Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 3

  • 18. Faiblesse

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Il lui semblait pourtant logique qu’une société qui affecte au désir et à la consommation une valeur seulement positive ne puisse finalement que détruire ses propres structures et institutions ; que les sujets d’une telle société soient toujours plus désarrimés de la raison, malades, et non seulement malades mais enorgueillis à l’extrême de cette maladie qui les verrait bientôt abolir en son nom toute discrimination entre eux-mêmes et les choses. C’est toute une société qui demande à disparaître, et jouit de disparaître. Elle disparaîtra donc. Par violence ou par ruse, elle sera remplacée par une autre, sûre de ses lois et de ses châtiments, et qui ne paraîtra archaïque qu’à ces affaiblis-là, dont il était. Et il se demanda pour qui il travaillait réellement. Et la réponse le fit franchement marrer.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Une carte à jouer

    Charles, roi de coeur.png

    La catastrophe avance. Elle fond sur nous. Cela est plus précis qu’une science. Le futur vient s’impacter sur le présent. Pour tenir ces propos, il faut supposer certaine la catastrophe. Mieux, il la faut souhaiter, quoi qu’elle ne soit pas aimable. Cette catastrophe-là, plus souhaitée que souhaitable, ne nous laverait-elle pas, ne nous purifierait-elle pas à jamais, fût-ce par le feu ? Et de quoi nous pourrait-elle laver, sinon de cette autre catastrophe, étrangement plus incertaine à nos yeux, que nous-même, maintenant, sommes. Nous pouvons donc nous laver les mains des affaires de ce monde ; ne faut-il pas que la victime soit présentable, parée pour son sacrificateur, immaculée ? Tout tremblant déjà d’un effroi délicieux, nous nous rêvons à peu de frais bouc émissaire, agneau, saint ou même christ. Mais c’est pure lâcheté. D’ailleurs si la catastrophe ne daigne pas venir de notre vivant, elle finira bien quelque jour par venir égorger nos enfants. Le futur antérieur, quelque postérité délirante, nous donnera raison. Les bigots de la catastrophe à venir sont des lâches. Car elle est déjà là, et nous la sommes. Un peu de courage, quitte à se dégueulasser carrément, nous conduirait à nous-même accélérer, amplifier encore, mais maintenant, cette catastrophe que donc, sans aucun doute, nous sommes. Se tenir droit dans son tort. Carnage et fatigue. Seigneur.   

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Je suis un menteur

    Et je le prouve.

     

    Ce jour-là, j’étais en train d’écrire dans mon bistrot de quartier, tournant légèrement le dos à la salle quasi-vide.

    Je n’entendis pas entrer mon amie F., qui, me voyant au travail, me photographia à deux reprises avec son téléphone portable.

    Puis elle vint me saluer et me montra les deux photographies qu’elle venait de prendre. Je lui demandai si elle avait moyen de me les envoyer par e-mail.

    – Oui, quand j’aurai retrouvé le cordon reliant mon téléphone à mon ordi.

    Ce qui peut prendre du temps.

    Une autre fois, peut-être un mois plus tard, je lui demandai si elle avait retrouvé ce foutu cordon.

    Non.

     

    Et puis, au tout début de cette année 2010, le 3 janvier pour être précis, je reçois un e-mail de F. auquel sont jointes ces deux photos :

     

     

    Je les regarde et me demande ce que je pouvais bien être en train d’écrire ce jour-là. C’est une question que je me pose souvent en regardant des photos d’écrivain en train d’écrire – sauf si elles sont vraiment trop « posées ». Quel livre ? ou quelle lettre ? Mais surtout, plus précisément, quelles phrases ?

    Je renvoie donc un e-mail à F. en lui demandant si elle a moyen – par son téléphone ou son ordinateur, donc – de connaître la date de ces photographies.

    La réponse est : le 16 octobre à 15 h 48 min 25 s et 15 h 48 min 53 s.

     

    Photo0122_001.jpg

     

    Je préfère la seconde, prise de plus près, et moins floue :

    Photo0123_001.jpg

     

    Voilà.

    Qu’est-ce que je pouvais bien écrire le 16 octobre 2009, dans mon petit café de quartier toujours plus vide que plein ?

    Je me le demandais vaguement lorsque j’eus l’idée – ce qu’on est con, parfois – de regarder sur mon propre blog – celui-ci, oui – si je n’avais pas, par le plus grand des hasards, une publication en date du 16 octobre.

    Si.

    C’est celle-ci.

     

    Point de salon, ni personne.

    Je suis donc bien un menteur.