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Theatrum Mundi - Page 119

  • Rentrée littéraire (3), un peu de finesse

     

     

     

     

     

    Un jeune homme rend visite au vénérable rabbin de Kovno et se présente comme un libre-penseur.

    – Avez-vous étudié la Bible avec attention ?

    – Non, répond le libre-penseur.

    – Avez-vous étudié la philosophie juive ?

    – Non, Rabbi.

    – Alors, dit le rabbin, vous naviguez sous un faux pavillon. Vous n’êtes pas un libre-penseur mais un ignorant.

     

    H. R. Rabinowitz, Kosher Humor

     

    Kosher Humor.jpg

     

    Trouvé par hasard, perdu aux étals de la rentrée littéraire, ce petit livre publié chez Allia. Dans sa brève préface de 1977 (Jerusalem 15 Shvat 5737), l’auteur explique son titre par le fait que ces histoires, ces blagues sont authentiquement juives. Mais surtout :

    « Le choix du titre, Kosher Humor, est judicieux. Le mot kosher (cacher) apparaît une fois seulement dans la Bible, mais est fréquemment mentionné dans le Talmud. Dans son acception biblique, il signifie correct, convenable, comme dans le livre d’Esther (8 :5). Il est utilisé ici dans ce sens. Toutes les histoires rapportées sont correctes, propres, sans aucune allusion à quelque chose de vulgaire. Elles conviennent aux grands-parents comme aux petits-enfants. »

    Voilà qui se démarque fortement du restant de la production normative de cette atroce rentrée littéraire nombrilo-transgressive.

    Pour être drôle et rester convenable, il faut être très fin.

     

    La finesse, vertu oubliée ?

     

     

  • Apprendre à bien siffler la Marseillaise

    Alain Potent, du journal l’e-monde, pigiste également à l’Œuf Igaro, interviouve pour nous François Bigoudi, déséducateur de français à la Déséducation Dénationale (initiales DD) et star du porno (Entre les nuls, palme d’or au festival de cannes), sur le sifflement de la Marseillaise…

     

    ALAIN POTENT. – François Bigoudi, bonjour. Vous pensez quoi que les djeunes ils ont sifflé la Marseillaise au match de foot France-Tunisie ?

    FRANCOIS BIGOUDI. – Je vous ai eu comme élève, non, Alain Potent ?

    ALAIN POTENT. – Vous vous souvenez donc de moi ? Venant d’une star du cinéma français, ça me flatte le légo.

    FRANCOIS BIGOUDI. – Je vous ai reconnu à ta façon de manipuler et destroyer la gangue française. Bien. Qu’est-ce que je pense quoi du fait que les djeunes ils ont sifflé la Marseille. Que je dirais volontiers qu’il n’y a pas d’effet sans cause, toujours. Et que donc on se gourre sur le motivement d’un tel geste héroïnomane. Les gens qui sont des cons croient que les djeunes ont voulu cracher sur du le symbolique, ce qui ne serait pas un mal en soi vu que le du le symbolique en soi, comme chacun sait, c’est de la merde en barre qu’il faut chier dessus. Bien. Mais même que ça serait, qu’on se gourre quand même. Il n’y a pas d’effet sans cause toujours. Bien. Donc, quoi que je voulais dire ?

    ALAIN POTENT. – Je n’en sais pas plus que vous. Mais ça ne doit pas vous empêcher d’en parler.

    FRANCOIS BIGOUDI. – S’exprimer est le moyen et la fin de toute éducation, bien sûr. Je vais me sexprimer. Donc. En effet, ce qu’il faut bien que nos pipolitiques comprendent, c’est que les djeunes qui sont embrigadés par la République ont voulu siffler la Marseillaise, non pas pour qu’elle soye détruite après, ce qui aurait tété un moindre mal, non, ils ont voulu siffler l’air de la Marseillaise, et comme il n’y a pas assez de formation musicoole dans les écoles, et qu’ils ne savent pas siffler de la mélodie, eh bien voilà, ça a donné du sifflement n’importe naouac. Vous me suivez ? Mais si qu’on va plus loin, et qu’on va plus loin moi personnellement, je te dirai, Alain Potent, que c’est leur ninconscient à ces djeunes qui s’est sexprimé dans cette destroyation inviolontaire de la Marseillaise.

    ALAIN POTENT. – Donc, d’après vous, qu’est-ce qu’il faut, c’est plus de cours de formation musicoole dans les écoles de la République ?

    FRANCOIS BIGOUDI. – C’est tout à fait ça exactement. J’espère d’ailleurs que Xav Darkos, mon ministre de turlute, va nous dégager des crédits pour bien qu’on apprende aux djeunes comment qu’on slame la Marseillaise. Peut-être même qu’on aura des programmes internet interactif sous forme de jeux videos pour qu’on apprende aux djeunes à e-slamer la Marseillaise, même. Que ça coûterait moins cher si qu’on veut pas embaucher plus de déséducateurs dans la Déséducation Dénationale…

    ALAIN POTENT. – Avant d’en finir, une dernière question. Les propos scandaleux de Bernard Lafenêtre, menestrel des sports à djeunkis qui perdent, vous en pensez quoi donc ? Lui qui a dit qu’il ne fallait plus faire les matchs en Ile de France, mais en Province ou à l’étranger ?

