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Theatrum Mundi - Page 118

  • Du Jour des Morts comme point de départ...

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    De profundis clamavi ad te, Domine : Domine exaudi vocem meam.

     

    *

     

    Théâtre.

     

    La tragédie a basculé tout entière dans la comédie.

    Laquelle, considérablement surchargée, s’est effondrée sur elle-même.

    Restent ces ruines d’époques mêlées, qu’on industrie à tout va, pour personne, et que ça se vende ou pas.

     

    Alors ? Alors il y a ce qui, aujourd’hui, d’une façon ou d’une autre, est interdit :

    La farce aristophanienne, c’est-à-dire le pamphlet le plus violent.

    Le mystère médiéval, tout à réinventer.

    Deux choses peu solubles dans le cinéma, et tant mieux.

     

    J’appelle ça faire le point (au moins le mien).

    Whisky. Clope.

     

    *

     

    En guise de dessert, ce passage de Bloy, auquel ma note, étrangement, m’a fait songer :

     

    Laissez-moi donc tranquille ! criait-il à Clotilde, qui ne le tourmentait guère, pourtant, il n’y a que deux philosophies, si l’on tient absolument à ce mot ignoble : la spéculative chrétienne, c’est-à-dire la théologie du Pape, et la torcheculative. L’une pour le midi, l’autre pour le nord.

    Léon Bloy, La femme pauvre

     

     

     

     

     

     

  • Quantum of sollers

    Ulysse.jpg

     

    Imiter Joyce.

    Ce n’est pas une si mauvaise idée, après tout.

    Non pas l’imiter formellement, non pas l’imiter pour refaire du Joyce.

     

    1914-1921. Sept années pour écrire Ulysse.

    1922-1939. Dix-sept pour Finnegans Wake.

    Deux livres en vingt cinq ans. Mais lesquels.

     

    Imaginez qu’au bout de cinquante ans de « carrière », le quatrième roman de Philippe Sollers (par exemple, entre autres) vienne de sortir.

    Imaginez qu’en plus, il soit bon.

     

    On remettrait le Prix Goncourt tous les quinze ans ou vingt ans. On l’appellerait autrement, pour ne pas être ridicule.

     

    Evidemment, on ne fabriquerait pas des Joyce à la pelle pour autant. Mais on aurait un peu plus de bons romans et, du fait de la dissuasion, beaucoup moins de merdes nombriléennes.

     

    Au lieu de ça, on nous déverse chaque mois des tombereaux d’ineptie, et l’industrie délittéraire agence des carrières à des ahuris de troisième ordre… Pas à un oxymore près, les éditeurs, avec le pauvre cynisme de surface qui leur tient lieu d’esprit, parlent de « littérature jetable ». Alors quoi ? Il y a que les lecteurs de ces productions-là sont des éboueurs masochistes (ce sont eux qui paient pour évacuer les ordures et les stocker chez eux).

     

     

    Marilyn lisant Ulysse.jpg

     

     

     

    Rentrée littéraire 2008 sur Theatrum Mundi :

     

    1. Rentrée littéraire

    2. Rentrée littéraire (2), une tombe

    3. Rentrée littéraire (3), un peu de finesse

    4. Picouly, c’est la classe

     

     

     

     

  • Hollywood, Hugo, et les classiques français

    En ce qui concerne la France, l’impression d’échec est presque totale. Les pièces de Victor Hugo, de Vigny et des romantiques de moindre importance non seulement sont irrémédiablement vieillies, mais il s’en dégage un insidieux relent de décomposition. Pourquoi donc Hernani et Ruy Blas sont-ils si intolérables pour peu qu’on les considère sérieusement ? Victor Hugo avait un flair infini pour les choses du théâtre ; il était un versificateur habile, brillant ; il avait à sa disposition des acteurs qui semblent avoir compté parmi les meilleurs du théâtre moderne. Qu’est-ce donc qui fait de ses pièces un mélange de véhémence et de banalité ? La raison en est certainement que, dans ses pièces, le métier théâtral l’emporte si impitoyablement sur l’art dramatique. Tout y est effet extérieur et, invariablement, l’effet est beaucoup trop gros pour la cause.

