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Theatrum Mundi - Page 26

  • Le Nouveau Théâtre Populaire

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    A la marge d’un paysage théâtral français aussi assis que sinistré, cultivant avec une complaisance macabre scepticisme et morosité, cherchant à étendre à tout le réseau national décentralisé un parisianisme imbécile, puissante petite chapelle inféodée à l’idéologie libérale-libertaire violemment mise en avant par un Ministère de la Culture et des médias éprouvant des difficultés à franchir le périph’ et luttant à toute force contre ce qu’il demeure d’un universalisme français ; à la marge, disais-je donc, de cette gabegie déprimante prompte à faire fuir tout ce qui n’est pas soumis déjà à l’idéologie en question ou réquisitionné par l’Education nationale, s’est discrètement développé, ces cinq dernières années, le Festival NTP – Nouveau Théâtre Populaire. Cette entreprise à la fois « humble et mégalo », née de l’initiative d’une quinzaine de jeunes comédiens, pour l’essentiel pourtant formés dans les cadres institutionnels existants, s’installe chaque mois d’août dans un bled inconnu de 800 habitants du Maine-et-Loire, Fontaine-Guérin, et propose en plein air une vingtaine de représentations en douze jours. Essentiellement des grands textes. Avec un succès croissant. C’est au moment où la troupe est confrontée à la nécessité d’acquérir la maison où elle se produit, et où elle fait appel à la générosité du public, que j’ai rencontré Léo Cohen-Paperman, un des membres du NTP.  

     

     

     

    PA. La simple liste des auteurs montés par le NTP, à Fontaine-Guérin, laisse rêveur… Hugo, Corneille, Shakespeare, Feydeau, Büchner, Molière… et pour cet été Brecht, Maeterlinck, Ovide. L’acte fondateur, construire de ses mains un plateau de théâtre pour amener les grandes œuvres du théâtre où il n’est pas, est à la fois très symbolique et très concret. Les références au Théâtre du Peuple de Bussang ou à Copeau, toutes proportions gardées, comme le détournement du logo du Théâtre National Populaire, paraissent immédiatement justes. En même temps, on se dit que, presque cent ans après l’appel du Vieux-Colombier de Copeau et après des décennies de décentralisation théâtrale (mais décentralisera-t-on jamais autre chose que le centre, le centre toujours recommencé ?), c’est comme si rien n’avait été fait vraiment, que la décentralisation avait foiré complètement jusqu’à devenir un discours parisien de moins en moins épatant, à moins que tout ne soit toujours à refaire, pour qu’un groupe de jeunes acteurs formés dans les écoles nationales de théâtre en vienne à aller installer un plateau artisanal dans une commune inconnue, à travailler bénévolement et à donner en douze jours plus de vingt représentations.

     

     

     

    LCP. Il est difficile de répondre à ta question sur la réussite de la décentralisation théâtrale. Qu'est-elle devenue ? Comment peut-on juger de sa réussite ou de son échec ? Au nombre de spectateurs ? A l'accès aux salles pour le plus grand nombre ? Je répondrai en parlant du festival, qui se veut populaire (car la force du théâtre, c'est d'être populaire - sans être majoritaire).  

     

    La force du NTP tient, à mon sens, en ce que le festival n'est pas né dans un cadre institutionnel. Il est le fruit d'un mouvement collectif – ce qui est déjà une victoire sur le néant ! Nous avons inventé le NTP parce que notre horizon d'artiste, à Paris, était nul.  Egoïstement, le festival représentait d'abord pour nous la possibilité de faire nos armes en nous confrontant à de grands textes. Aujourd'hui, il est très difficile – quand on estime que son travail mérite un salaire – pour un jeune metteur en scène de monter au cours de la saison théâtrale une production avec plus de cinq acteurs au plateau. La conséquence immédiate de cette difficulté est l'impossibilité (ou la peur) de se confronter aux grandes œuvres du répertoire et de les montrer à un public. Le NTP a permis cela. De jeunes femmes et hommes de théâtre s'arrogent le droit de relire Corneille, Shakespeare, Molière... Sans rien demander à personne. C'est donc la naissance d'une génération.

