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Porcherie - Page 25

  • Une fabrique soviétique de PQ

     

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    Les Hollandais avaient dit : Non.

    Les Français avaient dit : Non.

     

    – Rien à foutre, avait répondu l’Union Européenne.

    L’UE.

    Qu’on devrait appeler l’USEE.

    L’Usée.

    L’Union Soviétique Economique Européenne.

     

    Et elle a refourgué sa camelote sous un autre nom.

    Et maintenant…

    Les Irlandais ont dit : Non.

     

    Non.

    Mais Non, en politique, ça ne diffère guère de Oui.

    Selon le principe du nihilisme.

     

    Alors voilà.

    Les peuples disent Non.

    Si l’Angleterre faisait un référendum, ce serait Non.

    Si l’Italie faisait un référendum, ce serait Non.

    Si les Vingt-Sept faisaient vingt-sept référendums, il y aurait au moins vingt Non. Allez, soyons très pessimiste, dix-sept.

     

    Bureaucrates et pipolitiques n’ont pas l’air de comprendre que leur merdier bureaucratique, les gens, les vrais gens, tout simplement, ils n’en veulent pas.

    Ils ne s’en foutent pas, non.

    C’est bien plus clair :

    Ils n’en veulent pas.

    Vraiment pas.

    Mais alors pas.

     

    Et maintenant, je vais vous dire à quoi servent réellement les constitutions européennes.

    Quand par voie référendaire, les peuples s’en mêlent, elles servent de torche-cul à leurs représentants.

    Il faut dire que ces représentants, en bureaucrates avisés, pensent que la démocratie est le moyen politique qui permet de chier sur la gueule du peuple.

    Et comme ce dernier est serviable, lorsqu’on le sollicite, il tend à ses représentants, pour qu’ils se puissent torcher, pour qu’ils soient propres en somme, le soviétique papier que ceux-ci avaient préalablement préparé…

    Ce que c’est que l’amour, tout de même.

     

    Donc :

    On considérera le référendum comme antidémocratique.

    Et comme les gens sont cons, ils ne vireront pas leurs représentants, ceux-là même qui leur chient sans modération sur la gueule.

    Et l’on recommencera la bureaucratie soviétique européenne.

    Au nom de la démocratie.

    Et des autres saloperies du Bien.

     

    Giscard d’Intestaing, qui a partagé pourtant avec son camarade Chirac, n’a pas encore fini de se torcher avec les nombreux exemplaires de son papelard inepte, que déjà les Irlandais viennent de retourner à Sarkozy (alias Mickey Grenelle, PDG du Bronzeculand-France, comme quoi tout se tient) les exemplaires de son papelard à lui.

     

    – Merde. Ça risque de retarder l’entrée de la Turquie, a glapi désolée la fadasse du Medef.

     

    Mais non, mais non.

    Même pas.

  • Mafia, tourisme et conséquences...

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    Personne ne dit plus rien. D’ailleurs, n’importe quoi vaut n’importe quoi.

    La peur des conséquences, dans un milieu où la consanguinité, de moins en moins métaphoriquement d’ailleurs, exhibe ses tarés, paralyse toute parole ; ou du moins la replie sur l’espace privé falsifié, conversations de café, bruits de couloirs, rumeurs invérifiables et donc également inattaquables. Le tout bien planqué derrière les discours d’apparat, généreux, solidaires, sociaux et sociétaux, transparents ! En public, on cire des imbéciles en grandes pompes, et les fréquents éloges journalistiques de trous-du-cul grand-dilatés ont cet avant-goût délicieux des oraisons funèbres. C’est tout un petit monde qui aspire à être jeune-mort de son vivant. Je dis jeune-mort, parce que les autres, qui ont six mois de décomposition à leur actif et sont vieux-morts, eh bien, le monde qui tourne toujours plus vite les a déjà oubliés, non sans raison. Les mafieux sont philanthropes, et ça se vend bien. C’est un milieu d’avant-garde qui a au mieux une journée d’avance sur ses imitateurs ; plus souvent, une heure ; quelquefois même du retard – lorsqu’un autre ahuri satisfait se met à hurler au plagiat.

