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art

  • Sentences I

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    Question

    En fait, je m’imagine mal comment des gens qui, plus ou moins volontairement, se soumettent à l’ordre existant pourraient dire autre chose que ce que celui-ci attend.

     

    Arrêt

    Dans une époque aussi morose, aussi conne, faite d'ennui institué et de corruption revendiquée, réussir lui paraissait un sommet de vulgarité et de prostitution; pour autant il ne se laissait pas tout à fait descendre jusqu'aux bas-fonds de la société, parce qu'une idée ancienne de la dignité en même temps qu'une lâcheté de premier choix lui faisaient mépriser le crime – le crime et ses justifications intellectuelles pitoyables ; et c'est ainsi, de compromis médiocre en compromission inconnue, qu'il se maintenait à flots, comme il pouvait, péniblement, et se confondait tout entier à cette époque qu'il croyait détester, étant lui-même devenu morose, con, ennuyé, corrompu.

     

    Chaise

    Un homme debout, qui vocifère et gesticule, ignorant ainsi simplement chercher à se rassurer, en s'adressant à une assemblée de gens assis, passablement distraits, attendant seulement qu'il ait enfin bientôt fini, et qui ne lui obéiront à coup sûr que sous la contrainte ou, plus probable encore, le courage étant si déprécié, sous la simple menace de la contrainte, ne détient qu'un pouvoir fort médiocre, vivant de sentimentalisme et d'illusion, pouvoir qu'il sait extrêmement menacé par l'hystérie critique qu'il suscite chaque fois davantage dans son dos, qu'il pressent et devine et même qu'il s'exagère au point d'entrer de nouveau dans cette dimension panique qui lui fera de nouveau s'exciter en discours, ce qui ne le rassurera lui-même que de plus en plus brièvement et fera croître encore cette hystérie sourde qui, parvenue à son acmé, finira par le renverser : par l'exercice du droit si c'est possible, et dans le sang sinon (et c'est par tout cela qu'un tel forcené politique, inquiétant dans la réalité, dégage dans la fiction un aussi fort potentiel comique) ; l'homme simplement assis, calme et parlant doucement d'une voix assurée à un parterre de gens debout, ou même assis, attentifs et désireux d'obéir, non par veulerie mais parce que leur esprit critique, ayant délibéré, les a assurés du bien-fondé d'une telle obéissance, dispose d'une immense autorité, dont l'idéal serait qu'elle fût fondée sur une bienveillance absolument tacite (il est évident qu'une telle modélisation est parfaitement théorique, toujours trahie peut-être par cet inévitable tremblement du faux dans la voix ou les mains, n'a jamais eu sans doute de réalité autre que légendaire, indiquant en creux cela vers quoi il faudrait tendre et vers quoi tendent, avec plus ou moins de succès, les plus doués des hommes d'Etat) ; il arrive évidemment que le gueulard nervaillon s'essaie à de brefs moments à donner l'illusion du calme et de l'autorité, mais il est dans cette extravagante prétention constamment démenti par lui-même, et chacun dans l'assistance peut remarquer à quel point cet homme se contrefait, et caricature in fine cette autorité naturelle dont il avait été, naïvement peut-être, bêtement sans doute, perversement à coup sûr, tenté de donner l'illusion (et c'est par cela que l'imitation d'un tel comportement, par l'effet de distance que permet la représentation, peut produire un effet comique subtil, léger, bien moins outrancier que dans sa version vociférante, mais plus inquiétant aussi).

     

     

  • Nulle clameur, de Emilie Weiss

     

    C’est un dessin, un tableau… une « gribouille » comme dit Emilie… une de celles qu’elle poste souvent le matin, juste après les avoir faites très vite, sur le réseau Facebook, dans l’album « gribouilles au réveil » – et cette générosité, que l’époque trouve peut-être insensée, permet, avec d’autres choses tout de même, que cette réticulation planétaire ne sombre pas dans la pure et simple imbécillité.  

    Ce matin, 23 septembre 2013, c’était Nulle clameur 

    J’ai tout de suite aimé. Beaucoup. Je dirais : spontanément, avant même d’y penser, avant même d’avoir le temps d’y penser. C’était évident, j’étais chez moi dans cette gribouille, dans ce théâtre enfin vrai, doucement donné à voir dans sa violence même et ses cris tus – peut-être même y étais-je, où il n’y a personne.  

    En y pensant, après donc, je me suis dit que se trouvait là en effet, sur la feuille, sur cette feuille devenue virtuelle, saisissable à l’instant, d’un coup d’œil pour ainsi dire, immédiatement, une grande part, qu’un peu aventureusement je dirais métaphysique, de ce qui m’intéresse et que parfois je cherche à écrire, assez laborieusement. (Je crois que je ne vais pas m’expliquer ou gloser ici en long, en large et en travers ; vous regarderez ce Nulle clameur et vous verrez, comprendrez… ou pas.)  

    Et donc, j’ai simplement demandé à Emilie si je pouvais publier sa gribouille ici, c’est tout.

     

     

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    Support : feuille de papier machine.

    Matériaux : crayons de papier, craies grasses et sèches, mines graphites.

    Complément : réajustement d'intensités sur logiciel basique de graphisme.

     

     

     

     

    Emilie Weiss exposera le dimanche 6 octobre 2013, de 9h à 17 h, dans le parc naturel du Pilat (expo randonnée avec plusieurs exposants dans différents lieux), vernissage le samedi 5 octobre à 18 h à Sainte-Croix-en-Jarez (département de la Loire), magnifique village à 45 minutes de Lyon et Saint-Etienne.

     

     

     

    Rappel : On trouvera dans ce billet les dessins que la laisse XIII de mon Fatras avait inspirés à Emilie.