ou vingt ans. On l’appellerait autrement, pour ne pas être ridicule.
Evidemment, on ne fabriquerait pas des Joyce à la pelle pour autant. Mais on aurait un peu plus de bons romans et, du fait de la dissuasion, beaucoup moins de merdes nombriléennes.
Au lieu de ça, on nous déverse chaque mois des tombereaux d’ineptie, et l’industrie délittéraire agence des carrières à des ahuris de troisième ordre… Pas à un oxymore près, les éditeurs, avec le pauvre cynisme de surface qui leur tient lieu d’esprit, parlent de « littérature jetable ». Alors quoi ? Il y a que les lecteurs de ces productions-là sont des éboueurs masochistes (ce sont eux qui paient pour évacuer les ordures et les stocker chez eux).
Rentrée littéraire 2008 sur Theatrum Mundi :
2. Rentrée littéraire (2), une tombe
3. Rentrée littéraire (3), un peu de finesse