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bégaudeau

  • A quoi sert la critique ? Au Théâtre du Rond-Point

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    Au risque de surprendre mes très fidèles lecteurs, je vais vous avouer quelque chose : j’aime bien Jean-Michel Ribes, actuel patron du Théâtre du Rond-Point, quelque part aux bien nommés Champs-Elysées, à Parmerde. Oui. Et il y a à cela plusieurs excellentes raisons. La première est que je ne le connais pas personnellement. Les seconde et troisième, que je n’ai jamais rien lu ni vu de lui – du moins que je sache. Si donc je puis dire bien aimer Jean-Michel Ribes, c’est essentiellement parce que, vouant à l’humanité en général une espèce de scepticisme parfaitement justifié (et tant pis si « vouer un scepticisme » n’est pas une expression très sensée), je m’astreins, en manière sans doute de compensation, à préjuger toujours favorablement de tout individu dont je ne sais rien, sauf son nom. Bref, si j’aime Jean-Michel Ribes, c’est parce que je ne le connais pas, ni ne sais rien de lui – me refusant à croire, par principe, ce qu’en-dira-t-on que notre époque technoconne a modernisé, c’est-à-dire institué, en mise en réseau ou réticulation, et qui lui doit servir rien moins que d’alpha et d’oméga, amen.

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  • Picouly, c'est la classe

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    Peut-être vous souvenez-vous de cette émission de FR3, diffusée à 20 h entre 1987 et 1994, intitulée La Classe, véritable Comique Académie avant l’heure,  présentée par un (pré)nommé Fabrice, laquelle émission a gratifié notre beau pays d’une pleine génération de comiques pas drôles, dont à peine s’excipe un Bigard, apparemment chargé de faire consister dans la réalité même l’invention idéologique du « beauf » en lui servant de miroir et partant, d’influer jusque sur la façon dont parle le chef de l’Etat – lequel, ordinairement pas plus drôle que Dieudonné, peut en conséquence également prétendre au titre envié de comique.

    Quel rapport avec la rentrée littéraire (sic), me direz-vous ? Aucun, sinon qu’attrapant l’autre soir par l’internet l’émission intitulée Café Littéraire en date du 17 octobre 2008, sur France 2, j’ai tout de suite pensé à La Classe, émission que je n’aimais guère et que je ne regardais, en fin d’adolescence, que pour fuir la demi-heure de propagande n’importe-quoïste de prétendus journaux télévisés. La différence, toutefois, tient à cela que si La Classe, bourrée de comiques, m’arrachait parfois, à grand-peine, un sourire, l’émission Café littéraire de cet excellent Picouly m’a littéralement fait pleurer de rire, ce qui n’est tout de même pas si fréquent.

     

    Il faut dire que cet animateur de salle des fêtes avait su s’entourer d’une kyrielle de comiques involontaires assez performante.

    Un premier « salon », appelons ça comme ça, réunissait, outre un Picouly parfait dans son rôle de naïf prompt à s’émerveiller de n’importe quelle broutille imprimée, Michel Onfray et François Bégaudeau. Le premier, sûr de lui, teigneux, intolérant, ne doutant pas de ses effets ni de son talent – ce qui, déjà, est à se tordre –, vantant la prétendument érotique Shiva contre saint Paul, réduisant par de pompières outrances le christianisme à la seule mortification, balançant je ne sais combien de fois, pour désigner tout ce qu’il n’aime pas, le mot de catastrophe, et présentant son catastrophique Souci des plaisirs. Face à lui, excellent en roquet hystérique, vivante publicité pour la destruction de toute intelligence, frôlant le miracle en parvenant à donner chair à la vacuité même, cirant atrocement les pompes de son vis-à-vis avant de se retourner contre lui pour une affaire de basse police éditoriale, François Bégaudeau, venu vendre son Antimanuel de littérature, lequel n’est certainement rien d’autre qu’un prétentieux manuel d’anti-littérature, cet auteur étant à la littérature ce que Rocco Siffredi est au septième art. C’était beau, déjà.