    Une pièce comme Ruy Blas élève un édifice d’incidents, de passion, de rhétorique et de grands gestes sur les plus précaires fondations. Il n’y a pas un germe de motif intelligible ; les questions qui se posent sont, si nous pouvons arriver à les démêler, du plus mince intérêt. Ce que l’on trouve à profusion, ce sont les éléments spectaculaires du théâtre ; car Victor Hugo est un maître du spectacle. Les personnages surgissent des plis d’une cape volumineuse, ils tombent de la cheminée, ils tirent des rapières assassines à la moindre provocation, rugissent comme des lions et meurent en longues tirades. La machine à sensation est superbement montée. A la fin de chaque acte le rideau tombe comme un coup de tonnerre, nous laissant le souffle coupé par l’attente. Souvent les situations elles-mêmes sont d’une couleur inoubliable ; même si l’on a vu Hernani dans son enfance (et plus tard il est difficile de le supporter jusqu’au bout), on se rappelle le grand roulement de tambour des mots avec lesquels le héros révèle son identité dans la crypte d’Aix-la-Chapelle :

     

    Puisqu’il faut être grand pour mourir, je me lève.

    Dieu qui donne le sceptre et qui te le donna

    M’a fait duc de Segorbe et duc de Cardona

    Marquis de Monroy, comte Albatera, vicomte

    De Gor, seigneur de lieux dont j’ignore le compte.

    Je suis Jean d’Aragon, grand maître d’Avis, né

    Dans l’exil, fils proscrit d’un père assassiné

    Par sentence du tien, roi Carlos de Castille !

     

    Qui peut oublier l’entrée du personnage masqué au dernier acte de Ruy Blas ?

     

    RUY BLAS. – Cet homme, quel est-il ? Mais parle donc ! J’attends !

    L’HOMME MASQUE. – C’est moi !

    RUY BLAS. –                                     Grand Dieu !... Fuyez, madame ! Il n’est plus temps.

    DON SALLUSTE. – Madame de Neubourg n’est plus reine d’Espagne.

     

    Splendide à sa manière, mais complètement creux pour quiconque cherche à comprendre. Les formes dramatiques sont là, sans la substance. Les forces qui déclenchent l’action sont faites d’extravagant hasard et d’intrigue ténue. Il y a des conflits d’honneur abstrait ou de privilège dynastique (la note castillane, qui reparaît toujours), mais non pas de nets conflits de tempéraments ou d’opinions. Tout notre intérêt est sollicité par la manière dont les choses sont agencées, mais pas du tout par ce qu’elles signifient. Le cor fatal va-t-il retentir avant qu’Hernani puisse trouver le bonheur avec Doña Sol ? Ruy Blas va-t-il tuer son maître satanique à temps pour sauver la reine compromise ? Les conditions déterminantes ne sont pas la clairvoyance morale ou l’intelligence, mais les horloges près de sonner minuit, les portes verrouillées, les messagers galopant vers des échafauds. Même la forme verbale est théâtrale plutôt que dramatique. Les romantiques gardèrent l’alexandrin de leurs prédécesseurs et rivaux classiques ; mais ce qui avait été chez Racine forme dramatique est maintenant formalité de rhétorique. Chez Corneille et Racine, où le débat est serré et rapide, les deux alexandrins rimés constituent une unité naturelle ; la rime accentue ce que la pensée  a de catégorique ; et il y a peu de vers brisés. Dans les drames de Victor Hugo, le vers est sans cesse interrompu, éparpillé entre plusieurs personnages, ce qui rend le discours déclamatoire et artificiel ; la rime est amenée par un saut d’acrobate par-dessus un vide de logique ; elle n’a aucune nécessité réelle. Comme l’action, le dialogue est plein de grands gestes vides.

