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machine

  • Paroles...

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    – Ils n’ont pas l’angoisse de la page blanche. Tu m’étonnes. Et pire, ils n’ont pas l’angoisse de la page pleine. Ils rêvent de faire du bruit. Que ça fasse du bruit. Dans le monde. Ce qu’ils écrivent. Car ils écrivent pour faire du bruit. Pas de la musique, non. Et le silence est mort. Et quand enfin ils font du bruit, ils font un atroce petit bruit, un grincement de dents chéri qu’ils ont rêvé d’amplifier à en strier le cosmos, un petit bruit dérisoire et strident et cumulé à tant d’autres petits bruits simultanés que simplement il participe du bruit, du bruit incessant, anonyme de la machine, du bruit que rien n’arrête, jamais, mais qu’ils avaient rêvé pourtant d’interrompre, tant ils sont habitués à ce bruit permanent qu’ils ne l’entendaient plus, qu’ils l’avaient pris pour du silence. Dont ils ont peur. A faire du bruit. Tout le temps. Du bruit. A s’en rendre sourds. A en être sourds. A ne pas le savoir. A s’en croire innocents. Petites frappes. Oui. Des petites frappes. Rêveuses.

    – Ta gueule.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Emouvez-moi, bande de...

    William Shakespeare.jpg

    Voilà le moment où sa femme, sa mère, son petit garçon et une autre dame encore viennent supplier l’inflexible Coriolan d’épargner sa Rome natale dont il veut se venger en la détruisant tout à fait (pour plus d’informations, lisez le bouquin), et voilà le moment véritable de la chute de Coriolan, car cette délégation porteuse d’une paix équitable fera bientôt sa perte, énoncée par lui-même en direct :

     

    Not of a woman’s tenderness to be

    Requires nor child nor woman’s to see.

    I have sat too long.

     

    Traduction de Jean-Michel Déprats et Gisèle Venet (Pléiade, Tragédies II) :

     

    Qui ne veut s’attendrir comme une femme

    Ne doit voir visage de femme ni d’enfant.

    Je suis resté assis trop longtemps.

    (Acte V, scène III)

     

    Ah, l’émotion est tout de même une foutue saloperie.

    Progrès oblige, nous en sommes même venus à nous émouvoir devant des machines.

    (Peut-être, d’une certaine manière – regardez la démographie –, que c’est dépassé en vrai les femmes et les enfants, les premières seraient-elles « libérées » et les seconds « sacrés »…)

    Lesquelles machines, nous émouvant comme de juste à grands coups humanisto-humanitaires de femmes, d’enfants et aussi de héros qui se battent à notre place, ne servent à rien d’autre qu’à nous maintenir assis, tous – hommes, femmes, enfants.

    Non sans succès, d’ailleurs.

     

    (Aux lecteurs qui ne comprendraient pas bien le sens de ce billet, ou qui ne goûteraient point ma mauvaise foi bon enfant – et toute menace physique sur cette page virtuelle étant évidemment plaisantatoire (why not ?) : le premier qui me parle de misogynie prend mon pied au cul, et la première ma main… Y a qu’à demander !)

     

     

     

  • Le Commandement de la Machine (5)

    Le Commandement de la Machine (1)

    Le Commandement de la Machine (2)

    Le Commandement de la Machine (3)

    Le Commandement de la Machine (4)

     

    *****

     

    Reste encore ce paragraphe, non numéroté, dont je ne sais plus du tout s’il est ou non une citation :

     

    Au plan supérieur où Verbe et Loi sont un, où Logos est Nomos, on peut dire de la Machine, enfer de constructions et destructions incessantes, qu’elle est indifféremment une écologie et une économie. Mais, suspendant au fait l’impossible application de la Loi, la Machine est aussi bien alogique et anomique. De sorte qu’il est de toute façon déjà trop tard. – La succession des promesses n’ajourne que le report à l’inconnu, demain.

     

     

     

     

     

     

    Fin.

  • Le Commandement de la Machine (4)

    Le Commandement de la Machine (1)

    Le Commandement de la Machine (2)

    Le Commandement de la Machine (3)

     

     

    ****

     

    Quatrième série de coupes :

     

    21. Contrairement aux apparences que son intérêt lui dicte de manifester, la Machine est horizontalité pure. – Connectant ensemble selon ses propres lois silencieuses la totalité des produits qu’elle émet sur un marché qui n’est, donc, que la plus évidente de ses manifestations, se développant sans cesse vers l’intérieur comme vers l’extérieur, et par aussi la simple absorption de tout ce qui n’est pas directement son fait, la Machine respire, vit et, dans une certaine mesure partiellement comparable à celle de l’homme : qualitativement égale ou inférieure, à tous point de vue supérieure quantitativement, – pense. Sa pensée n’est pas distincte, en rien, de son action, car elle est matière pure. Et si l’entropie, nécessairement, la travaille du dedans, il faut bien admettre que ce qui doit mourir quelque jour et dispenser ainsi vers le futur une grande quantité d’énergie, occupe manifestement tout le champ du visible, tout le champ de l’irreprésentable. De sorte qu’il est évident que les petits hommes qui, de l’intérieur même de cet agencement de machines que leur esprit ne conçoit que très fragmentairement et ne peut plus du tout se représenter, croient devoir et pouvoir lutter contre l’expansion de la Machine, ne veulent en réalité rien d’autre que leur propre disparition accélérée et partant, avec celle aussi de la Machine, celle donc de toute vie humaine – du moins sous l’actuelle forme qu’ils se figurent qu’elle doit prendre toujours. Ils travaillent néanmoins non pas pour, mais dans la machine ; ils ne savent pas ce qu’ils font. Et, sur le corps plein de la terre, la Machine écrit elle-même en lettres capitales et baignée du sang noir de l’animal humain : In God we trust.

     

    1054. Il n’y a sans doute pas de Machine. Quant aux personnages, s’ils sont, ils sont les Interfaces du Néant ; donc ne sont pas.

     

    1202. Les hyperassassins du nouvel Alamuth ne sont pas, comme jadis, cachés dans une inexpugnable forteresse, non, ils sont des anonymes disséminés sur tout le territoire qu’ils ont à charge de détruire, et pour être clair, ils vivent, naissent et meurent dans nos cités indéfendables, et conséquemment déjà prises. Ce qui est sûr, c’est que ceux qui ne veulent pas se battre, préférant encore lutter pour d’ineptes droits à la retraite ou à se faire enculer – d’ailleurs bien plus symboliques qu’ils ne l’imaginent –, droits aussi qui non moins ineptement leur ont déjà été donnés, ceux dis-je qui ne veulent pas se battre ne seront bien évidemment d’aucun secours, mais pas seulement. Ils sont aussi les complices réels, confits d’une caracolante et macabre innocence, laissant bavasser leur saloperie intégrale de bonne mauvaise conscience de privilégiés voulant l’être encore davantage ; ils sont les complices réels de ceux qui ont décidé leur extermination pure et simple. En ce sens, les gouvernants cacochymes qu’ils élisent à grands renforts de petites contradictions apparentes, sont simplement mandatés pour maintenir l’archicriminelle illusion de la paix. Tels sont nos suicidaires, aptes seulement à lutter, mais sans conscience aucune de le faire, à la destruction totale d’une civilisation qu’ils haïssent aveuglément.

    (A suivre...)