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Porcherie - Page 27

  • BHL est grand et BHL est son prophète

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    Je suis dans la salle d’attente. J’ai mal aux dents. Je feuillette un magazine pipolitique, le repose, m’apprête à en prendre un autre rigoureusement identique, lorsque j’aperçois, quelque part dans le désordre des canards, ces mots : Les dix command… Je songe aussitôt au Décalogue, puis, me souvenant de la mort récente de Charlton Heston, au film de Cecil B. DeMille. Je dégage les monceaux de torchons en vrac pour accéder à celui portant ce titre, et là, que lis-je enfin ? « Les dix commandements de la laïcité, par Bernard-Henri Lévy. » Et donc, je rigole.

    Dans l’hebdomadaire Marianne. Ce monde, décidément, est une merveille.

    Je feuillette – un magazine ne se lit pas – l’atroce article en question, qui commence par dire que la laïcité, of course, n’est pas une religion, poursuit sa chute en vantant à mots couverts l’idée « républicaine » d’un marché à l’américaine des religions qui se valent toutes de ne se devoir présenter là que castrées et démilitarisées, pour s’écraser je ne sais comment puisque j’ai déjà retoqué l’article, l’auteur et le canard, lesquels après un vol plané quelconque finissent échoués sur le dessus de la pile d’illustrés pipolitico-publicitaires.

    « Sacré » BHL. Encore un des ces humoristes contemporains pour attardés mentaux, fourguant d’autor sa bouillie humanitaire avariée, éclaboussant partout dans des jouissances de détraqué tout-puissant, n’ayant d’autre compétence que sa médiocrité médiacratique, d’autre légitimité intellectuelle que celle des réseaux d’affaire, puisque tout finit dans cet égout-là.

    Le bonhomme est tout à fait réputé pour s’être fait des couilles en or (1) sur la misère du monde. Il est même tout à fait capable, ce philosophe de plateau télé (avec d’autres Glucksman – père & fils – de carnaval), de vous rendre bankable n’importe quel lointain génocide.

    Mais ce n’est pas ça qui m’ « éclate » le plus, non.

    893060564.jpgCe qui me fait rire tout seul comme un crétin dans cette salle d’attente, sous le regard inquiet d’une dame âgée, c’est l’idée que ce brave couillon aurifère de BHL (2) se prend pour Dieu. Pour le doigt de Dieu, même. Puisque l’Exode dit que le doigt de Dieu écrivit les Dix Paroles… Il y a bien trop longtemps déjà qu’il ne se prend pas pour rien, notre BHL des Droits de l’Homme.

    Ça y est, c’est fait, il est Dieu. Enfin !

    Même qu’il écrit les Dix Commandements sur ce Sinaï bouseux que lui devient l’hebdomadaire Marianne. Il se prend sans doute aussi pour Moïse, dans la foulée. Parce que tout de même, cette histoire de doigt de Dieu à l’époque des Droits de l’Homme, on ne peut plus tellement y croire. En bonne logique athée – et BHL, qui vit dangereusement, est addict à l’athéeine – on devrait supposer que les Commandements, puisqu’ils furent écrits, le furent en réalité par le rusé Moïse… Pas de problème : il peut bien être à la fois Dieu et Moïse, notre BHL international. Ça ne risque pas de le gêner. A moins bien sûr que BHL ne soit Dieu, Marianne Les Tables de la Loi de la semaine qui finiront à la poubelle et le Lecteur-Républicain-Citoyen lui-même Moïse (merde, il faut bien flatter un peu son lecteur, pour autant qu’une telle comparaison puisse encore le flatter). C’est comme vous voulez, puisqu’on est en démocrassie.

    Je suis le Seigneur ton Dieu (Qui t’a fait sortir du pays d’Egypte). Tel est le premier des Commandements – de la Bible, hein, pas de BHL (mais il pense sans doute à l’adapter à sa sauce, pour un prochain succès de supermarché). Les catholiques s’arrêtent où commence la parenthèse, les juifs retiennent la phrase entière. Et alors ?