    Quand on permet au théâtral de dominer complètement le dramatique, on a le mélodrame. Et c’est bien ce que sont les tragédies romantiques françaises : des mélodrames à l’échelle du grandiose. Ayant répudié la notion classique de mal dans l’homme, Victor Hugo et ses contemporains remplacèrent le tragique par le contingent. Les événements sont causés par la fatalité d’une rencontre ou d’un affront de hasard ; ils ne traduisent aucun conflit humain naturel ; c’est pourquoi ce qu’ils provoquent en nous est un choc momentané, ce que les romantiques appelaient le « frisson », non pas la terreur durable de la tragédie. Et cette distinction entre l’horreur et la terreur tragique est à base de toute théorie sur le théâtre. La terreur, comme Joyce nous le rappelle, « est ce sentiment qui nous frappe devant tout ce qui est grave et toujours constant dans les souffrances humaines ». Il n’y a ni gravité ni constance dans les souffrances dépeintes sur la scène romantique – rien qu’une frénésie de cape et d’épée. La différence est celle qui existe entre le mélodrame et la tragédie.

     

    George Steiner, La mort de la tragédie (1961)

  • Picouly, c'est la classe

    Le niveau monte.jpg

    Peut-être vous souvenez-vous de cette émission de FR3, diffusée à 20 h entre 1987 et 1994, intitulée La Classe, véritable Comique Académie avant l’heure,  présentée par un (pré)nommé Fabrice, laquelle émission a gratifié notre beau pays d’une pleine génération de comiques pas drôles, dont à peine s’excipe un Bigard, apparemment chargé de faire consister dans la réalité même l’invention idéologique du « beauf » en lui servant de miroir et partant, d’influer jusque sur la façon dont parle le chef de l’Etat – lequel, ordinairement pas plus drôle que Dieudonné, peut en conséquence également prétendre au titre envié de comique.

    Quel rapport avec la rentrée littéraire (sic), me direz-vous ? Aucun, sinon qu’attrapant l’autre soir par l’internet l’émission intitulée Café Littéraire en date du 17 octobre 2008, sur France 2, j’ai tout de suite pensé à La Classe, émission que je n’aimais guère et que je ne regardais, en fin d’adolescence, que pour fuir la demi-heure de propagande n’importe-quoïste de prétendus journaux télévisés. La différence, toutefois, tient à cela que si La Classe, bourrée de comiques, m’arrachait parfois, à grand-peine, un sourire, l’émission Café littéraire de cet excellent Picouly m’a littéralement fait pleurer de rire, ce qui n’est tout de même pas si fréquent.

     

    Il faut dire que cet animateur de salle des fêtes avait su s’entourer d’une kyrielle de comiques involontaires assez performante.

    Un premier « salon », appelons ça comme ça, réunissait, outre un Picouly parfait dans son rôle de naïf prompt à s’émerveiller de n’importe quelle broutille imprimée, Michel Onfray et François Bégaudeau. Le premier, sûr de lui, teigneux, intolérant, ne doutant pas de ses effets ni de son talent – ce qui, déjà, est à se tordre –, vantant la prétendument érotique Shiva contre saint Paul, réduisant par de pompières outrances le christianisme à la seule mortification, balançant je ne sais combien de fois, pour désigner tout ce qu’il n’aime pas, le mot de catastrophe, et présentant son catastrophique Souci des plaisirs. Face à lui, excellent en roquet hystérique, vivante publicité pour la destruction de toute intelligence, frôlant le miracle en parvenant à donner chair à la vacuité même, cirant atrocement les pompes de son vis-à-vis avant de se retourner contre lui pour une affaire de basse police éditoriale, François Bégaudeau, venu vendre son Antimanuel de littérature, lequel n’est certainement rien d’autre qu’un prétentieux manuel d’anti-littérature, cet auteur étant à la littérature ce que Rocco Siffredi est au septième art. C’était beau, déjà.