     

    Avec le temps et la franche réussite qu'a rencontrée notre entreprise, je me suis beaucoup interrogé sur la signification de ce succès. Pourquoi les gens (et je ne parle pas des gens du métier, mais de l'ensemble du public, très hétérogène, qui vient nous voir chaque été) viennent-ils si nombreux et nous font-ils des retours si encourageants ? Dire que cela tient uniquement à notre talent serait faux et prétentieux. Les spectateurs nous parlent souvent du cadre idyllique, ce plateau de bois qu'on découvre caché dans un jardin - et autour le cimetière, la forêt et  l'église... Sans le formuler, je crois qu'ils apprécient d'abord la permanence de l'entreprise, son immuabilité, dans un certain sens. Les gens verront chaque année la même troupe traverser des œuvres aussi différentes que Corneille, Brecht, Maeterlinck, Shakespeare... Chaque année, cette troupe appartient un peu plus à son public.

     

    Ce qui rend possible cette reconnaissance, je crois, tient d'abord dans le fait que nous ne cherchons pas le mouvement. Nous cherchons d'abord (et le reste vient, mais il vient ensuite) à faire du théâtre là où nous sommes. Sans le savoir (ce serait mentir car maintenant, nous le savons), nous luttons. Aujourd'hui, j'ai le sentiment que tout doit être mouvement (je me permets là-dessus de renvoyer au livre de Jean-Claude Michéa, Les Mystères de la gauche), et que le théâtre n'échappe pas à la règle. Au XXIe siècle, on ne fait pas une pièce pour son public, ou pour un public. On fait une pièce pour qu'elle tourne. C'est fade, c'est triste. Au NTP, nous créons d'abord nos spectacles pour qu'ils puissent habiter un lieu bien précis. Nous donnons d'abord nos spectacles à notre public (j'entends par notre public : tous ceux qui viennent assister à nos représentations). Cela n'est pas démagogue, dans la mesure où nous ne cherchons pas forcément l'approbation. Nous travaillons avec lui à la construction d'une histoire commune. C'est peut-être en cela que le NTP ouvre une nouvelle page de la décentralisation, en résistant aux pratiques habituelles du théâtre public, qui veut mettre dans le  mouvement du marché chaque nouvelle production. Un théâtre, une troupe, un lieu.

     

    D'une certaine manière, donc, nous sommes réactionnaires (puisque le progrès consisterait en l'application de la formule « toujours plus de mouvement, toujours plus de marché »). A Fontaine-Guérin, nous proposons un théâtre exigeant et populaire. Exigeant dans la mesure où chaque metteur en scène (dont le projet doit être au préalable accepté et voté par la troupe) propose une véritable lecture d'un texte. Il ne s'agit pas seulement de donner à entendre tous ces grands auteurs, mais d'en faire une expérience singulière. Populaire ensuite, dans la mesure où nous ne faisons « que » du théâtre. J'insiste là-dessus car il me semble que c'est ce qui a peut-être perdu une partie du mouvement de décentralisation. Le NTP est un festival de théâtre, parce que nous ne savons faire que ça ! Et le public retrouve dans cette simplicité, dans cette immuabilité une chaleur et une certitude qu'il ne trouvera pas dans un théâtre public, puisque celui-ci est et se veut reflet de toutes les modes (bonnes ou mauvaises, ce n'est pas à moi d'en juger), des toutes les tendances actuelles de l'art vivant, bref... De ce qui passe. Toujours l'idée libérale du mouvement. Nous, humbles et mégalos en même temps, proposons une idée plus ferme et plus durable du théâtre. Il n'y a pas de danse, pas de soirée à thèmes, pas de cocktails dansants. Il y a du théâtre. Et c'est bien !

     

     

     