    La peur capitalise et fabrique du pouvoir, et encore de la peur. Réputations et cotations ont supplanté travail et talent, puisqu’ils ne s’achètent pas. C’est cela, ou bien l’anonymat glorieux, le pseudonymat héroïque, ah les beaux blogues ! Le courage à l’abri de la lâcheté, en somme. Des touristes ! La peur, la peur, vous dis-je. Vous voyez bien qu’il n’y a toujours personne. Des mafieux et des touristes. Les mêmes, selon les heures, aussi...

    Formule. Les conséquences de ce que j’écris ne sont pas ce que j’écris. Elles n’ont même généralement rien à voir avec. Vraie ou fausse, l’incompréhension est un gouffre.

    Je n’ai rien à foutre des conséquences.

    – Mais la loi ?

    – La loi demande un effort. Pas seulement dans la formulation, d’ailleurs.

    – Un exemple ?

    – Je ne nomme personne dans ce billet.

    Quel effort.

  • Défendre Jan Fabre

     

    Critiquer Jan Fabre ne présente que très peu d’intérêt. Critiquer l’éloge qu’on fait de lui m’a semblé plus pertinent. Aussi ai-je pris l’initiative de recopier ici le texte de présentation de cet « artiste » qu’on peut lire ici sur le site du Festival d’Avignon, ce sommet culturel. Le texte qui suit est signé Irène Filiberti, qui est critique de danse, je crois ; les notes, assez copieuses, entre parenthèses sont de moi.

     

     

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    Dans un autoportrait, sculpture réalisée dans le cadre de son œuvre plastique (la sculpture est réalisée dans un cadre ? comment une sculpture ne serait-elle pas une œuvre plastique ?), Jan Fabre, artiste anversois (pas belge, hein, anversois : évacuation de la nationalité, encombrante sans doute), né rebelle (il n’y est donc pour rien, le pauvre) en 1958 (cinquante ans de rébellion au compteur, à ce jour), est assis devant une table (ça alors). Il a le corps entièrement couvert d’une étrange fourrure (j’imagine que c’est à ça qu’on le reconnaît ; veuillez noter que son corps aurait pu être recouvert d’une fourrure qui ne soit pas étrange : Jan Fabre ne serait-il pas un animal ?). L’impressionnante quantité de clous dorés, minutieusement plantés les uns à côté des autres (il y a de la main d’œuvre, quand même), la pointe (la fourrure, donc) vers l’extérieur (vous avez déjà vu une fourrure pointée vers l’intérieur ?), produit un effet de pelage doux, chatoyant, hérissé, piquant (c’est presque conformiste, cette dernière épithète ; des clous pourraient piquer ? Navrant.). Cette énigmatique (de quelle énigme parle-t-on ?) carapace (donc une fourrure de clous est une carapace) forgée d’ambivalence (plantez des clous les uns à côté des autres, et vous aurez une fourrure qui est aussi une carapace, le tout ayant nécessité un travail de forgeron, sachant qu’un forgeron est un artisan qui travaille, non pas le fer comme on avait cru jusqu’ici, mais l’ambivalence) est à la fois signe et médium d’une démarche singulière qui se déploie depuis les années soixante-dix (tout cela va loin. Explications : La carapace est le signe d’une démarche. Elle en est aussi le « medium », c’est-à-dire : le moyen. Une démarche qui, voyez-vous, se déploie. Donc la carapace aussi. On comprend que la démarche soit singulière. La carapace est donc à la fois la représentation des jambes de l’artiste, et les jambes réelles de l’artiste. Et cela dure depuis les années soixante-dix. Faut-il lire entre les lignes que Jan Fabre souffre d’un handicap moteur ? Qu’il est l’homme-tortue à carapace-fourrure de clous ? Que les 4 Fantastiques étaient 5 ?)