    Mais Picouly, pas trop avare d’effets comiques voyants, fit alors entrer sur le plateau l’inénarrable Pierre Assouline, blogueur de son état, étrangement drapé d’une sorte de dignité sans doute taillée pour l’occasion, venu défendre son dernier livre en date, Brèves de blog, dans lequel, si j’ai bien compris, se trouvent quelques paroles peu amènes évoquant notre brave Bégaudeau. L’échange, entre Assouline (le critique sans critique) et Bégaudeau (le BHL nouveau est arrivé et nous en avons pris pour trente ans au bas mot), de morceaux disparates de phrases convenues concernant le point de savoir ce qu’est la critique littéraire, fut un grand moment d’anthologie. Le non-sens le disputait à l’odieux. C’était vraiment très drôle. Ne fallait-il pas, d’ailleurs, en termes de mise en scène, pour qu’Assouline parût digne, que Bégaudeau redoublât de bassesse, tâche dont il s’acquitta en surpassant quelque peu ses propres capacités, bassesse dont Assouline se vengea amphigouriquement en défendant l’ « érotique » Onfray sinon sur ces conceptions de la laïcité (ne nous mouillons pas), du moins sur les tempêtes bloguesques qu’elles déclenchaient dans un verre d’eau virtuel…

    La scène fut interrompue avant l’enlisement définitif par la décision de Picouly d’aller dans un autre salon interviouver un dénommé Grangé, grand vendeur de bouquins. La séquence fut décevante (à moins qu’il ne faille penser que Picouly sait ménager ses effets, alternant temps forts et temps faibles). Grangé, en effet, est un garçon tout ce qu’il y a de plus normal, et dépourvu, malgré les millions d’exemplaires de romans ratés que débite son éditeur, de toutes prétentions farfelues. Il ne prétend pas, en somme, faire autre chose que ce qu’il fait, id est des livres de divertissement. Il acheva de me décevoir, et perdit ainsi toute chance d’être promu à la haute dignité de comique, lorsque, mis par Picouly face à une critique pour le moins assassine de son dernier bouquin, il répondit simplement que, publiant des livres, il se savait exposé à la critique. Cette honnête sobriété d’artisan à l’ancienne est, je trouve, du plus mauvais aloi.

    Picouly revint au premier « salon », dans lequel l’attendait un duo de choc composé du vieil Ormesson et de la toujours improbable Josyane Savigneau. L’ex-terroriste en chef du Monde des livres (sic) me surprit par sa modestie rigoureusement calibrée, laquelle me sembla adoucir son visage que j’avais jusque là toujours trouvé quelque peu calviniste, en admettant être journaliste et non pas écrivain, ce qui est pour être exact n’en est pas moins navrant, tandis qu’Ormesson, en laissant entendre avec une fausse modestie éculée qu’il était, lui, écrivain et non pas journaliste, parachevait un mensonge plus vieux que Philippe Sollers (cette phrase finit étrangement, je sais).

    Il s’ensuivit (comme si c’était logique) la retransmission d’une interviou d’un Salman Rushdie enfin libéré de ses gardiens, revenant brièvement sur un islam jadis tolérant, et visant même le Nobel (double syndrome de Stockholm?). Montage étrange. Quelques phrases sur son dernier salmigondis romanesque – la globalisation version XVI° siècle, entre les luxurieux bordels musulmans d’Inde et ceux, à forte teneur homosexuelle, de Florence, si j’ai bien suivi –, suivies d’un long discours de soutien à Barack Obama dépeint en Sauveur (rien moins) de l’Amérique (« Obama, nous voilà, devant toi, le Sauveur d’ l’USA… » parodierais-je volontiers), lequel discours très original convaincra sans doute les 5% de Français inconscients prêts à voter McCain de changer de camp, afin que triomphe soviétiquement le premier, dans cette élection à laquelle ces mêmes Français ne prendront pas part (nous ne sommes pas aux USA, je le rappelle). Très amusant, aussi.

    Cette émission s’est achevée sur une interviou de Claire Castillon, écrivain dont je ne savais rien du tout et que ce formidable Picouly, sans doute pour m’éclairer, a présenté comme ayant eu une liaison avec PPDA – ce qui, peut-être, la situe dans le « paysage littéraire ». La critique de son bouquin, dont le titre m’échappe, fut abandonnée à un écran d’ordinateur, dans lequel trônait une journaliste de chez Marianne, Anna Topaloff, manifestement chargée de valoriser ledit bouquin en en proposant une critique d’une imbécillité crasse certes, mais aussi d’une vulgarité sans frein.

