– Vous ne voyez donc pas, me dit le type accoudé au comptoir, que nous en sommes revenus aux sacrifices humains ? Et je ne parle pas des guerres, hein ; non, je parle d’ici, maintenant, en France et en temps de paix. Enfin, en temps de rien.
Il me sourit dans le miroir en trempant son croissant dans le café.
– Ouais, dis-je par une espèce de lâcheté matinale, on manque peut-être un peu de recul. C’est facile, comment dire ? d’anthropologiser dans le sens qui nous arrange.
– Parce que vous croyez vraiment que ça m’arrange.
D’un autre côté, il a l’air arrangé, le gars. C’est un fou.
Moi aussi, je peux faire de la poésie.
Si je veux, quand je veux.
Je fais qu’est-ce que je veux.
Mais ça m’emmerde.