    L’image et le corps sont la clef de voûte  des recherches artistiques (n’importe quel architecte vous le confirmera : rien n’est plus simple, avec une image et un corps, que de constituer une clef de voûte de recherches artistiques) de Jan Fabre. Plasticien, il en (mais de quoi ? Ce mot n’est-il pas de trop ?) traverse l’histoire et ses représentations (si un plasticien et un seul traverse l’histoire et ses représentations, il faut implicitement que l’histoire lui soit contemporaine, voire même, si l’on suit l’hypothèse mégalomaniaque, qu’elle commence avec lui ; à moins qu’il ne faille conserve le « en » et lire que le plasticien Jan Fabre traverse, de ses recherches artistiques, l’histoire et ses représentations…) au fil d’une œuvre foisonnante et protéiforme (mentions obligatoires) : dessins (sans blague ?), monochromes au bic bleu (moi aussi, au primaire, j’en faisais dans les marges de mes cahiers), sculptures composées d’insectes ou de matières animales (là, je me faisais engueuler par ma mère, qui n’a décidément rien compris à l’art), performances (tiens, un sportif). Dans l’une d’entre elles (« elles » doit se rapporter à « performances », j’imagine), créée en 1976, il écrit avec son propre sang : “mon corps, mon sang, mon paysage” (quelle audace, quand même ; quel écrivain ; et quelle pensée !). Plus récemment, en duo avec Marina Abramovic (connais pas, cause pas), tous deux vêtus d’armures inspirées d’insectes (notez la formule : « armures inspirées d’insectes ») mâle et femelle, enfermés dans un cube transparent (on peut regretter que le cube soit transparent, non ?) se livrent durant plusieurs heures à une série d’actions où rituels et épuisement (l’épuisement est une action, donc, et non la conséquence d’une action) stigmatisent les préoccupations du body art (waou ! rituels et épuisement stigmatisent des préoccupations ! Quant à savoir quelles sont les préoccupations du body art, ou comment, concrètement, on stigmatise des préoccupations, vous repasserez) à travers un culte imaginaire sur le thème du sacrifice et du pardon (la réponse est là, suis-je bête : on stigmatise des préoccupations à travers un culte – comment passe-t-on à travers un culte ? – , sachant qu’un culte porte toujours sur un thème, comme les soirées télé d’Arte ; quant au sacrifice et au pardon… pas moyen de voir le rapport avec les insectes, mais je suis sans doute bouché) que ces deux “vierges-guerriers” (est-ce que ça veut dire que les deux insectes Fabre et Abramovic ne baisent pas, mais s’affrontent, dans leur boîte transparente pour spectateur entomologiste ?) explorent (parce qu’un culte, voyez-vous, ça s’explore) au fil de la performance (la performance, en somme, se réalise au fil de la performance).

    Au théâtre, qu’il investit avec éclat (ça veut dire quoi ? qu’il gagne du pognon ? qu’on parle de lui dans les journaux?) au début des années quatre-vingt, ses investigations (ses investigations sont-elles distinctes de ses investissements ?) en tant qu’ (« d’ » serait moins laid qu’ « en tant qu’ ») auteur et metteur en scène sont autant (pourquoi « autant » ; retirez-le, la phrase sera française) de flamboyantes provocations (bref, s’il investit avec éclat, il « investigue » en flamboyant provocateur. En flambeur, quoi). Mais là encore (?), il reste le peintre (il n’a pas été question de peinture auparavant) d’une fascinante iconographie ciselée au scalpel (ciselé vient de ciseau, pas de scalpel, sans compter qu’on ne peint pas avec un scalpel, on scalpe), qui rappelle souvent les primitifs flamands (ah oui ? mais en quoi ? Il faut donc bien comprendre ceci : les primitifs flamands peignaient avec des scalpels ciselant des iconographies fascinantes ; en quoi ils imitaient Jan Fabre sans le savoir).

