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théâtre - Page 28

  • Emouvez-moi, bande de...

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    Voilà le moment où sa femme, sa mère, son petit garçon et une autre dame encore viennent supplier l’inflexible Coriolan d’épargner sa Rome natale dont il veut se venger en la détruisant tout à fait (pour plus d’informations, lisez le bouquin), et voilà le moment véritable de la chute de Coriolan, car cette délégation porteuse d’une paix équitable fera bientôt sa perte, énoncée par lui-même en direct :

     

    Not of a woman’s tenderness to be

    Requires nor child nor woman’s to see.

    I have sat too long.

     

    Traduction de Jean-Michel Déprats et Gisèle Venet (Pléiade, Tragédies II) :

     

    Qui ne veut s’attendrir comme une femme

    Ne doit voir visage de femme ni d’enfant.

    Je suis resté assis trop longtemps.

    (Acte V, scène III)

     

    Ah, l’émotion est tout de même une foutue saloperie.

    Progrès oblige, nous en sommes même venus à nous émouvoir devant des machines.

    (Peut-être, d’une certaine manière – regardez la démographie –, que c’est dépassé en vrai les femmes et les enfants, les premières seraient-elles « libérées » et les seconds « sacrés »…)

    Lesquelles machines, nous émouvant comme de juste à grands coups humanisto-humanitaires de femmes, d’enfants et aussi de héros qui se battent à notre place, ne servent à rien d’autre qu’à nous maintenir assis, tous – hommes, femmes, enfants.

    Non sans succès, d’ailleurs.

     

    (Aux lecteurs qui ne comprendraient pas bien le sens de ce billet, ou qui ne goûteraient point ma mauvaise foi bon enfant – et toute menace physique sur cette page virtuelle étant évidemment plaisantatoire (why not ?) : le premier qui me parle de misogynie prend mon pied au cul, et la première ma main… Y a qu’à demander !)

     

     

     

  • Catastrophe

     

     

     

     

     

     

     

     

    – Toi qui aimes les catastrophes, me dit une connaissance, tu dois être servi en ce moment.

    Mais de quoi parle-t-il (sans parler même de : pour qui me prend-il ?) ? De la crise ? Des tremblements de terre ? Du Président de la République ? De quoi ? En tout cas, ça lui a l’air évident.

    – Oh, moi, tu sais, je suis servi en marchant dans la rue ; et depuis longtemps.

     

    Je ne préciserai pas.

    De toute façon, j’ai décidé de causer de choses badines.

    Ce soir.

     

    – Tu crois vraiment qu’on peut voir ça simplement en marchant dans la rue.

    Mais quoi, ça ?

    – Ouais.

     

    – Des fois [sic], je ne te comprends pas…

    Je ne sais toujours pas de quelle catastrophe il parle ni pour qui il me prend.

    Je préfère ne rien demander. Ça ne me gêne en rien, qu’il ne me comprenne pas.

     

    Je pense seulement que cette conversation est une catastrophe et que nous marchons dans la rue.

    Je ne le lui ai même pas dit. Je me suis retenu.

    Ne gâchons pas ce rayon de soleil.

     

    Je parle bien d’un rayon de soleil en vrai. Ce n’est pas une métaphore.

     

    Une catastrophe, au fait, c’est ce qui termine.

    « C'est le changement ou la révolution qui arrive à la fin de l'action d'un Poëme Dramatique, & qui la termine. » dit le Dictionnaire dramatique de La Porte et Chamfort.

    Passons à la suite, si vous le voulez bien. Merci.

     

     

  • En passant... géopolitique à la con

    – Quel est le premier travail d’un auteur dramatique, aujourd’hui ?

    – Si l’on ne considère pas que le premier travail aujourd’hui consiste à soigner son réseau, ce qui est aussi imbécile que courant, et conséquemment de se rendre à telle globalisation réticulée qu’il sera de bon ton par ailleurs de faire semblant d’attaquer afin de fourguer à icelle sa camelote, le premier travail d’un auteur dramatique, comme toujours, est de défendre, et partant : de comprendre, si possible au sens étymologique, les plus grands parmi ceux qui l’ont précédé, c’est-à-dire, pour le Français que je suis, les dramaturges du dix-septième siècle français, lesquels quant à leurs sources littéraires renvoient directement aux Grecs et à la Bible pour les tragédies, à Aristophane, Plaute et Terence pour les comédies, quant à leurs sources politiques aux conditions ayant permis l’émergence de l’Etat moderne, celui-là même, démocratie ou pas, qui agonise sous nos yeux. Le second travail, pour anticiper sur une autre question, consiste à repérer, dans d’autres histoires nationales, le sommet théâtral, s’il est, et à tenter également de le comprendre : il y a donc le bref moment grec et le fatras latin duquel émerge en surplus des comiques susmentionnés seulement Sénèque, puis après un grand vide restant à comprendre vraiment, les mystères médiévaux à compter du XII° siècle, le Siècle d’or espagnol, le théâtre élisabéthain – Shakespeare avant son règne planétaire ! – et le dix-neuvième allemand… Pas tant de livres, somme toute. Le cas du XX° siècle est plus épineux, pas seulement parce qu’il est proche : il apparaît déjà très éclaté, s’arrachant des terreaux nationaux pour accéder, de Tchekhov à aujourd’hui (notez le vague), à un mode de rivalité internationale qui va de plus en plus faire fi des singularités poétiques ; c’est aussi, plus clairement, le moment historique de la disparition à vue du poème dramatique chrétien, Pasolini et Genet inclus par exemple, et partant, l’histoire du théâtre européen étant ce qu’elle est, le moment de la disparition du théâtre lui-même (Claudel en ce sens étant l’ultime miracle français) au profit de formes spectaculaires intrinsèquement nihilistes et ne désirant plus que pour elle-même leur folle montée aux extrêmes, au moins pour les pays qu’une telle référence chrétienne indispose fortement, ce qui exclut certainement la Russie et peut-être, mais je suis circonspect, l’idée religieuse n’y étant plus guère qu’une formalité obligée, comme un label apposable sur tout et n’importe quoi, les Etats-Unis… De ce point de vue, le théâtre du XX° siècle – et le XX° siècle avec lui – finit dans les années 1960 et toutes les tentatives depuis, aussi nombreuses soient-elles, sont autant d’échecs à le réanimer, échecs dûs sans doute à la volonté d’inversion généralisée cherchant à utiliser une forme à autre chose que ce pour quoi elle est faite ; d’où vient que l’historiographie « officielle » du théâtre, depuis, ne peut plus guère aligner qu’une légion assez insignifiante de noms de metteurs en scène…

  • Peur sur ma gueule

    On se soigne comme on peut, dit l’alcoolique en commandant à boire.

     

    Récapitulatif très approximatif : Romeo Castellucci, Valérie Dréville, Jan Fabre, Jeff Koons, Joris Lacoste, Fabrice Melquiot, Gildas Milin, Philippe Minyana, Olivier Py, Falk Richter ; ce qui inclut aussi Armelle Héliot, Brigitte Salino (voir Castellucci) et René Solis (voir Castellucci et Py).

    Ce n’est qu’un début, poursuivons le néant…

     

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