    Alors la dame âgée me prend à présent pour un cinglé complet. Un psychopathe (il faut avouer que je viens tout de même bien de lire une bonne demie page de BHL, ce qui ne plaide guère en ma faveur). Elle a peur, je le vois. On est chez le dentiste, tout de même. J’ai une chique à la joue droite et je rigole. Bon. Je prends sur moi. Je cesse de rire.

    Mais quand même murmuré-je :

    423334377.jpg– Apprends donc à compter jusqu’à quatre, BHL, sinistre couillon aurifère, ton imbécile Tétragramme n’a que trois lettres ! Et puisque YHWH (Yahvé) se doit prononcer Adonaï (id est Seigneur, en gros), comment devrait-on prononcer BHL ? Mammon ? Le Ploutocrate ? (3)

     

     

     

    (1) Peut-être était-il né avec. Mais il s’en fait souvent faire idolâtrement de nouvelles, tout à fait artificielles, et qu’il porte ostensiblement en écharpe par-dessus son décolleté, afin qu’on les lui lèche – ce qui, immanquablement, advient.

    (2) Voir (1).

    (3) Question subsidiaire : Où est passé Aristophane – dont l’ultime pièce fut Ploutos –, « notre Sauveur suprême Aristophane », comme l’écrit dans Opération Shylock Philip Roth ?

  • Immensité de Philippe Minyana (fabula rasa 3)

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    J’aime bien Philippe Minyana : il faut pour tartiner à ce point-là rien moins que rien une sorte particulière de génie, fût-il immensément dérisoire ; et pour tirer de cette boursouflure de néant rien moins qu’une carrière, il faut une endurance, une persévérance, peut-être même une foi dans l’infatuation, qu’aucune sorte réelle de doute jamais n’entache. Pour répondre avec une aussi admirable continuité au commandement mutique de l’époque, qui veut – l’époque comme son commandement, puisqu’ils sont apparemment permutables à l’envi – que de ce rien l’on fasse du bruit (je songe au bruit que font les êtres humains, le plus souvent, lorsqu’ils s’imaginent parler), il faut avoir placé très tôt, et incessamment, donc, l’entièreté de son talent dans le travail de réticulation que demande, que dis-je ? qu’impose le théâtre de service public, en cela exactement identique au reste du monde, qu’il condamne pourtant à tour de bruit pour immoralisme du haut de ses chaires mortes. Mais tout de même, il ne s’était encore jamais vu qu’une œuvre aussi intégralement vaine et vide atteignît les sommets de la culture publique. Comprenez-moi bien, camarades : Philippe Minyana n’est pas une exception, il est simplement un pionnier et c’est bien différent. L’indifférence du public à son œuvre ne semble pas décourager un instant, bien au contraire, les petits décideurs autocrates de Ministère, lesquels sont bien évidemment, dès qu’il s’agit d’ordure et de pognon, imités par tout le jeu de dominos des « diffuseurs d’ambiance », directeurs de salles de spectacle pour la plupart, ces larbins strictement imbéciles chargés de veiller à ce qu’il faut bien nommer l’uniformité nationale de la diversité culturelle. Il a même pu se trouver que des lycéens des filières littéraires à option théâtre, bienheureux qui n’avaient même jamais entendu parler de Dom Juan, fussent contraints par les programmes de l’Education Nationale (sic) à « étudier » telle ou telle des déjections de notre dramoncule patenté. Et un tel héraut de la bouillie dramatique contemporaine, hissé jusques au faîte de cette gloire de pacotille que lui trament nuitamment les tâcherons du journalisme le plus confiné, et par ailleurs subventionné par ces mêmes décideurs autocrates, ne pouvait pas, comme pour justifier de son rang, ne pas à son tour s’entourer d’une courette de metteurs en scène en mal de reconnaissance, de comédiens et comédiennes cherchant d’improbables Molières dans les décombres partout étalés de l’intelligence. Rien donc, on le comprendra aisément, ne pourra me consoler d’avoir manqué le passage dans ma ville de la dernière déjection spectacularisée de notre dramoncule de service public, laquelle déjection n’est rien d’autre en réalité que l’offrande votive que doit Minyana au Système qui depuis longtemps maintient son indigence à hauteur de confort. Laquelle pièce a pour titre on ne peut plus profond – pour peu que l’on songe à la satisfaction de la corvée enfin achevée d’écrire, un tel titre s’éclaire de lui-même : Voilà ; laquelle pièce est présentée ainsi dans le programme du théâtre public de ma ville, sans qu’il ait semblé nécessaire à quiconque, tant la chose sans doute n’a pas semblé importante, de préciser à qui exactement on devait une telle prouesse d’analyse du réel (le réel, c’est ce qui a remplacé la réalité) : l’auteur, notre génie selon l’organigramme, ou son metteur en scène, demi-mondaine de système pouvant espérer au mieux le demeurer, ou encore un anonyme du théâtre d’accueil et paniqué de résumer l’indigence :

