tartuffe
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D'amour et de néant
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The Tartuffe reloaded
Quel qu’il soit finalement, ce texte fait suite, d’une façon ou d’une autre, à :
Quand je me suis levé, tu dormais. J’ai regardé ton visage dans la pénombre ; l’enfance et la mort s’y lisaient tout ensemble. Souffle ténu de ta respiration. En me rasant, dans la salle de bain, j’ai eu l’impression de faire une chose civilisée. Peut-être la seule au fond que je ferai ce jour. Face au miroir. Je suis repassé dans la chambre. Prendre une chemise. Au lieu de sortir, je me suis assis au bord du lit et j’ai passé ma main dans tes cheveux. Tu as murmuré quelque chose, mais je n’ai pas compris et n’ai rien répondu. Quand j’ai fermé la porte de l’appartement, ton réveil s’est mis à sonner. Dans la rue, en direction du café, la première cigarette aux lèvres sous le crachin qui tombait, je me suis amusé de fredonner « comme d’habitude ».
Je ne devrais vraiment pas donner à lire un tel texte, qui n’est ni vraiment fini ni vraiment commencé. Sans compter que ce qu’il dit me déplaît fortement, y compris sa mauvaise évocation de Bloy et de son Saint-Esprit, sur la fin.
Mon idée de départ était de glisser dans le corps même de ce texte aussi abstrait que malhabile, en italiques, des phrases concernant un couple et son intimité. Pour émouvoir un peu, aussi – je suis vraiment une saloperie. Pour teinter l’ensemble d’un côté cut-up à la fois très moderne – mais les modes passent – et très ringard. Puis j’ai abandonné l’idée. Quand je me suis aperçu que ce texte-là, avec ce qu’il trimbale de politique, pourrait aussi s’appeler Mauvaise paix ou même Accélérer la catastrophe… Toujours les mêmes titres. Même si je suis finalement capable d’angliciser la chose, hésitant encore entre Happening et Coming soon. Pensant même à The Tartuffe reloaded.
C’est encore un texte sur le théâtre, finalement. L’hypocrite, après tout, étymologiquement, c’est le comédien. Je trouve d’ailleurs amusant de penser que, puisque vous avez fatalement lu son titre, vous qui lisez ce texte en savez plus que moi qui l’écris. Et quoi ? Il y a un problème avec le temps, non ?
Peu importe. Voici le texte.
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Acte III...
Remis le nez (les yeux et la main, en fait) dans mon manuscrit en cours.
Impression, en fin de troisième acte, que la pièce est finie. Du moins qu’elle est montée. Et qu’il va maintenant falloir la démonter – ce qui, d’un coup, me paraît beaucoup plus difficile. Comme une opération complexe et minutieuse d’horlogerie, dont dépendrait l’utilisation future de l’objet. Je me sens des moufles. Evidemment.
Tout se noue, paraît-il, au quatrième acte (quelqu’un m’a gentiment rappelé ça il y a peu de temps). Parce que c’est en fait le premier. Le grand démontage commence. Tout ce qui a été amené là, l’a été pour être démonté (c’est peut-être ça qui est le plus drôle, d’ailleurs).
J’ai été tellement lent à écrire, et tellement lourd et pénible, que je me dis que je devrais foncer maintenant, démolir tout à grande vitesse, comme un type qui, étant parvenu au sommet, jouerait à se casser la gueule dans la descente.
(C’est idiot. Le début de la phrase me concerne et sa fin la pièce – enfin, j’espère.)
Quoi que cela n’ait rien à voir, cette histoire de troisième acte me rappelle Tartuffe.
Tartuffe est une pièce qui finit à l’acte III, le personnage éponyme victorieux. C’est cela que certains, sans doute, ont pu voir, un seul soir, en 1664. Scandale. Les deux derniers actes, ajoutés ensuite pour défaire ce Tartuffe devenu Panulphe, n’y changeront rien : la pièce, en 1667, ne peut encore jouer qu’un soir (l’interdiction de police, assez bellement, dit que « ce n’est pas au théâtre de prêcher l’Evangile » ; l’archevêque de Paris, quant à lui, menace d’excommunication…). Ce n’est pas tant le sort final de Tartuffe, mais que simplement soit révélée son existence dans le miroir du théâtre, qui fait scandale (au demeurant et quant au monde, il est sans doute plus réaliste que Tartuffe soit vainqueur). La pièce est autorisée en 1669, les temps ont changé.
Tartuffe était peut-être cette étrangeté-là : un secret mondain.
Cela ouvre des perspectives (pour une autre fois et pour une autre pièce, qui sait ?).
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La comédie de la substitution