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  • A quoi sert la critique ? Au Théâtre du Rond-Point

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    Au risque de surprendre mes très fidèles lecteurs, je vais vous avouer quelque chose : j’aime bien Jean-Michel Ribes, actuel patron du Théâtre du Rond-Point, quelque part aux bien nommés Champs-Elysées, à Parmerde. Oui. Et il y a à cela plusieurs excellentes raisons. La première est que je ne le connais pas personnellement. Les seconde et troisième, que je n’ai jamais rien lu ni vu de lui – du moins que je sache. Si donc je puis dire bien aimer Jean-Michel Ribes, c’est essentiellement parce que, vouant à l’humanité en général une espèce de scepticisme parfaitement justifié (et tant pis si « vouer un scepticisme » n’est pas une expression très sensée), je m’astreins, en manière sans doute de compensation, à préjuger toujours favorablement de tout individu dont je ne sais rien, sauf son nom. Bref, si j’aime Jean-Michel Ribes, c’est parce que je ne le connais pas, ni ne sais rien de lui – me refusant à croire, par principe, ce qu’en-dira-t-on que notre époque technoconne a modernisé, c’est-à-dire institué, en mise en réseau ou réticulation, et qui lui doit servir rien moins que d’alpha et d’oméga, amen.

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  • Ellroy Paraclet

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    Le 11 janvier, j’ai entendu sur le service public de la radio – sur France Inter pour être exact, dans l’émission de l’espèce de sous-Michel-Drucker qui officie là le matin, un certain Demorand –, l’écrivain James Ellroy. Il y disait très franchement mais pas sans humour des choses éminemment contestables qui eussent placé tout écrivain français aux idées similaires face à ce dilemme : – Je biaise ou je m’écrase ? Ecrivain qui se fusse lui-même pris pour un héros en optant pour la première solution, c’est-à-dire en écrasant ses idées claires sous une langue de bois de merde. Le courage, c’est la lâcheté, pourrait-on dire à la Big Brother.

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  • Catastrophe, de Samuel Beckett

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    Il y a longtemps maintenant que j’entends de prétendus créateurs, interprètes incultes tombés en mégalomanie d’autant plus facilement que l’institution a fait de cette mégalomanie une de ses nécessités objectives, se plaindre que Samuel Beckett aie rendu impératives ses didascalies ; à lire ce très bref chef d’œuvre, dix petites pages, qu’est Catastrophe, on comprend à quel point son écriture même justifie – et elle seule, par-delà les arguties juridiques, le peut au fond – cette décision radicale qui doit demeurer incompréhensible à pléthore d’artistes illettrés ignorant l’être. Ceux mêmes d’entres ces créateurs en peau de lapin qui, tout en pestant contre je ne sais quel sectarisme, montent néanmoins les textes de Beckett ne résistent que très rarement, sauf pour les œuvres de taille standard comme En attendant Godot ou Oh les beaux jours, à l’idée de grouper plusieurs dramaticules afin de produire un spectacle d’une durée commercialement exploitable ; l’idée ne leur vient pas, peut-être, que chacun de ces dramaticules est en lui-même une œuvre, et que sa brièveté aussi ressortit d’une réelle volonté esthétique.

     

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  • 23. Génie imbécile

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Cet homme voulut inventer une nouvelle forme de la distance, qu’il serait capable de conserver au cœur même de la tâche la plus ingrate.

     

    Ce que sa femme attendait de lui, finalement, ne devait pas être décemment nommé ; de ne pouvoir l’être qu’en d’anachroniques termes de chevalerie qui l’eussent elle-même irritée.

     

    Seul le silence alors pourrait leur épargner ce double ridicule de la situation présente, selon lui, et de la pensée désuète, selon elle.

     

    Il se disait qu’il devait – mais à qui ? – être le protecteur silencieux de leur égalité affichée, et que leur commun silence là-dessus lierait plus fortement encore ces deux fictions contraires.

     

    Il se tut donc, et la laissa parler de tout et rien.