    Mais Picouly, pas trop avare d’effets comiques voyants, fit alors entrer sur le plateau l’inénarrable Pierre Assouline, blogueur de son état, étrangement drapé d’une sorte de dignité sans doute taillée pour l’occasion, venu défendre son dernier livre en date, Brèves de blog, dans lequel, si j’ai bien compris, se trouvent quelques paroles peu amènes évoquant notre brave Bégaudeau. L’échange, entre Assouline (le critique sans critique) et Bégaudeau (le BHL nouveau est arrivé et nous en avons pris pour trente ans au bas mot), de morceaux disparates de phrases convenues concernant le point de savoir ce qu’est la critique littéraire, fut un grand moment d’anthologie. Le non-sens le disputait à l’odieux. C’était vraiment très drôle. Ne fallait-il pas, d’ailleurs, en termes de mise en scène, pour qu’Assouline parût digne, que Bégaudeau redoublât de bassesse, tâche dont il s’acquitta en surpassant quelque peu ses propres capacités, bassesse dont Assouline se vengea amphigouriquement en défendant l’ « érotique » Onfray sinon sur ces conceptions de la laïcité (ne nous mouillons pas), du moins sur les tempêtes bloguesques qu’elles déclenchaient dans un verre d’eau virtuel…

    La scène fut interrompue avant l’enlisement définitif par la décision de Picouly d’aller dans un autre salon interviouver un dénommé Grangé, grand vendeur de bouquins. La séquence fut décevante (à moins qu’il ne faille penser que Picouly sait ménager ses effets, alternant temps forts et temps faibles). Grangé, en effet, est un garçon tout ce qu’il y a de plus normal, et dépourvu, malgré les millions d’exemplaires de romans ratés que débite son éditeur, de toutes prétentions farfelues. Il ne prétend pas, en somme, faire autre chose que ce qu’il fait, id est des livres de divertissement. Il acheva de me décevoir, et perdit ainsi toute chance d’être promu à la haute dignité de comique, lorsque, mis par Picouly face à une critique pour le moins assassine de son dernier bouquin, il répondit simplement que, publiant des livres, il se savait exposé à la critique. Cette honnête sobriété d’artisan à l’ancienne est, je trouve, du plus mauvais aloi.

    Picouly revint au premier « salon », dans lequel l’attendait un duo de choc composé du vieil Ormesson et de la toujours improbable Josyane Savigneau. L’ex-terroriste en chef du Monde des livres (sic) me surprit par sa modestie rigoureusement calibrée, laquelle me sembla adoucir son visage que j’avais jusque là toujours trouvé quelque peu calviniste, en admettant être journaliste et non pas écrivain, ce qui est pour être exact n’en est pas moins navrant, tandis qu’Ormesson, en laissant entendre avec une fausse modestie éculée qu’il était, lui, écrivain et non pas journaliste, parachevait un mensonge plus vieux que Philippe Sollers (cette phrase finit étrangement, je sais).

    Il s’ensuivit (comme si c’était logique) la retransmission d’une interviou d’un Salman Rushdie enfin libéré de ses gardiens, revenant brièvement sur un islam jadis tolérant, et visant même le Nobel (double syndrome de Stockholm?). Montage étrange. Quelques phrases sur son dernier salmigondis romanesque – la globalisation version XVI° siècle, entre les luxurieux bordels musulmans d’Inde et ceux, à forte teneur homosexuelle, de Florence, si j’ai bien suivi –, suivies d’un long discours de soutien à Barack Obama dépeint en Sauveur (rien moins) de l’Amérique (« Obama, nous voilà, devant toi, le Sauveur d’ l’USA… » parodierais-je volontiers), lequel discours très original convaincra sans doute les 5% de Français inconscients prêts à voter McCain de changer de camp, afin que triomphe soviétiquement le premier, dans cette élection à laquelle ces mêmes Français ne prendront pas part (nous ne sommes pas aux USA, je le rappelle). Très amusant, aussi.

    Cette émission s’est achevée sur une interviou de Claire Castillon, écrivain dont je ne savais rien du tout et que ce formidable Picouly, sans doute pour m’éclairer, a présenté comme ayant eu une liaison avec PPDA – ce qui, peut-être, la situe dans le « paysage littéraire ». La critique de son bouquin, dont le titre m’échappe, fut abandonnée à un écran d’ordinateur, dans lequel trônait une journaliste de chez Marianne, Anna Topaloff, manifestement chargée de valoriser ledit bouquin en en proposant une critique d’une imbécillité crasse certes, mais aussi d’une vulgarité sans frein.

    Fin de l’émission. Rien de littéraire là-dedans, mais quelle rigolade !

     

    Conclusion (que me souffle à l’instant ma Kamarade Roselyne Bachelor du ministère de l’Hygiène physique et mentale :)

    PICOULY NUIT GRAVEMENT A LA LITTERATURE.

    Ce qui n’a aucune espèce d’importance, puisqu’il n’y en a plus.

     

  • Apprendre à bien siffler la Marseillaise

    Alain Potent, du journal l’e-monde, pigiste également à l’Œuf Igaro, interviouve pour nous François Bigoudi, déséducateur de français à la Déséducation Dénationale (initiales DD) et star du porno (Entre les nuls, palme d’or au festival de cannes), sur le sifflement de la Marseillaise…

     

    ALAIN POTENT. – François Bigoudi, bonjour. Vous pensez quoi que les djeunes ils ont sifflé la Marseillaise au match de foot France-Tunisie ?