    PA. Je crois que tu réponds tout de même, au moins sur deux plans, à propos de la décentralisation. Que le théâtre public veuille mettre dans le mouvement du marché chaque nouvelle production dit assez bien ce qu’il est devenu et que, contrairement à ce qu’il répète comme un mantra, il ne résiste à rien du tout, mais participe sur une base de financement public à cette libéralisation de tout et de n’importe quoi ; au surplus, je pense qu’une telle affirmation n’aurait pas été aussi juste il y a vingt ans, ou qu’elle aurait alors appartenu aux choses qu’on pouvait redouter, et qui sont hélas advenues. Mais tu réponds aussi en opposant de fait l’idée du théâtre populaire (« que » du théâtre) à celle du théâtre public (« toutes les modes… toutes les tendances… ce qui passe »), c’est-à-dire en opposant ici populaire et public, deux qualificatifs qu’on avait longtemps voulu compatibles, et qui semblent bien ne plus l’être, puisque le NTP ne peut réellement se développer que hors de l’institution. On retrouve d’ailleurs là, appliquée à la chose théâtrale, cette idée d’une rupture fréquemment dénoncée entre le peuple et l’Etat (ou je ne sais quelles élites). Il se peut donc que le théâtre public soit amené bientôt à produire de moins en moins de théâtre, mais des spectacles vivants de plus en plus nomades et à la qualité de langue de plus en plus réduite, et que des entreprises plus spécifiquement théâtrales, à la fois différentes et comparables à la vôtre, soient amenées à voir le jour, et à s’ancrer localement. D’ailleurs, si l’on pousse un cran plus loin, on s’aperçoit que le NTP aujourd’hui fait appel aux dons de personnes privées pour acquérir la maison où il se produit à Fontaine-Guérin, et a donc recours, même dans une économie pauvre, à la sphère privée pour s’implanter localement, quand, au contraire, l’institution publique mise tout sur la rhétorique libérale du mouvement dans une espèce de fuite en avant où tout ce qui se fait de neuf est bien puisque neuf, etc…

     

    Ce qui me fait un petit peu tiquer, et sur quoi je voudrais t’interroger plus avant, c’est l’idée de génération. Je reprends ce que tu dis : vous êtes de jeunes hommes et femmes s’arrogeant le droit, et c’est heureux, de relire les anciens. En quoi est-ce la naissance d’une génération ? En quoi cela se distingue-t-il d’un phénomène de bande, puisque l’idée de génération implique aussi celle d’un lien fort, filial, et souvent celle d’un partage concret (du plateau, par exemple) avec la génération précédente et, à terme, avec la génération suivante ? Je comprends bien que les choses se sont faites sur un constat quant au milieu et sur une impulsion fougueuse, nécessaire, mais le risque n’est-il pas de devenir une bande, une strate de plus dans un monde qui stratifie, essentiellement pour des raisons de consommation : le monde théâtral est plein de petites compagnies de gens du même âge, dans les unes des gens de cinquante ans font encore les jeunes premiers, dans les autres des gens de vingt-cinq jouent les barbons. Et de la même façon qu’on peine à représenter le monde en étant quatre ou cinq sur un plateau, peut-on représenter le monde quand tous ceux qui prennent part à la représentation ont le même âge, au risque que la représentation la plus juste des milieux et des âges ne soit de fait… dans le public ? Et encore une fois, je comprends bien que les choses initialement se distribuent de fait ainsi, mais je voudrais savoir comment le NTP, s’il l’envisage, envisage cet aspect.

     

     

     

    LCP. Je ne rejette pas l'idée de partage entre les générations ! Il n'y a rien de plus puissant que de voir sur scène les trois âges réunis – père, fils et grand-père. Le NTP a déjà accueilli des acteurs plus âgés ou plus jeunes. Je pense au Diègue du Cid ou au Fléance de Macbeth. Pour l'avenir, il peut être réjouissant d'imaginer comment d'autres père, grands-pères et – bientôt – d'autres fils pourront continuer de grossir nos rangs.

     

    En revanche, il est important de rappeler que la conception et la mise en œuvre du festival nous appartiennent. Nous sommes nés lors de l'effondrement du bloc communiste, nous n'avons connu que le capitalisme libéral et triomphant. Le premier événement marquant pour notre génération fut le 11 septembre (et le délire sécuritaire instauré depuis). Nous amorçons notre vie de femmes et d'hommes au moment où l'état de crise économique, écologique et politique est vécu comme un fait structurel. Plutôt que de remplir le tonneau sans fond comme les Danaïdes (et pour nous, cela signifierait de devenir uniquement les servants du système), nous avons décidé de rompre le cycle, de faire un « pas de côté ». Cette rupture pour revenir au plus près du réel (nous avons construit nous-mêmes notre plateau, et cela est à la fois concret et symbolique) révèle notre élan joyeux, optimiste, espérant. Le NTP est d'abord né, je crois, de notre irrépressible besoin d'espoir, quand tout autour de nous poussait à la résignation. Le répertoire proposé jusqu'ici reflète bien cette idée. Shakespeare, Hugo, Corneille, Brecht... Plutôt que Tchékhov, Ibsen (celui des pièces réalistes, de Solness ou des Piliers de la société...), voire Beckett. Il ne s'agit pas de hiérarchiser ces auteurs, mais de montrer que nous assumons notre désir de lyrisme et de théâtre épique. 

