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Par-dessus la jambe

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Expédier. Le texte exactement sur lequel tu butes depuis des années et des années, et que tu as retourné en tous sens, et creusé au point que tout ton pauvre édifice sous-terrain à présent semble menacer ruine, l’endroit de ton obsession majeure en somme, ton point de butée de pauvre humain borné, le texte toujours à venir et que tu ne cesses de recommencer sans jamais aller plus loin que le recommencement suivant, eh bien, espèce d’ahuri botoxé au sérieux littéraire, tu n’as qu’à le torcher en trois pages, et par-dessus la jambe, en n’en ayant pour ainsi dire rien à branler, ou au moins en faisant semblant à fond, histoire de se donner le change en n’en pensant pas moins et toutes les byzantineries que tu voudras, oui, torche, torche, ton point de butée est ton aveuglement, décille-lui la gueule dans un rire aristophanien bourré de saloperies et de vulgarités variées, oui, ton putain de pauvre point de butée, le noyau à la con sur lequel tu butes depuis que tu te prends pour toi, avec une maniaquerie intimiste un peu téléphonée, et ça, ca, ça, c’est vraiment moi, pauvre narcissique à deux balles, mais pète-le à la hache ton point de butée, défonce-z-y sa gueule, atomise-lui le noyau ! Il en sourdra du miel, le sel de la terre et la lumière du monde si tu as de la chance, et une daube exactement équivalente aux autres que tu as déjà produites si tu n’en as pas, ou peut-être même un peu plus drôle cette fois, mais ça te prouvera au moins que ce n’était pas la peine de se polariser comme ça, mon lapin.

 

 

 

 

 

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