    FRANCOIS BIGOUDI. – C’est con comme ça, et scandaliseux bien sûr. Mais il faut entendre là aussi la sexpression de son ninconscient. Sans le faire exprès, Lafenêtre a admisé que la République ne tenait plus vraiment l’Ile de France et ça, c’est putainement positif. Je pense que l’Ile de France devrait demander à l’ONU qui est là que pour ça la reconnaissance de sa nautonomie. Comme le Kosovo. Qu’on pourrait appeler ça d’ailleurs, la Kosovile de Rien. Le progrès est en marche et pas besoin de pétrole en plus, vu qu’on roule à la merde. C’est bon pour l’environnement.

  • Dernière didascalie avant plus rien

    Union7.2.PNG

     

    Peut-être cela revient-il, sans trop de scrupules et bien  légèrement en vérité, à tirer la dernière cartouche d’un « sacré » lui-même bon pour le rebut, mais un clairon et une sonnerie aux morts tout ce qu’il y a de plus solennels pourraient tenter de baisser un peu le son du public…

     

    Didascalie ouvrant la saynète Become clever / Restez cons (1), sous-titrée : Pochade / Christmas tale, laquelle constitue le dernier volet de Tout faut (2).

     

     

     

     

     

    (1) Lecture « mise en espace » de cette saynète à Reims, au Centre Culturel Saint-Exupéry, à 21 h 30, le samedi 18 octobre 2008. Avec Lucie Boscher, Loïc Brabant, Fabien Joubert, la voix d’Elena Lloria Abascal ; et la bande-son de Damien Roche.

    (2) Vous trouverez dans la colonne à droite, sur ce blog, un certain nombre de liens vers des extraits de Tout faut.

     

  • Rentrée littéraire (2), une tombe

    Tombe de Bossuet.jpg

    Le dix-septième siècle français, classique et baroque, s’éloigne lentement de nous. Molière et La Fontaine nous sont un peu plus proches, pour de mauvaises raisons peut-être, que Racine, ou pire : Corneille, ou pire encore : Bossuet. Attardons-nous quelques secondes sur ce dernier.

    Sa langue, plus accessible en apparence que l’alexandrin, est tout de même trop haute, sa parole trop irréductiblement chrétienne ; nous ne lisons déjà plus Bossuet. Si par extraordinaire vous ne me croyiez pas vraiment, ou trouviez que j’exagère, cherchez donc une édition récente des Œuvres Complètes du plus grand prosateur français : c’est bien simple, il n’y en a pas.

    Mais le dix-septième siècle français n’est pourtant pas sorti comme ça, par magie, tout armé, de la cuisse d’un Jupiter quelconque. Et le fait est que si nous ne lisons pas Bossuet, nous ne lisons pas davantage les excellents auteurs que Bossuet avait lus.

    Rendez vous donc dans la cathédrale Saint-Etienne de Maux, sur la tombe de Jacques-Bénigne Bossuet, vous y pourrez lire, gravée dans le marbre – stricto sensu –, une bibliographie succincte.

    Tel fut, apparemment, le vœu du défunt.

     

    A gauche :

    EXPOSITION            Athanasius

                                       Greg. Nazian

     

    Au centre :

    BIBLIA SACRA         Sanctum J.C. Evangilium

     

    A droite :

    VARIATIONS            Augustinus

                                       Hieronymus

     

    De part et d’autre de l’Evangile, en somme : Saint Athanase d’Alexandrie et saint Grégoire de Nazianze ; saint Augustin et saint Jérôme.

    L’Orient et l’Occident.

     

    – Merde, des saints…

    Conclut, peut-être, tel lecteur atterré.

     

    Bossuet et ses saints.JPG

     

    Notons toutefois que les œuvres de ses saints-là, pour la plupart, sont éditées ; on les peut trouver dans la collection « Sources chrétiennes » des éditions du Cerf, aux Belles Lettres (pour les poèmes de saint Grégoire de Nazianze), en livre de poche ou en Pléiade pour saint Augustin…

     

     

     

     

    Trouvée sur Wikimédia, la photographie est signée Vassil. Cliquez dessus pour l'agrandir.

  • Hé ! Lectre !

    Un ami me raconte :

    – Donc, j’appelle le théâtre. La fille des relations publiques, qui bosse là depuis cinq ans, a besoin du titre de la pièce que je monte avec un groupe d’enfants. Je lui dis : « C’est Electre, de Sophocle. » Elle me répond : « Tu peux épeler ? » Je lui épelle tranquillement : « H-é ! plus loin Lectre ! de Sophocle… » Elle ne réagit pas du tout : elle est en train de noter. Du coup, j’arrête de déconner, et j’épelle correctement. Après, elle me dit : « Et comment je peux présenter ça aux gens ? C’est drôle, comme truc ? »

     

     

     

    L'abus de Bégaudeau nuit. Gravement.