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Theatrum Mundi - Page 104

  • Hamlet ou Hécube, de Carl Schmitt (1)

    La reine Gertrud a épousé en secondes noces le frère de son mari, qui est aussi son meurtrier. Le prince Hamlet, fils du roi assassiné, averti du meurtre par le spectre même de son père, semble résolu à se venger mais ne cesse de différer sa vengeance – et de s’exhorter à l’action.

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  • Corruptions...

    D’autre part, s’il prend conseil de plusieurs, jamais il ne les trouvera d’un même accord, et lui, s’il n’est de très bon jugement, ne les pourra bien accorder ; de ses conseillers chacun pensera à son profit particulier et lui ne les pourra corriger ni connaître.

    Machiavel, Le Prince, XXIII, Comme l’on doit fuir les flatteurs

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  • Espérer

    C’est en voulant finir, et en prenant le temps de finir, que je m’aperçois que je ne fais que commencer.

    Il n’y a plus rien pourtant à espérer de ce pays ni de ce qui reste de sa langue.

    C’est bel et bien fini.

    La trouille a fini de tout ravager.

    Un ami auquel je m’ouvrais à mots couverts de cela que ce que j’écrivais n’était pas tout à fait pour rien dans ma désintégration professionnelle :

    – Pourquoi tu n’écrirais pas un roman ?

    – Ah, mais parce que c’est dégoûtant.

    Je venais pourtant d’essayer de lui expliquer la supériorité du théâtre sur les autres genres littéraires ; il m’a tout de même répondu commerce.

    Il n’y a plus rien à espérer et l’espérance croît pourtant.

    Peut-être est-ce un leurre ? Une illusion ? Une compensation psychique ? Un suicide ? Politique de l’autruche ? Ou de la terre brûlée ?...

     

    Il est très difficile d’espérer du passé.

    Et rien n’est plus nécessaire.

     

     

  • Après-coup

    D’aucuns ont bien dû rire, et se moquer des vieillards, dont l’un déjà était mort, en lisant le livre de Malraux sur De Gaulle, paru en 1971, intitulé Les Chênes qu’on abat. La conversation, rapportée, réécrite par Malraux, a lieu à Colombey-les-deux Eglises, en 1969, entre la démission du Général et son décès, donc.

     

    – Restent en place, dis-je, Mao, et dans une certaine mesure, Nasser.

    – Mao, oui. L’Islam, peut-être. L’Afrique, qui sait ?

     

    C’est un peu moins drôle quarante ans plus tard.

    Dans mon édition, de 1971, c’est page 198.

     

    Huit pages plus loin, De Gaulle, l’air de rien (j’isole la phrase exprès) :

     

    Il est étrange de vivre consciemment la fin d’une civilisation !

     

    La page d’après, le début d’une question de Malraux :

     

    Le problème le plus dramatique de l’Occident est-il celui de la jeunesse, ou celui de la démission de presque toutes les formes d’autorité ?

     

    Et, même page, un morceau isolé de la réponse de De Gaulle :

     

    Voyez-vous, il y a une chose qui ne peut pas durer : l’irresponsabilité de l’intelligence. Ou bien elle cessera, ou bien la civilisation occidentale cessera.

     

    Et tiens, pour faire bonne mesure, la dernière phrase du livre , page 236 (le texte des Chênes qu’on abat repris dans La Corde et les Souris, volume faisant suite aux Antimémoires, les deux livres formant Le Miroir des Limbes, a été prolongé par Malraux) :

     

    La nuit tombe – la nuit qui ne connaît pas l’Histoire.

     

    Malraux, Les Chênes....jpg