Personne ne dit plus rien. D’ailleurs, n’importe quoi vaut n’importe quoi.
La peur des conséquences, dans un milieu où la consanguinité, de moins en moins métaphoriquement d’ailleurs, exhibe ses tarés, paralyse toute parole ; ou du moins la replie sur l’espace privé falsifié, conversations de café, bruits de couloirs, rumeurs invérifiables et donc également inattaquables. Le tout bien planqué derrière les discours d’apparat, généreux, solidaires, sociaux et sociétaux, transparents ! En public, on cire des imbéciles en grandes pompes, et les fréquents éloges journalistiques de trous-du-cul grand-dilatés ont cet avant-goût délicieux des oraisons funèbres. C’est tout un petit monde qui aspire à être jeune-mort de son vivant. Je dis jeune-mort, parce que les autres, qui ont six mois de décomposition à leur actif et sont vieux-morts, eh bien, le monde qui tourne toujours plus vite les a déjà oubliés, non sans raison. Les mafieux sont philanthropes, et ça se vend bien. C’est un milieu d’avant-garde qui a au mieux une journée d’avance sur ses imitateurs ; plus souvent, une heure ; quelquefois même du retard – lorsqu’un autre ahuri satisfait se met à hurler au plagiat.
La peur capitalise et fabrique du pouvoir, et encore de la peur. Réputations et cotations ont supplanté travail et talent, puisqu’ils ne s’achètent pas. C’est cela, ou bien l’anonymat glorieux, le pseudonymat héroïque, ah les beaux blogues ! Le courage à l’abri de la lâcheté, en somme. Des touristes ! La peur, la peur, vous dis-je. Vous voyez bien qu’il n’y a toujours personne. Des mafieux et des touristes. Les mêmes, selon les heures, aussi...
Formule. Les conséquences de ce que j’écris ne sont pas ce que j’écris. Elles n’ont même généralement rien à voir avec. Vraie ou fausse, l’incompréhension est un gouffre.
Je n’ai rien à foutre des conséquences.
– Mais la loi ?
– La loi demande un effort. Pas seulement dans la formulation, d’ailleurs.
– Un exemple ?
– Je ne nomme personne dans ce billet.
Quel effort.