    À l’instar de son homonyme avignonnais, Jean-Henri Fabre, dont il dit être l’héritier (on peut donc hériter – unilatéralement – de ses homonymes ? Intéressant…), l’artiste est aussi entomologiste à ses heures (aux heures de qui d’autre, sinon ? Pourquoi préciser ?). Ses observations le portent à disséquer les comportements humains comme on étudie le monde des insectes (cette phrase est un chef d’œuvre. Expliquez-moi concrètement comment on dissèque un comportement. Qu’on l’observe, je veux bien ; mais la dissection n’est ici rien d’autre, me semble-t-il, que la métaphore de l’observation. Le début de la phrase voudrait alors simplement dire que « ses observations le portent à observer les comportements… », ce qui n’a guère de sens. Fort harmonieusement, la suite n’en a pas davantage : les insectes ont un monde, tandis que les hommes n’ont que des comportements (et non l’inverse) ; comment davantage faire l’impasse sur la parole ?). Maniant sans crainte l’obscénité et le sublime (je ne vois pas le rapport avec l’entomologie), Jan Fabre combat avec l’art, contre les conventions (l’art étant avant tout convention, on peut déduire que Fabre combat avec l’art contre l’art : c’est, si j’ose dire, un artiste à somme nulle. Un zéro, quoi.). Parfois proche du carnaval ou des mystères du Moyen-Âge, son théâtre (ah, on parle de théâtre…) est une vigoureuse entreprise de libération (de libération de quoi, au juste ? et quel rapport avec les mystères médiévaux ?) où le corps et l’acteur (tiens, ils sont séparés) mènent la danse (monsieur est chorégraphe) tandis que la scène (tiens, la scène n’est pas située dans le même espace que le corps et l’acteur, séparés eux aussi, qui mènent la danse) est un champ de bataille où se côtoient différents éléments duels (notez que les élément duels se côtoient, et ne s’affrontent pas : ce qui contredit l’idée de champ de bataille). Ordre et chaos, règle et transgression, séduction et dérision, immobilité et mouvement, mondes nocturnes et diurnes (le jour et la nuit, quoi. Que d’inventions ! Quelle avant-garde !).

    Dès 1982, avec C’est du théâtre comme il était à espérer et à prévoir puis Le Pouvoir des folies théâtrales (1984), à l’écart de tout effet de distanciation (« à l’écart », et non pas « sans », implique qu’il y a bien un effet de distanciation quelque part, mais que l’artiste s’en tient, justement, à distance : en somme il distancie la distanciation : Fabre, c’est Brecht au carré), il met en scène cet univers singulier (?), saturé d’intensité (ça veut dire qu’on ne comprend rien, je crois,), en constante résonance charnelle (ça ne veut rien dire : résonance charnelle). Désir, violence, cris, pleurs, érotisme, (toujours pas de parole) cette dramaturgie de la démesure se développe de pièce en pièce (il a un grand appartement, Jan Fabre) cherchant à déjouer, voire pulvériser les normes afin de mettre à jour les désastres (pourquoi ? ils ne sont pas à jour les désastres ? ils sont en retard ? Ou vouliez-vous dire « mettre au jour » ? D’un autre côté, il se peut que le désastre ne consiste en rien d’autre que dans la pulvérisation des normes. C’est donc le théâtre de Fabre qui est un désastre), les effrois de la condition humaine (l’effroi est muet, comme on sait : toujours pas de parole). Dans As long as the world needs a warrior’s soul, pièce consacrée aux poètes des révolutions, Jan Fabre revisite les utopies (ça a l’air d’aller de soi, mais ça ne veut rien dire : quand les avait-il visitées la première fois, ces utopies ? Est-ce que ça se visite comme le Louvre, une utopie ?). Dans Parrots and Guinea Pigs, spectacle conçu comme un laboratoire des sens (ça ne veut rien dire non plus, laboratoire des sens), le metteur en scène qui voue au scarabée un véritable culte (il est débile léger, Jan Fabre ? ou bien il a le compteur bloqué sur les Beatles ?), développe un délirant  bestiaire (comment développe-t-on un bestiaire, même délirant ?) où le jeu entre hommes et animaux traite de ce que l’humain a perdu sous l’influence des sciences et des nouvelles technologies (il a perdu quoi, au juste ?), (de) ce que peut-être l’animal sait encore de l’organique (l’humain perd, mais l’animal sait, ouf, nous sommes sauvés, vite, donnons des droits aux animaux).

