Theatrum Mundi - Page 25
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Lectures, manip' et chanson d'amour
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Par-dessus la jambe
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Note marginale
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Mon Fatras
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[sans titre]
cela m'amuse assez mais
quand j'ai ouvert ce blog, enfin sa première version, en 2007
c'était pour arrêter d'écrire, quelle bonne blague quand j'y pense
pour arrêter d'écrire
la graphomanie est l'eczéma purulent de cette société d'images fausses et de consommation fétichiste
pour arrêter d'écrire à côté
et poser sur la toile, en désordre, ce qui venait
selon l'actualité, les lectures, les coups de gueule
et aussi pour conchier le milieu culturel qui n'est plus même assez signifiant pour mériter le mépris réel d'une personne sensée
et aussi pour voir si ce bazar trouverait quelques lecteurs et en effet le quelques n'est pas de trop, mais enfin s'ils sont bons lecteurs, enfin prions
sur le blog il y avait plusieurs lignes et je les découvrais à mesure qu'elles venaient et c'était amusant
et j'essayais à côté de ne pas écrire, ou très peu, le moins possible
écrire le moins possible une chose construite, sensée, arquée à la raison
je n'y parvenais pas vraiment
j'ai quand même commis quelques pièces, grillé mes avant-dernières cartouches dans un spectacle sur le milieu culturel, inventé un Yann-Henri Arthus-Lévy dans une commande sur la Françafrique et enfin, au sens de pour finir, inversé l'histoire d'Antigone
faisant régner celle-ci et s'opposer à elle le vieux soldat Créon
j'ai écrit ensuite quelques autres histoires aussi, une adaptation de La Barbe Bleue pour un plateau télé de bazar et un truc tout léger, Le souverain, le diable et moi, c'était juste avant d'envoyer promener
tout ce milieu d'authentiques génies et mes propres productions désuètes
qui coûtaient de l'argent et rencontraient finalement moins d'audience que le bazar impensé que je balançais sur la toile au gré de mes humeurs donc
et juste avant d'envoyer promener cette arnaque-là j'ai passé presque un an, oh avec des interruptions franchement immenses, à écrire les 1200 mots
de cette courte pièce, ironique anecdote intitulée Une pièce parfaite que je me refuse à faire vraiment circuler
c'est une pièce avec un homme et une femme et voilà bien tout ce qu'il y a à en savoir
et du coup j'ai fait plusieurs métiers que je n'aurais pas appris si j'étais resté chez les crabes du cancer culturel
avec un peu de recul je trouve ma prise de position initiale assez incohérente, ce qui ne m'étonne pas tellement au fond
d'autant que maintenant je me suis mis à écrire à côté pour de bon et au moins ce ne sera pas
du théâtre, pas
un roman, pas
un poème, pas
un essai, et le reste de toute façon ou ne m'intéresse pas ou se trouve loin au-delà de ma maigre sphère de compétences
bref c'est ce blog qui est devenu écrire à côté et je compte bien y écrire beaucoup moins
et si je le dis ici c'est parce que ça n'a rien à faire à côté je veux dire de l'autre côté
où vous n'avez pas accès, où vous n'aurez peut-être jamais accès
et ça ne vous manquera pas
et c'est bien mieux comme ça pour vous, pour moi
et pour l'indifférence
le mieux serait bien sûr de ne même pas écrire et juste de loin en loin relire Malaparte ou Bernanos, voilà
alors quand une vague connaissance du milieu me dit que mon comportement ces dernières années a été suicidaire, non mais alors suicidaire, de prise de position en prise de position
je me dis que ce serait pour une fois vachement bien qu'il ait raison
et que je sois ainsi passé du côté de la vie
mais fondamentalement je doute
et j'aime bien disparaître
alors