     

     

     

    PA. Restons avec les auteurs. Ce que je trouve intéressant dans le NTP, tel en tout cas qu’il se présente, c’est que les metteurs en scène, si nécessaires soient-ils, ne sont pas mis au premier plan ; cela rompt avec l’exercice dominant qui fait aujourd’hui d’eux dans le travail institutionnel et artistique, de remarquables exemples d’une personnalisation du pouvoir, et simultanément, du point de vue de la diffusion (faut que ça tourne) des marques, presque au sens industriel, et l’on va voir le dernier Machin comme on achète le dernier smartphone… Ici, non, on sent que ce sont les auteurs et le public qui vous intéressent, et au centre, en situation de servir et les uns et l’autre, mais au sens noble cette fois du verbe servir, les acteurs, et des acteurs capables de décisions collégiales, collectives et finalement politiques – c’est-à-dire aussi responsables et cohérentes. Ce qui est, je trouve, un retour aux fondamentaux de la chose théâtrale. Comme aussi, de façon très concrète, le fait d’installer votre plateau en plein air, l’été, « entre la forêt, l’église et le cimetière ». C’est une idée du théâtre comme fête, comme joie, assez éloignée du sinistre festivisme autoproclamé de l’époque. Maintenant, il me semble que tout en traçant cette ligne de partage non hiérarchique entre des auteurs qui seraient épiques et susceptibles de mobiliser un enthousiasme (pour aller vite) et d’autres qui le seraient moins, vous ayez, forts des rencontres et succès publics des quatre premières années, décidé d’ouvrir en 2013 votre programmation à des auteurs non pas moins célèbres, mais disons d’un accès, à juste titre ou pas, réputé plus difficile. Maeterlicnk, Brecht, Ovide.

     

     

     

    LCP. Pour nous aussi, l'apprentissage de la démocratie est difficile... Habitués au fonctionnement autocratique (et je ne porte aucun jugement de valeur là-dessus) de nos compagnies respectives, il nous faut réapprendre à diriger ensemble : cela sonne presque comme un oxymore... Sans tomber dans la grosse gadouille pseudo-collective où finalement, il ne se passe plus rien. Le choix de jouer tel ou tel auteur se fait de façon collégiale et démocratique, comme toutes les décisions importantes qui régissent la vie de la troupe (arrivée d'un nouveau membre, approbation du budget annuel...). C'est peut-être ce qui pourra nous sauver du cynisme ambiant et nous éviter de tourner en rond. Une troupe d'acteurs, quand elle est vigilante, sait mieux éviter la routine et la complaisance qu'un metteur en scène seul avec son grand sceptre.

     

    Ce choix de proposer des poètes moins connus est motivé, je crois, par notre peur de tomber dans la facilité. Nous sentons que le public du festival est enthousiaste et bienveillant - enthousiaste parce qu'il croit en la qualité de notre travail, bienveillant parce qu'il voit que essayons de faire trop avec trop peu de moyens (faire trop avec trop peu, cela définit bien notre travail). Nous voulons voir si ce même public nous suit quand nous prenons des risques. Mais prendre des risques ne signifie pas de se transformer tout à coup en apôtre du pessimisme théâtral (ce théâtre qui ne propose ni la vie ni la mort mais... rien). Tu parlais de fête. J'aime beaucoup cette image. Pour la continuer, peut-être essayons-nous simplement de changer le rythme de la musique - de la valse au tango, peut-être ?

     

    Ce choix d'un répertoire plus moderne se fait aussi dans le plus pur héritage vilarien. Nous construisons une histoire avec notre public dans la durée (encore cette idée de permanence) et cela ne fonctionne que si nous restons fidèles à nous-mêmes et à nous désirs. Et nous désirions rappeler à notre public que ce répertoire réputé plus difficile, plus « sec » est dans la continuité des grands maîtres : Shakespeare, Hugo ou Corneille. Il y a aussi et surtout l'idée chère à Howard Barker que nous défendons : « Ce n'est pas mépriser le public que de lui proposer des œuvres complexes ». Nous croyons que Maeterlinck, Brecht et d'autres sont susceptibles de mobiliser les foules, parce qu'ils sont proposés dans le cadre d'un festival que le public connaît, avec des acteurs qu'il connaît. Nous agrandissons la famille, en quelque sorte.