    Aujourd’hui, toujours privilégiant cette plastique de la saturation (de quoi ?), du dérèglement (de quoi ? Et qu’est-ce que c’est, une plastique de la saturation et du dérèglement ?), qui fait la marque (déposée ?) de ses spectacles (notez que la plastique fait la marque), Jan Fabre a gardé intacts son humour (tant mieux pour lui) et la fièvre de ses visions (ce sont ses visions qui ont la fièvre, pas lui). Il se dit heureux (on est content pour lui) d’avoir créé un monde palpitant (pas du tout complaisant, ça…) qui abrite (c’est la fonction du monde, d’abriter ?) ces “guerriers de la beauté” (ça claque !) que sont les interprètes (moi aussi, je rêve d’un monde qui palpite en abritant des guerriers qui sont encore autre chose), pour lesquels il écrit aussi des monologues de théâtre et des solos de danse (et des images, il en écrit aussi, avec son scalpel ? Mais pas de recettes de cuisine, non ?).

    En témoigne Elle était et elle est, même, pièce créée pour son actrice fétiche et muse Els Deceukelier (virgule) dont le titre se réfère à la machine de La mariée mise à nu par ses célibataires, même de Marcel Duchamp (cent ans d’avant-garde pour Marcel !).

    La beauté sauvage de la démarche (fourrure de clous et carapace en guise de jambes, souvenez-vous) de l’artiste flamand (toujours pas belge, donc) reste proche des jeux de l’enfance (de la toute petite enfance, pipi, caca, aga, aga), dans un espace particulier (un parc pour bébé ?) où le rêve et le geste de la création (dans l’ »espace particulier », donc) ont conservé quelque chose (on ne peut sans doute pas être plus précis) de l’esprit de la Renaissance (de la Rechute, comme disait Chesterton. Cette phrase ne veut rien dire : La beauté de la démarche de J. F. reste proche des jeux de l’enfance dans un espace où rêve et geste gardent un truc de l’esprit de la Renaissance. Aucun sens). L’idée d’un homme qui, à travers différents langages, poésie, peinture, danse, théâtre (ce sont des arts, pas des langages ; les gens qui ne veulent plus de la langue voient des langages partout), “cherche et trouve l’univers dans la simple exploration de sa propre singularité” (il lit dans ses propres entrailles ? il dissèque son caca ? On dirait le Devin, dans Astérix. Un charlatan, quoi. D’autant que, si je lis bien la phrase, Jan Fabre n’est pas un homme, il est l’idée d’un homme. Une manière d’essence supérieure, quoi). Ainsi les pièces de Jan Fabre sont-elles empreintes, au-delà de l’excès (il y a quoi, au-delà de l’excès ? la mort ?), d’une profonde tendresse envers l’humain (non mais, quel coquin, ce Jan Fabre).

     

     

     

    Conclusion : Il est possible de défendre Jan Fabre : en disant n’importe quoi.