     

     

     

    « Épopée de l’intime, refrains et ritournelles du temps qui passe.

    Qu’est-ce qu’on dit, qu’est-ce qu’on fait quand on rend visite à quelqu’un ? On s’embrasse, on offre fleurs ou nougats ; on s’embrasse encore ; on demande des nouvelles, on rit, on rit si fort qu’on se met à tousser ; et puis on éternue. Il faut fermer la fenêtre ! Ah non ouvre la fenêtre ! On boit, on mange, saucisses ou riz pilaf ; on va dans le jardin. Ils sont beaux tes cognassiers !

    Et puis on se quitte ; on s’embrasse ; on se dit au revoir, à bientôt ! Et puis on revient, on s’embrasse, on offre fleurs ou nougats. Oh le beau foulard ! Mais non c’est un mouchoir ! On rit, on éternue. Oh, j’ai un frisson ! Ferme la fenêtre ! On s’étreint, on se fait des confidences. J’ai un traitement à la cortisone ! À la cortisone ! On toque à la porte ! Qui est-ce ? Ils reviennent encore. Le temps est passé. Ils ont des enfants. Oh les beaux enfants ! Coco prête ton jouet ! Mais où est la vieille Betty ? Et qui toque à la fenêtre ?
    Les trois amis viennent chez Betty, qui vit seule avec son chat. Où ça ? À Juvisy-sur-Orge ? Peut-être ! Il y a Ruth, qui a de beaux cheveux, Nelly qui rit à perdre haleine, Hervé, qui a une moustache. Hervé a un chien. Dans la maison de Betty il y a la cafetière, le coucou, une grande baie et une porte-fenêtre, des chats, des plantes. Ruth, Nelly, Hervé sont ses amis. »

     

     

     

    N’est-ce pas intégralement magnifique ? Et l’on voudrait que je me console d’avoir manqué une merveille de cet acabit ? Mais je triche, évidemment : Rien ne me console comme justement cette présentation ; elle a même l’étonnant mérite de discriminer comme parfaitement imbéciles les personnes qui, n’ayant aucun intérêt à se faire voir pour raisons de réticulation professionnelle, l’ayant lue, se sont néanmoins rendues au théâtre pour y voir Voilà de Philippe Minyana. Conclusion : Minyana est une Province du ridicule, Cantarella est son chef-lieu, Giorgetti son sinueux cours d’eau – sécheresse et grandes crues…

    Liens :

    Fabula rasa

    Joris Lacoste, génie (fabula rasa 2)

        

  • Placet beau

     

     

     

    Jour de poésie, sans doute (« Le français se cache pour mourir »). Le texte qui suit est de 2006 et je dois vous avouer qu’à l’époque, j’avais encore l’impression d’exagérer quelque peu…

