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Choses vues, ouïes, dites - Page 16

  • Couple

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    (J’ai fait moi-même cette photo. Et croyez-moi, avec la webcam de l’ordinateur portable, c’est pas pratique… Je mets donc en vente l’original, qui n’existe pas, 650000 euros, voire plus si affinités. On est artiste ou on est artiste – et on ne l’est pas. Bonne année et toute cette sorte de choses.)

  • Travails

    Position politique 

     

     

     

     

     

     

     

    J’écris une pièce, presque une commande, jugulaire jugulaire, le premier acte est fini, les personnages tiennent leurs points cardinaux, tout est en place pour la tragédie et elle ne viendra pas, c’est ça qui est drôle et ça ne l’est pas, on est dans le système français où toutes les données sont connues dès le départ, tout est prêt à filer au tragique comme une armée en marche et il faut maintenant que ça s’envase et s’embourbe avant même le premier coup de feu, que la tragédie ce soit qu’il n’y en a pas mais alors pas, pour l’heure le premier acte est fini, plus que trois à faire, le dialogue de phrases brèves est serré à fond, digression nulle, j’aimerais qu’il visse le ventre, je ne sais pas si c’est du bon théâtre mais en tout ce n’est pas autre chose que du théâtre, j’aimerais qu’il flotte là une puissance lourde de silence, qu’on regrette de n’avoir pas le secours de la musique, tantôt légère et aérienne tantôt basse profonde à la russe, mais toujours lente et étirant le temps, rituel liturgique, liturgie je le rappelle en passant veut dire service public, et je me dis tout cela et je rigole, c’est complètement invendable je le réalise d’un coup et du coup justement je ne rigole plus, non mais quelle bande circumterrestre d’ignorants crasseux fiers sous leur mammon en merde, et je rigole quand même, et je me dis que si ça commence à être vraiment du vrai théâtre ce que j’écris, il va falloir que je me trouve assez vite un autre job…

    Allez, j’y retourne.

  • Reconnaissance

    Il y a quinze ans. Il est une heure du matin dans le bar du théâtre, peut-être deux. Elle a quarante ans environ, soyons galant, elle est une actrice très connue dans le milieu, elle est ici en tournée, je ne suis rien. Elle parle à un autre homme, coule vers moi des regards appuyés. J’essaie de faire durer ma bière, je suis fauché. Elle remet une tournée. La conversation reprend entre eux deux, politique, pognon, théâtre, je fume en silence les clopes de l’autre. Lequel, plus malin que moi, bientôt nous quitte. Je serais volontiers parti avec lui car il a une auto, mais je n’ai pas fini ma nouvelle bière. Je ne sais pas quoi lui dire, à cette femme. Le silence, heureusement, ne dure pas. Elle allonge son bras sur la table, pose sa main avec bracelet sur la mienne. – Tu veux passer à mon hôtel ? Je la regarde, ne sais d’abord que dire, puis pose mon autre main sur la sienne et souffle : – Vous savez, je n’aime pas assez le pouvoir… Et je me lève. Et je sors. Et une fois dehors, je rigole. Mais je rigole. – Mes gages, mes gages, mes gages ! glapit à la fin Sganarelle. Je ne lui eusse pas même été Elvire, à cette brave femme. Plutôt Charlotte ou Mathurine. Ce qui, notez-le, n’est, pas davantage mon genre. Le lendemain soir, j’ai cru qu’elle me faisait la gueule ; mais aujourd’hui, je crois plutôt qu’elle ne me reconnaissait vraiment pas. Pas pris, pas vu. Le surlendemain, mon camarade Z, la mine décavée, me remercia. Il devait obtenir, quelques mois plus tard, je ne sais quel petit rôle sans intérêt dans un pièce du même tonneau et subir sans regimber, dans le temps des répétitions, bien des humiliations. Il aurait bien mieux fait d’aller aux putes. Et de lâcher quelques biftons.

     

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    Nota: La couverture de ce Folio est immonde.