     

  • Se convertir mieux pour gagner du temps plus

     

     

    Alain Potent, journaliste à l’e-Monde, était là, dans un coin, et il avait dû poser une question, puisque Mickey Grenelle y répondait ainsi :

    262089676.jpg– Mais non, M’sieur Potent, qu’on aura pas d’armée en vrai. D’abord, parce que c’est mal. Et ensuite, d’abord parce qu’on peut pas. J’ m’explique. Si qu’on donnerait un budget à la Défense, tous les autres et même les copains, ils vont gueuler au fascisme et qu’ils auront bien raison. Si qu’on fait une armée avec l’Europe, tout le monde va trouver ça formidable vu que ce n’est pas possible de s’entendre à 27 plus les Turcs. Donc il reste l’OTAN et ça c’est de l’Atlantisme donc c’est mal parce que même la gauche maintenant elle cite le général de Gaulle. Donc on n’a qu’à rien faire, vu que c’est la paix, et je le rappelle, vu qu’on est un club de vacances, les plages, les gonzesses à poil et tout, je le rappelle et même, hein, je montre l’exemple avec ma Dolorès Blondie que je l’ai rencontrée grâce à meetic.gouv.fr. Ce que je veux, c’est qu’on va réussir que le Bronzeculand France devient une sorte de Dubaï de l’Europe, avec des tas de jeux partout, plein de paint ball partout, et une population locale tant pis si elle ferme sa gueule…

    1046658833.jpgCe n’était pas très clair, donc.

    D’autant qu’il y avait aussi Kouchner qui lui soufflait des trucs que le Président balayait certes d’un revers de la main, mais qui avaient tout de même l’air de le déconcentrer pas mal. « Les amis de nos amis sont ennemis. Les ennemis de nos amis sont nos amis. » Des aphorismes dans ce goût-là, qui imprimaient sur la trogne du bon docteur K. cet air de fierté, sinon d’orgueil, de l’homme qui jouit de pervertir le plus élémentaire bon sens.

    Puis Mickey Grenelle s’est brutalement tourné vers moi et m’a dit :

    – Qu’est-ce que tu vas foutre, maintenant que tu n’as plus de boulot, pauv’ con ?

    Je l’ai regardé, un peu ahuri.

    Puis des paroles sont sorties de ma bouche, auxquelles je ne pouvais rien :

    – Eh bien, euh… je vais me convertir à l’islam, je crois.

    Grenelle a eu l’air positivement impressionné par ma réponse.

    Il s’est approché de moi pour me dire quelque chose en secret ou pour me rouler une pelle, je ne sais trop, et je me suis réveillé en sursaut, trempé de sueur, puis j’ai gueulé des insultes qu’il serait inconvenant de reproduire ici.

    Je me suis levé, j’ai allumé une cigarette en attendant que le café passe.

    Il était six heures du matin et j’avais effectivement dormi mes quatre heures réglementaires.

    Cette phrase puissante m’échappait régulièrement des lèvres :

    – C’est la merde, putain, c’est la merde.

    J’ai toujours été déprimé. Depuis tout petit. Sans raison.

    Mais là, tout de même, je sentais poindre sous ces phrases rituelles rien moins qu’une victoire.

    Le fond de calva dans le café m’a aidé à retrouver mes esprits.

    La fête des mères.

    – C’est la merde, putain, c’est la merde. Qu’est-ce que je vais bien pouvoir offrir à ma mère ?

    Et là, croyez-moi ou pas, j’ai pensé à une burka.

    Oui, je sais, c’est étrange.

    Mais c’est comme ça que je me suis souvenu de la soirée d’hier.

    Il s’est passé quelque chose, hier. Tout en travaillant sur cette indocile machine informatique, je suis tombé amoureux d’Houria Bouteldja. J’y suis enfin arrivé. Il faut dire qu’elle est assez jolie, tout de même. Oh, bien sûr, c’est arrivé en regardant la télévision, pas en vrai. Le service public, sans doute. J’avais bu un peu, et comme souvent quand je travaille, j’avais coupé le son de ce bruyant appareil électro-ménager. Je m’étonne d’ailleurs que la plupart des gens tolèrent un appareil aussi bruyant et ne pensent jamais à lui couper le sifflet.

    Bref, Houria m’apparut soudain, gesticulante, hystérique, – et muette.

