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travail

  • Une histoire idiote

     

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    Sous ces tropiques de plus en plus artificiels, le gamin exerçait la profession délicate et mal rémunérée de perdant. Son boulot consistait, pour flatter de pâles clients luisants de fric, à jouer aux échecs avec les noirs et à perdre à coup sûr. Un soir, il tomba sur un type tellement aberrant qu’il ne lui fût pas possible de le faire gagner. C’est ainsi du moins qu’il expliqua la chose. Et il perdit son job.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Révélation

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    Au long de la journée, il tenait habilement toutes sortes de conversations, adoucissant ses positions pour ne les céder pas, comme malgré lui toujours enclin au plus improbable compromis – diplomate ne travaillant au final pour rien ni personne, pas même pour lui ; mais lorsqu’au retour, il marchait seul dans les rues, il se sentait d’une humeur à piler absolument n’importe qui, et il attribuait le fait de ne jamais piler personne à l’idée qu’il avait que cette détermination était en quelque sorte sensible aux hypothétiques importuns, qui, immédiatement dissuadés, n’oseraient jamais se révéler tels. Il ne songeait point à autre chose qu’à cette sienne férocité discrète lorsqu’il heurta, à tel carrefour familier, le poteau d’un feu rouge ; de ce jour, il perdit toute illusion sur lui-même et ne put plus voir en lui-même ce héros attendant l’heure d’être révélé tel dans un jet de pure violence, et sut enfin, en un instant, qu’il n’était qu’un raté logiquement doublé d’un rêveur. Rien d’autre, apparemment du moins, ne changea ; et personne dans son entourage ne put jamais savoir quel accident de parcours avait bien pu produire un changement si soudain, quoique tous fussent bien incapables de dire quel il était précisément.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Travails

    Position politique 

     

     

     

     

     

     

     

    J’écris une pièce, presque une commande, jugulaire jugulaire, le premier acte est fini, les personnages tiennent leurs points cardinaux, tout est en place pour la tragédie et elle ne viendra pas, c’est ça qui est drôle et ça ne l’est pas, on est dans le système français où toutes les données sont connues dès le départ, tout est prêt à filer au tragique comme une armée en marche et il faut maintenant que ça s’envase et s’embourbe avant même le premier coup de feu, que la tragédie ce soit qu’il n’y en a pas mais alors pas, pour l’heure le premier acte est fini, plus que trois à faire, le dialogue de phrases brèves est serré à fond, digression nulle, j’aimerais qu’il visse le ventre, je ne sais pas si c’est du bon théâtre mais en tout ce n’est pas autre chose que du théâtre, j’aimerais qu’il flotte là une puissance lourde de silence, qu’on regrette de n’avoir pas le secours de la musique, tantôt légère et aérienne tantôt basse profonde à la russe, mais toujours lente et étirant le temps, rituel liturgique, liturgie je le rappelle en passant veut dire service public, et je me dis tout cela et je rigole, c’est complètement invendable je le réalise d’un coup et du coup justement je ne rigole plus, non mais quelle bande circumterrestre d’ignorants crasseux fiers sous leur mammon en merde, et je rigole quand même, et je me dis que si ça commence à être vraiment du vrai théâtre ce que j’écris, il va falloir que je me trouve assez vite un autre job…

    Allez, j’y retourne.