    Fin de l’émission. Rien de littéraire là-dedans, mais quelle rigolade !

     

    Conclusion (que me souffle à l’instant ma Kamarade Roselyne Bachelor du ministère de l’Hygiène physique et mentale :)

    PICOULY NUIT GRAVEMENT A LA LITTERATURE.

    Ce qui n’a aucune espèce d’importance, puisqu’il n’y en a plus.

     

  • Génie de Molière (en passant)

    (…)

    DOM JUAN. – Tu te moques : un homme qui prie le Ciel tout le jour ne peut pas manquer d’être bien dans ses affaires.

    LE PAUVRE. – Je vous assure, Monsieur, que le plus souvent je n’ai pas un morceau de pain à me mettre sous les dents.

    DOM JUAN. – Voilà qui est étrange, et tu es bien mal reconnu de tes soins. Ah, ah ! je m’en vais te donner un louis d’or tout à l’heure, pourvu que tu veuilles jurer.

    LE PAUVRE. – Ah, Monsieur, voudriez-vous que je commisse un tel péché ?

    DOM JUAN. – Tu n’as qu’à voir su tu veux gagner un louis d’or ou non. En voici un que je te donne, si tu jures ; tiens, il faut jurer.

    LE PAUVRE. – Monsieur !

    DOM JUAN. – A moins de cela, tu ne l’auras pas.

    SGANARELLE. – Va, va, jure un peu, il n’y a pas de mal.

    DOM JUAN. – Prends, le voilà ; prends, te dis-je, mais jure donc.

    LE PAUVRE. – Non, monsieur, j’aime mieux mourir de faim.

    DOM JUAN. – Va, va, je te le donne pour l’amour de l’humanité. (…)

     

    Molière, Dom Juan, acte III, scène 2.

     

    Molière à 35 ans, par Roland Lefèbvre.jpg

     

    Pas moins que les fustigations complémentaires des femmes savantes, ou encore des précieuses ridicules, et de ce cochon d’Arnolphe, la scène où Dom Juan ordonne au mendiant de jurer aurait dû suffire à faire comprendre, après qu’il avait moqué Tartuffe et qu’il aura moqué Alceste, que Molière, loin de chercher à insulter vraiment qui que ce soit, loin aussi de s’engouffrer dans un quelconque parti, tenait simplement, ainsi que René Girard le dit de la Passion du Christ controversée de Mel Gibson (1), « la tendance héroïque à mettre la vérité au-dessus même de l’ordre social », vérité qui, même sans mentir, tant la question de la sincérité est une bulle de néant, ne peut pas être dite – le principe conflictuel propre au théâtre laissant seulement s’exprimer, dans la dimension même du dialogue, tout ce qui précisément n’est pas elle ; toutes choses que ne contredit pas, bien au contraire, la remarque fameuse de La Flèche, adressée sans doute à la totalité dans la suite des temps des avares dans l’ordre de l’esprit : « Qui se sent morveux, qu’il se mouche. »

    On s’est beaucoup mouché, en effet, dans les « papiers » (2) de Monsieur de Molière ; c’est sa gloire – notons que seules l’instrumentalisation et l’incompréhension, en dépit qu’on en ait, lui assurent aujourd’hui encore sa grande renommée. 

     

     

    (1) J’ai trouvé très amusant, dans un billet d'exactement deux phrases sur Molière, de glisser en surplus de celui de Girard le nom de Mel Gibson.

    (2) On ne dispose d’aucune ligne autographe de Molière. Certaines personnes sérieuses imputent à Corneille la paternité des quatorze pièces en vers et de deux en prose (Dom Juan et L’Avare). L’hypothèse, vraie ou pas, est de toute façon intéressante ; et pour qui s’intéresse aux œuvres plus qu’aux biographies, elle suppose autant que l’inverse que Molière ait écrit tout Corneille ; et invite au moins à les relire ensemble.