    …Je publie donc ici, non sans une générosité certaine que mes détracteurs réactionnaires ne manqueront pas de me reprocher, ce modèle universel de lettre de candidature, de lettre de demande de subvention, de lettre de motivation, voire même, moyennant quelques changements légers, de lettre à un éditeur subventionné, modèle universel à l’usage de mes collègues auteurs dramatiques (1)… Ce geste charitable, totalement gratuit, devrait valoir aux signataires leur obole. J’ai moi-même à maintes reprises testé ce modèle ; toujours avec succès. Je recommande de conserver son titre (j’allais dire son « générique ») : Placet beau, lequel contient un jeu de mots de la plus belle facture impayée (comme ceux qu’on peut lire dans le quotidien Libération).

    Pour parler comme mon personnage : l’Ôteur, je dirai que : l’obligation de me citer n’est pas obligatoire.

    (1) On croyait savoir que la SACD s’occupait des auteurs et compositeurs dramatiques, dont elle est la société ; mais l’extension bien légitime d’une part de la notion d’auteur, la montée en puissance de l’analphabétisme égalitaire d’autre part, ont conduit à reconnaître, pour le seul spectacle vivant, des auteurs de : théâtre, théâtre musical, mime, arts du cirque, one man show (en français dans le texte), arts de la rue, opéra, spectacles de sketch(es) (idem), chorégraphie, comédie musicale, sons et lumières.  C’est dire si mon aide est précieuse.

     

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    L’ÔTEUR. – Ce placet beau, très beau, est vidament dédiécassé au Citoyen Suprême, lequel bien sûr ek-siste ainsi que tout le monde le suce. Faut-il le dire que le Citoyen Suprême c’est je-tu-vous dès lors qu’il n’y en a plus rien du tout de l’individuel dedans, c’est n’importe lequel des qui qui ne se l’envoie pas dire et le dit lui-même de lui-même que c’est lui. Ou toi. Mais surtout moi. Parce que l’Etat c’est moi et que moi, l’Etat je lui chie sur sa gueule.Voilà pourquoi que mon teste, beau comme ma semence, en même temps c’est vachement digne de se faire recevoyer par vous, ô Citoyen Suprême ! Et donnez-moi seulement du popognon et je serai guéri de pas recommencer encore. J’espère que vous me comprendez. D’autant que j’y ai droit à le pognon, vu la rage de révolte dedans que j’ai. Car parce que c’est là que je la fais, ma référence humblement. Car en tant qu’artisteur globalisé je me comprends moi-même déjà pas mal. Oué. Même que j’en ai causé avec des amis à moi qu’ils étaient bien d’accord après des bières que mon teste il est génial.

    Bref, tout ça le théâtre c’est que pour dire que les artistes ils sont comme les citoyens, je veux dire unis ensemble mais avec des grumeaux de communautés rouges plein partout dedans quand même en plus, comme les morceaux de fruits dans les yaourts je sais plus lesquels. Car c’est du yaourt superpositif oué, la Républicité de la démocrasse. Mais aussi que si les artistes ils sont comme les citoyens alors aussi l’inverse c’est vrai que les citoyens ils sont comme les artistes, y a pas de raison. Bref quoi, ici c’est suprême qu’il est le Citoyen, surtout qu’il lutte contre. Car parce que c’est un rebelle avant tout, tu vois ? que le citoyen sans rien, en fait il a tout dedans qui fait qu’il est pareil que les autres, quoi. C’est un artiste, si tu veux. Comme nous tous si qu’on veut, merde. Et on va tout niquer le pays comme une pétasse dans la tournante.

    Voilà, Citoyen Suprême, c’est pour toi ce placet beau subversé, et puisque c’est kif-kif c’est aussi de toi un peu qu’il est, ce placet ; et si que je le dis c’est pour dire merci comme quoi tu nous a éduqués bien dans ta sorbonne d’où qu’on vient. Qu’on est là nous aussi pour les péter les enculés de gens pas-qui-résistent, oué, et faire sur les trottoirs des flaques de sang comme une grosse et virginique œuvre d’dard. Oué. Merci. Casse-toi, Président de mes couilles et merci pour les susventions de la culture.