     

    Pour l'édition 2014, si elle voit le jour (et cela en prend le chemin, à la vue de la générosité des dons du public), deux projets sont à l'étude : Le Soulier de Satin de Paul Claudel, et une double tétralogie shakespearienne, De Richard II à Richard III. Nous voudrions, à l'occasion de ces œuvres fleuves, convoquer le public, comme l'Eglise pouvait le faire au Moyen-Age lors des représentations des mystères religieux. On consacrait alors une journée entière de son temps au théâtre. Je me souviens d'une interview de Maria Casarès où elle imaginait un spectacle répété pendant six mois et représenté une seule  fois. D'une certaine manière, nous lui répondons. Ces propositions sont la suite logique - aussi fou que cela puisse paraître - de notre aventure. Faire du théâtre autre chose qu'un objet de consommation culturelle, refaire de la représentation théâtrale une expérience qui marquera la vie des spectateurs.

     

     

     

     

     

    Le site du NTP : http://festivalntp.com/

     

    Pour soutenir le NTP : http://www.kisskissbankbank.com/nouveau-theatre-populaire--2

     

     

     

  • Avril

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    Selon un immense poète, avril serait le plus cruel des mois. Mais comme, de n'y comprendre rien, le premier guignol juridico-relativiste à la con dira que ça se discute et commencera d'opposer au poète que son absence d'arguments ne vaut pas tripette, je vais tenter, ainsi que j'en ai pris la très sage habitude, d'être le plus consensuel possible. Et dirai simplement qu'avril succède à février et à mars. Voilà, c'est fait. Je pense qu'une telle affirmation, malgré son caractère péremptoire, ne tombe pas sous le coup de la loi. A moins que l'on ne considère que, de ne pas les nommer, j'opère une odieuse discrimination et que les neuf autres mois sont fondés à se plaindre...  Mais je suis un garçon courageux, qui n'a peur de rien, et j'ose ajouter fièrement que j'encule à sec ces enculés de bâtards de fils de pute de leur mère de race à purin d'autres mois de l'année de merde en cours. Surtout ceux à venir, d'ailleurs. Wesh. Passons aux choses sérieuses, qui ne le sont d'ailleurs pas. En février et en mars de l'an de grâce 2013, j'ai commencé, d'abord sur la première version de ce blog idiot, puis sur cette version ragemageuse, de tenir ce que j'appelle un journal. Chose abjecte en soi et par laquelle je suis parfaitement conscient de mériter le plus universel mépris. D'autant que ce journal n'avait pas le bon goût d'être intime et de raconter à qui veut, même si bien sûr c'eût été faux, comment j'ai pété le cul de Trucbidula (ce a final marque le féminin car je suis un garçon rétrograde, hélas). Il n'était donc, ce journal, qu'un sous-commentaire informe et désuet de l'actualité de merde dans laquelle mes contemporains et moi-même aimons tant nous rouler, sous-commentaire qui fait les jours heureux de toute une racaille velléitaire et veule, aigrie, basse, imbécile, et qui se remonte à peu de frais le moral en chiant sur la gueule de Hollande, Sarkozy, Mélenchon ou Le Pen. Pour avoir l'air original et me faire passer pour moi, même à mes propres yeux, j'agrémentais mes notations débiles (au sens propre) de quelques références littéraires à la con (Michelet, Pound, Chénier...) ainsi que de vagues considérations sur ma production personnelle qui n'intéresse personne (et c'est heureux, cela prouve mon bon goût).  Bref. J'avais lamentablement sombré. (Ceci est mon autocritique, camarade.) Je dois tout de même à la vérité de dire que je ne regrette rien, non rien de rien, je ne regrette rien. Si les gens disent tant de mal des politiciens, des journalopes et des artistes en merde, c'est uniquement parce qu'ils n'ont pas la force de les assassiner de leur silence. Imaginez que pendant un mois, tout un mois, aucune personne au monde ne mentionne publiquement les noms de Hollande, Aphatie et Nabilla (Nabilla sert ici d'étalon : elle est à l'art ce qu'Apathie est au journalisme et Hollande à la présidence du Conseil... ah non, zut, j'anticipe sur la IVème République future tant souhaitée par Mélenchon s'il ne devient pas premier ministre de celle-ci...). Mais je m'égare. Ce que je cherche à dire, depuis le début de ce papier indigent, c'est que, constatant que le joli mois de mai avait fait son apparition, je me suis dit qu'il fallait que je publie, en vue du buzz considérable que provoque la moindre de mes lignes, mon journal du mois d'avril. Fastoche. Tu prends ton fichier word, tu copies, puis tu colles sur ton blog. Sauf que voilà. Je n'ai pas pris la moindre note durant tout ce putain de mois d'avril de merde, le plus cruel. Et vous savez pourquoi, bande de cinglés qui êtes parvenus jusqu'à cette ligne de cet article ? Parce qu'IL NE S'EST RIEN PASSE EN AVRIL 2013. RIEN. Un gouvernement frigide qui a la majorité partout est parvenu à faire voter une loi et ça a ému bien des gens, barjots ou pas. Même le crétinissime Jérôme Cahuzac n'a pas eu la bonne idée de se coller un bastos dans le citron, c'est vous dire s'il ne s'est rien passé (Bérégovoy au moins faisait le show, mais bon, c'était mieux avant, quoi). J'ai continué à lire Michelet et sa Révolution. Et les papiers de Sapir sur son blog (j'ai bien aimé celui où il annonce une crise violente à l'été 2013). J'ai lu aussi le dernier livre de Houellebecq, et basta. J'ai écrit un peu, à côté. Je ne suis pas allé m'abrutir au cinéma ou m'énerver de la connerie de mes soi-disant pairs dans un théâtre soi-disant public organisant un gentil concours de couilles molles ultra-libérales subventionnées par les  gars licenciés de Florange ou PSA. Non, il ne s'est rien passé. J'ai même eu un simili-employeur qui a réussi à me payer 80 heures de boulot 336 euros brut, non mais allô quoi. Bref, il ne s'est rien passé. Le seul machin à avoir éveillé la queue d'un soupçon d'intérêt, c'est l'affaire Kadhafi/Sarkozy. Je ne sais pas ce qui s'est passé, bien sûr. Mais putain, on a envie de voir le film. Un putain de truc de Mafia. On ne peut pas avoir touché de la thune de cet enculé, la preuve : on l'a buté ! Avec Keith Richard dans le rôle de Kadhafi, Michel Blanc dans le rôle de Claude Guéant, Podalydès dans le rôle d'Edwy Plenel et Podalydès dans le rôle de Sarkozy. Oui, il y a deux fois Podalydès, je sais, mais c'est pour monter l'ambivalence et la duplicité, la part d'ombre, même. Et puis quoi merde, c'est de la solidarité avec les Grecs ! Comme le merdage pour tous, d'ailleurs.