    FRANCOIS BIGOUDI. – Je vous ai eu comme élève, non, Alain Potent ?

    ALAIN POTENT. – Vous vous souvenez donc de moi ? Venant d’une star du cinéma français, ça me flatte le légo.

    FRANCOIS BIGOUDI. – Je vous ai reconnu à ta façon de manipuler et destroyer la gangue française. Bien. Qu’est-ce que je pense quoi du fait que les djeunes ils ont sifflé la Marseille. Que je dirais volontiers qu’il n’y a pas d’effet sans cause, toujours. Et que donc on se gourre sur le motivement d’un tel geste héroïnomane. Les gens qui sont des cons croient que les djeunes ont voulu cracher sur du le symbolique, ce qui ne serait pas un mal en soi vu que le du le symbolique en soi, comme chacun sait, c’est de la merde en barre qu’il faut chier dessus. Bien. Mais même que ça serait, qu’on se gourre quand même. Il n’y a pas d’effet sans cause toujours. Bien. Donc, quoi que je voulais dire ?

    ALAIN POTENT. – Je n’en sais pas plus que vous. Mais ça ne doit pas vous empêcher d’en parler.

    FRANCOIS BIGOUDI. – S’exprimer est le moyen et la fin de toute éducation, bien sûr. Je vais me sexprimer. Donc. En effet, ce qu’il faut bien que nos pipolitiques comprendent, c’est que les djeunes qui sont embrigadés par la République ont voulu siffler la Marseillaise, non pas pour qu’elle soye détruite après, ce qui aurait tété un moindre mal, non, ils ont voulu siffler l’air de la Marseillaise, et comme il n’y a pas assez de formation musicoole dans les écoles, et qu’ils ne savent pas siffler de la mélodie, eh bien voilà, ça a donné du sifflement n’importe naouac. Vous me suivez ? Mais si qu’on va plus loin, et qu’on va plus loin moi personnellement, je te dirai, Alain Potent, que c’est leur ninconscient à ces djeunes qui s’est sexprimé dans cette destroyation inviolontaire de la Marseillaise.

    ALAIN POTENT. – Donc, d’après vous, qu’est-ce qu’il faut, c’est plus de cours de formation musicoole dans les écoles de la République ?

    FRANCOIS BIGOUDI. – C’est tout à fait ça exactement. J’espère d’ailleurs que Xav Darkos, mon ministre de turlute, va nous dégager des crédits pour bien qu’on apprende aux djeunes comment qu’on slame la Marseillaise. Peut-être même qu’on aura des programmes internet interactif sous forme de jeux videos pour qu’on apprende aux djeunes à e-slamer la Marseillaise, même. Que ça coûterait moins cher si qu’on veut pas embaucher plus de déséducateurs dans la Déséducation Dénationale…

    ALAIN POTENT. – Avant d’en finir, une dernière question. Les propos scandaleux de Bernard Lafenêtre, menestrel des sports à djeunkis qui perdent, vous en pensez quoi donc ? Lui qui a dit qu’il ne fallait plus faire les matchs en Ile de France, mais en Province ou à l’étranger ?

    FRANCOIS BIGOUDI. – C’est con comme ça, et scandaliseux bien sûr. Mais il faut entendre là aussi la sexpression de son ninconscient. Sans le faire exprès, Lafenêtre a admisé que la République ne tenait plus vraiment l’Ile de France et ça, c’est putainement positif. Je pense que l’Ile de France devrait demander à l’ONU qui est là que pour ça la reconnaissance de sa nautonomie. Comme le Kosovo. Qu’on pourrait appeler ça d’ailleurs, la Kosovile de Rien. Le progrès est en marche et pas besoin de pétrole en plus, vu qu’on roule à la merde. C’est bon pour l’environnement.

  • Hé ! Lectre !

    Un ami me raconte :

    – Donc, j’appelle le théâtre. La fille des relations publiques, qui bosse là depuis cinq ans, a besoin du titre de la pièce que je monte avec un groupe d’enfants. Je lui dis : « C’est Electre, de Sophocle. » Elle me répond : « Tu peux épeler ? » Je lui épelle tranquillement : « H-é ! plus loin Lectre ! de Sophocle… » Elle ne réagit pas du tout : elle est en train de noter. Du coup, j’arrête de déconner, et j’épelle correctement. Après, elle me dit : « Et comment je peux présenter ça aux gens ? C’est drôle, comme truc ? »

     

     

     

    L'abus de Bégaudeau nuit. Gravement.