  • Culture en danger à Bronzeculand France

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    Je reçois ces jours-ci des mails m'avertissant que la Culture est en danger.

    Ce n'est pas la Culture qui est danger, c'est l'aberrant Système Culturel d'Etat.

    La Culture, il y a lurette qu'elle n'est plus en danger ; je veux dire : il y a lurette qu'il n'y en a plus. Ou presque.

    (Ou presque. C'est important, tout de même.)

    Le Système Culturel d'Etat n'a positivement rien à voir avec la Culture.

    Il en est seulement la destruction.

    Ce Système produit simplement cette contrefaçon de Culture que j’ai nommé Culutre, et dont je répète ici la définition :

    « J’appelle Culutre tout ce dont, programmatiquement, il ne doit demeurer rien : c’est-à-dire presque tout. »

     

    L’Education Nationale (sic) et le Système Culturel d’Etat ont travaillé ensemble à l’évacuation presque totale de la vieille Culture (plus de) deux fois millénaire.

    Ils ont travaillé ensemble à l’éradication de la culture grecque, de la culture latine, de la haute culture chrétienne médiévale, de la Renaissance du XVI° siècle, de la grandeur classique (française) du XVII° siècle.

    Ils n’ont conservé comme préhistoire nécessairement mal connue que ce qu’ils appellent les Lumières, lesquelles sont censées naturellement déboucher sur la Révolution merveilleuse de 1789, laquelle même semble baigner dans une aura mythique, légendaire, en un mot : métaphorique.

    Pourquoi métaphorique ? Parce que, pour prendre une comparaison avec la Chrétienté défunte, la Révolution française est vétéro-testamentaire (tragique), tandis que son redoublement lumineux en mai 68 tient lieu d’Evangile, de Bonne Parole nouvelle (farcesque), d’actualisation en principes simples de la complexité ancienne, au crétin formaté.

     

    Mais maintenant que ce programme d’éradication de la vieille Culture est parvenu à son terme, ceux qui en furent les exécutants deviennent évidemment inutiles.

    L’Université est (enfin !) en capacité de prendre efficacement le relais.

    Elle-même va enfin détruire le vieux fonds de connaissances qu’elle archivait précieusement.

    Cela devient sérieux, voyez-vous.

     

    On déblaye donc les clowns.

    Ave Jack Lang, morituri te salutant !

    Le Système Culturel d’Etat ne sert plus à rien.

    Il a trop bien marché. (« Trop bien », ouais.)

    On ne conservera que la vitrine, pour les touristes du Bronzeculand France.

    On les dégage, ces serviteurs zélés du néant.

    Ils se plaignent, ils aboient qu’on les assassine.

    Je les comprends.

    Des années de bons et loyaux sévices au service de la destruction de la Culture.

    Sans compter une chose : c’est l’Etat lui-même qui a créé ce Système (ce n’est pas eux).

    C’est l’Ecole de la République qui a poussé ces nouveaux analphabètes à se prétendre artistes.

    Et quoi ? maintenant, ce même Etat – puisque, rupture ou pas, Mickey Grenelle Président ou rien, il y a le principe juridique de continuité – vient les foutre dehors en leur disant qu’ils ne servent à rien.

    Alors que non c’est faux : c’était précisément leur utilité de rebelles à la con au service de l’Etat de ne servir à rien.

    Ils servaient à ne servir à rien.

    Ils ne servaient même, non sans zèle, que le rien.

    Et je n’aurais pas le cœur de dire que cela au moins, ils ne l’ont pas fait parfaitement.

     

    Ils disent donc que la Culture est en danger.

    Alors que c’est simplement le statut social de ces fonctionnaires du néant qui est en danger.

     

    La Culture, elle, a migré ailleurs.

    Elle a pris le maquis.

    Elle s’est réfugiée sur les hauteurs.

    Elle est à sa place.

    Mais on n’y accède pas.

