Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

malraux

  • Sentences V

    si vis bellum.png

     

    Cabricomplot

    Comme il est autant difficile d'empêcher une démocratie de ne rien faire que d'empêcher une dictature de faire n'importe quoi, notre époque de tacticiens sans stratégie n'a pas trouvé d'autre solution que celle de se réputer avoir résolu parfaitement ces problèmes en les conciliant : ainsi notre régime politique est-il devenu une dictature qui fait n'importe quoi, en ayant l'air d'une démocratie qui n'en branle pas une ; un régime où les démocrates ont accepté de faire semblant d'avoir le pouvoir pourvu que les dictateurs fassent semblant de ne pas exister ; un régime que défendent, justifient, parfois même par la plus dérisoire contestation, et finalement font vivre copieusement quelques millions de cocus formellement demeurés au rang de citoyens pour-de-rire.

     

    A la Dédé

    La forme dévoyée de ce qu’on avait fait toujours, est devenue un luxe.

     

    Sentence à Paulo

    Eh bien, je vais te dire, moi, mon Paulo, que la haute poésie, la littérature comme on dit vulgairement, est comme une vache, oui, au moins autant que la mer comme une vache, voilà, c'est simplement et énormément et paisiblement une vache, une bête formidable et magnifique et paissant les profondeurs historiques, et il faut donc bien que ces milliers de mouches à merde que l'on publie chaque semaine indiffèrent totalement le mangeur d'entrecôtes, amen !

     

  • Une phrase de Malraux...

    Malraux.jpg

     

    J’ai lu quelque chose sur internet qui m’a fait penser à une phrase de Malraux. Et comme je n’ai lu de Malraux que Le Miroir des Limbes (c’est-à-dire les Antimémoires et La corde et les souris), j’ai passé une après-midi à rechercher dans ce bon millier de pages la citation exacte et quand je l’ai finalement retrouvée, j’avais déjà oublié quelle était cette chose internetique qui me l’avait évoquée.

    La voici tout de même, tirée de Lazare (1974), le dernier des livres composant ce fabuleux (dans tous les sens, d’ailleurs) Miroir des Limbes :

     

     

    Le deuil disparaît, on écarte les enfants du cimetière, mais à la télévision, un jour sans meurtre serait un jour sans pain.

     

     

    Evidemment, en écrivant ceci, alors même que je suis résolu à ne livrer ici que ce rapide constat malrucien, la référence oubliée me revient, je retourne lire le billet, et maintenant certain que c’est bien cette lecture-là qui m’avait évoqué Malraux, je peine à comprendre par quels méandres ma soi-disant pensée est passée et plus encore à expliquer quel lien s’est fait entre ce beau billet stalkérien sur Cendrars, Chessex et McCarthy et cette citation-là – en réalité, j’entrevois, mais vous donner ce cheminement de pensée-là me mènerait dans des sortes de fictions auxquelles, faute de temps, et de courage sans doute, je me refuse.

    Mais vous trouverez peut-être…

     

    Lazare, Malraux.jpg

     

    *

     

    Un mot encore, pour dire qu’il y a ces temps-ci une sorte de mode à dégueuler Malraux – je ne dis pas critiquer, ce qui serait tout à fait légitime, mais bien dégueuler – que je ne parviens à expliquer que par une sorte de jalousie métaphysique – et stylistique. Yann Moix, par exemple, qui est liftier (1) au Figaro et cinéaste à Radio Nostalgie s’est illustré dans cette mode, et l’on peut lire, dans un quelconque de ses ouvrages, quelques pages d’une bassesse presque infranchissable. Le sympathique Basile de Koch, qui est demoiselle d’honneur dans tout un tas de coteries mondaines, a livré aussi au tout début de Causeur un article assez  répugnant de facilités. Et au-delà, ou en-deçà – comme vous voudrez – de la jalousie métaphysique ou stylistique, il se peut aussi que Malraux, même « menteur », même amplifiant ou exagérant quelques faits, fabriquant en conscience sa légende, ait eu une vie d’homme passionnante, point exempte de bassesses sans doute mais pas dénuée non plus de grandeurs, croisant maintes fois l’Histoire, et que ceci soit insupportable aux amateurs de boîtes de nuit et autres cloportes germanopratins. (Même Houellebecq, pourtant le plus intéressant des romanciers français aujourd’hui, s’est livré, me souffle-t-on à l’instant, je ne sais pas où non plus, a un exercice de ce genre.)

     

    (1) C’est un garçon qui travaille dans les ascenseurs, à grands coups de renvois – qu’il écrit.

     

     

     

     

     

    *

     

    Lien : Sur La Route, de Cormac McCarthy

     

  • Après-coup

    D’aucuns ont bien dû rire, et se moquer des vieillards, dont l’un déjà était mort, en lisant le livre de Malraux sur De Gaulle, paru en 1971, intitulé Les Chênes qu’on abat. La conversation, rapportée, réécrite par Malraux, a lieu à Colombey-les-deux Eglises, en 1969, entre la démission du Général et son décès, donc.

     

    – Restent en place, dis-je, Mao, et dans une certaine mesure, Nasser.

    – Mao, oui. L’Islam, peut-être. L’Afrique, qui sait ?

     

    C’est un peu moins drôle quarante ans plus tard.

    Dans mon édition, de 1971, c’est page 198.

     

    Huit pages plus loin, De Gaulle, l’air de rien (j’isole la phrase exprès) :

     

    Il est étrange de vivre consciemment la fin d’une civilisation !

     

    La page d’après, le début d’une question de Malraux :

     

    Le problème le plus dramatique de l’Occident est-il celui de la jeunesse, ou celui de la démission de presque toutes les formes d’autorité ?

     

    Et, même page, un morceau isolé de la réponse de De Gaulle :

     

    Voyez-vous, il y a une chose qui ne peut pas durer : l’irresponsabilité de l’intelligence. Ou bien elle cessera, ou bien la civilisation occidentale cessera.

     

    Et tiens, pour faire bonne mesure, la dernière phrase du livre , page 236 (le texte des Chênes qu’on abat repris dans La Corde et les Souris, volume faisant suite aux Antimémoires, les deux livres formant Le Miroir des Limbes, a été prolongé par Malraux) :

     

    La nuit tombe – la nuit qui ne connaît pas l’Histoire.

     

    Malraux, Les Chênes....jpg