    C’était fascinant. Je ne résistai pas, abandonnai mon travail et tombai à genoux devant l’appareil. J’étais fait. J’étais ravi. Amoureux. Transi.

    – C’est elle !

    – Qui ça, elle ?

    165928574.png– Mais l’avenir, Ducon.

    – L’avenir est féminin, tu as raison.

    – C’est l’avenir et elle est déjà là !

    – Féminin, mais pas seulement féminin.

    – Oh non, pas seulement.

    Je réalisai soudain que je dialoguais seul, chez moi, à genoux devant un poste de télévision. Décontenancé, je résolus de me servir un autre bon vieux whisky.

    Avant, je n’aimais pas l’avenir.

    Maintenant, c’est fini.

    Hip hip hip houria !

    Du coup, j’ai allumé une cigarette en culpabilisant. Même mon verre de whisky, je me surpris à le regarder de travers. Avec suspicion. Mais bon.

    Et, troublé, je me remis au travail.

    J’avais une commande à finir, et il était presque une heure du matin.

    Un dialogue commandé par un Centre touristique régional. La visite guidée d’un village médiéval. Avec son lavoir, ses rues en pente, ses murs en vielle pierre volcanique, son église banale dont il faut faire une merveille d’architecture sans alourdir toutefois le dialogue de considérations techniques qui risqueraient de gonfler le public. Bref, un truc casse-couilles, purement alimentaire. J’en étais à la page 32, je touchais au but, le dialogue entre sainte Ursule et la journaliste Catherine Cazals, parsemé d’expressions en langue d’oc, était presque achevé.

    J’eus soudain une idée de génie. Je sélectionnai les mots Catherine Cazals et commandai au traitement de texte (je ne ferai pas de pub pour Word ici) de le remplacer automatiquement par le mot Houria B. Ce qui fut fait dans la seconde.

    Je venais de gagner mes galons de citoyen citoyen.

    Génial. Cool.

    Je compris vite néanmoins qu’il me faudrait revoir l’ensemble du texte. Ma brave sainte Ursule ne pouvait plus se contenter de raconter simplement son histoire ; il lui faudrait maintenant passer aux aveux. J’accentuai chez Houria ce côté inquisiteur qu’avait déjà Catherine. La sainte se repentait, admettait, difficilement d’abord, un certain nombre de mensonges, simulations, etc., puis, finalement, se sentait « libérée » d’avoir ainsi causé et finissait par demander conseil à la belle Houria…

    J’aurais également volontiers remplacé sainte Ursule par sainte Ségolène, mais c’eût été une faute lourde.

    Dans la foulée, j’envoyai un mail à mes commanditaires, demandant une augmentation conséquente. Ces imbéciles seraient malavisés de me la refuser : je ne vous dis pas le procès…

    Houria, merci.

    Cigare sur le balcon.

    Revenu à la machine, je tapai sur un moteur de recherche (pas question non plus de nommer Google) son nom aimé. Au bout d’un moment, je tombai sur la vidéo d’un type nommé Yunis Al-Astal, député élu démocratiquement du Hamas, une organisation que soutient ma bien-aimée. Il disait ceci : « Très bientôt, si Dieu le veut, nous conquerrons Rome, tout comme Constantinople l’a été. »

    Ces propos me ravirent.

    Voilà des gens au moins qui n’ont pas perdu toute connaissance historique. Voilà des gens enfin qui nomment Dieu et se souviennent de Constantinople, capitale de l’Empire Romain jusqu’au 29 mai 1453. Voilà des gens qui se souviennent de Rome et de la Chrétienté. Des gens qui, en somme, n’ont pas renié leur propre histoire.

    Voilà des gens qui vont gagner.

    Time is Allah.

    Et nous pouvons compter sur des loosers à la Grenelle pour les y aider positivement. Du coup, le féminin Mickey Grenelle enfin me devint sympathique.

    D’où mon rêve.