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orgueil

  • Librairing people (2)

    J’écris parfois à mon bureau, le plus souvent dans les cafés. Circulant les mains dans les poches, j’utilise les tickets de caisse. Format idéal. Que je retrouve parfois, au soir, ou quelques semaines plus tard, vidant ces mêmes poches… Aussi ai-je retrouvé à l’instant ce papier que j’avais peut-être initialement prévu d’inclure dans le billet précédent – mais où ? [1]

     

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    Flaubert avait encore la charité de s’identifier à Madame Bovary, qu’il moquait. C’est elle, quel que soit par ailleurs son sexe [2], qui écrit désormais et, baignant dans son jus ses lecteurs, elle ne lésine pas de se prendre pour Flaubert. Ou pour tout autre grand écrivain. Ou pour tout autre grand personnage. Qu’il s’agit en somme de ramener à soi, en rapetissant, écrabouillant ; de ramener à son propre rapetissage, son propre écrabouillage. Pour ensuite, si possible, le dominer de toute sa hauteur supposée, phantasmée. Pour duper d’autres gens, en se dupant soi-même. Orgueil, indifférence, haine, mépris, etc. ; après tout, les antonymes de charité sont légion.

     

     

     

     

     

     

     

    [1] Je serais alors revenu plus souvent à la ligne, histoire de ne pas rompre l’esthétique (toute relative) de la chose…

    [2] Une telle précision, de nos jours toujours un peu suspecte, eut été évitée si Flaubert était connu pour avoir dit, par exemple, « Pécuchet, c’est moi ».

  • Substitution

     

     

     

     

     

     

     

    Vous auriez dû lire un autre texte, ici.

     

    Une seule petite objection, surgie je ne sais comment au moment de sa saisie, a ruiné une bonne dizaine d’heures de travail réparties sur plusieurs jours.

     

     

     

    Une même petite objection pourrait-elle ruiner cinq, dix, vingt ans de travail ?

     

    A quel moment alors la vanité, ou l’orgueil, interviendraient-ils ?

     

    Et ce texte-ci, mentionnant l’écarté, n’en est-il pas aussi la marque, maintenant ?

     

     

     

    Nous justifions incessamment par de nouvelles nos précédentes paroles ; et nos paroles ne nous justifient pas.

     

    « Si quelqu’un pense être quelque chose, quoiqu’il ne soit rien, il s’abuse lui-même. » 

     

     

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  • Vivement la mort (clausule)

    Parler concrètement de ce monde-ci, aujourd’hui, me tombe des mains (si je puis dire, mais après tout, j’écris). Son pathétique me gagne, me perd, et l’inutilité envahit tout, décourage et dégoûte. C’est vain. Mais c’était vain hier et avant-hier. Cette vanité ne serait-elle pas encore une forme de l’orgueil ? (Imaginons. Vous êtes facteur de masques et livrez à quelques comédiens les masques qu’ils porteront. Le premier regarde l’extérieur du masque moulé sur son visage, que vous lui présentez pour la première fois, et il se reconnaît de suite. Présentez-lui d’abord l’intérieur, il se demandera qui c’est.) N’empêche, quand je regarde ce monde, dont je suis, les bras m’en tombent. Tout cela n’a pas grand sens et je ne ferai sans doute pas mieux demain. Tout cela n’a pas grand sens (on n’a qu’à dire que c’est de la poésie).

    Tout cela n’a pas grand sens, hors la chute.

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