     

    C’est à empêcher qu’on accède à la Culture qu’a servi le Service Culturel d’Etat.

    Avec son ersatz de merde de Culutre.

    Et maintenant, tout le monde a oublié l’antique Culture.

    Alors, donc, je l’ai déjà dit, on se débarrasse de flicaillons de la non-Culture.

    On a les professeurs d’Université formés à ça désormais, plus efficacement. Pourquoi plus efficacement ? Parce qu’ils vont toucher tout le monde, tous les bacheliers de France. Alors que le Système Culturel d’Etat, lui, n’a jamais pris vraiment. Les gens n’ont pas marché. Ils étaient encore libres, les gens, d’aller ou de ne pas aller au spectacle (et ils n’y allaient pas tellement). Ils ne sont pas si cons, les gens. Mais leurs rejetons n’auront pas le choix ; tous ceux du moins qui n’auront ni le niveau scolaire (sic) ni le niveau de vie pour entrer aux grandes écoles : tous passeront à la broyeuse, avec l’enthousiaste perspective de broyer à leur tour les ruines de la Culture !

    Il y a un nouveau monde, de nouvelles perspectives.

    Il ne peut plus y avoir d’intermittents du spectacle.

    Pourquoi ?

    Mais parce que tout le monde l’est devenu.

    Tout le monde devrait avoir accès au statut (ça, ce serait égalitaire au moins ; et cool, en plus).

    Regardez Mickey Grenelle, le PDG de Bronzeculand France (ex-République française), est-ce qu’il n’a pas parfaitement intégré sa part d’intermittence du spectacle ?

    Est-ce qu’il n’est pas même le meilleur de tous les « permittents » (barbarisme formé de permanence et d’intermittence) ?

    Super, non ?

     

    On se débarrasse donc des flicaillons de la non-Culture.

    Et de leur point de vue, bien sûr, c’est un scandale.

    Je les comprends.

    Mais eux ne comprennent rien. Et en tout cas pas la manipulation dont (ô joie !) ils furent les consentantes victimes.

    Ils sont réellement convaincus d’être la Culture.

    Parce qu’enfin, quoi, merde, c’est leur statut.

    Et c’est l’Etat lui-même qui leur a refourgué ce statut à deux balles.

    Alors ils pleurent qu’on assassine la Culture.

    Et qu’ils vont perdre leur statut.

    De leur point de vue, c’est un scandale.

    L’Etat, qui les a si merveilleusement bien conditionnés à servir le plus rien en posant aux rebelles, vient leur dire : C’est fini.

    Mission accomplie.

    Vous avez bien niqué la Culture.

    Elle est partie ailleurs et personne n’ira l’y chercher.

    On n’a plus besoin de vous.

    Le type comprend qu’on lui dit, en somme :

    Vous avez bien bossé, les gars.

    Vous êtes virés.

    Encore merci.

    Alors il fait la gueule.

    Je comprends très bien ça.

    Il va manifester.

    Faire grève, qui sait.

    Faire grève de rien.

  • Welcome to Bronzeculand ! (2) : Independance Day

    L’Occident meurt en bermuda.

    Philippe Muray

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    Je dois cette nouvelle caricature du Pro-Fête à la persévérance incongrue de mon ami Alain Potent, du journal de préséance l’e-Monde, retourné au Palais de l’Elysée pour connaître l’opinion de Mickey Grenelle, PDG de Bronzeculand France (ex-République française) sur l’indépendance autoproclamée de la province serbe du Kosovo.

     

    ALAIN POTENT. – Mais alors, Monsieur Mickey Chef, quoi que vous en pensez, dites donc, de l’indépendance de ce Kosovo que vous avez reconnu ?

    MICKEY GRENELLE. – L’indépendance du Kosovo ? Une phrase de plus en plus pour moi, un grand pas pour le Jihad islamique. (Ah merde, ça, non, y follait pas kjel dise…) Eh ben quoi, c’est vachement bien, merde, la liberté !