     

     

     

     

  • Configuration du dernier rivage, de Michel Houellebecq

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    « Ils me regardent comme si j'étais en train d'accomplir des actes riches en enseignements. Tel n'est pas le cas. Je suis en train de crever, c'est tout. »

     

    Houellebecq, Configuration du dernier rivage

     

     

     

    1.

     

    c'était mercredi, le 24 avril de l'an de grâce 2013, il faisait beau et chaud pour la première fois de l'année, ou presque

    je suis descendu à la terrasse du Sans Souci en bas de chez moi avec à la main le livre de Houellebecq, Configuration du dernier rivage et j'ai commandé une Kronenbourg à 2,30€

    entre 18h15 et 19h j'ai lu l'intégralité du bouquin en fumant un ou deux cigarillos dégueulasses mais pas chers

    c'est la première fois que je lis un recueil de poésie d'une traite et dans l'ordre mais je dois avouer que j'avais des lunettes de soleil

    quand j'ai eu fini de lire les poèmes, j'ai commandé une autre Kro puis j'ai fermé les yeux au soleil, je me souviens contre toute attente avoir souri, senti venir le sourire sur mes lèvres, j'avais chaud, c'était bien, et quand j'ai rouvert les yeux, ma bière s'était bue et il a bien fallu alors que je rentre chez moi

    voilà

     

     

     

    2.

     

    en fait, je sens bien que je vais en dire davantage sur ces poèmes et que je vais donc commencer à être malhonnête, d'une façon ou d'une autre

     

    « Disparue la croyance

    Qui permet d'édifier

    D'être et de sanctifier,

    Nous habitons l'absence. »

     

     

     

    3.

     

    Il y a dans ce recueil de beaux poèmes puissants, pensés, précis dont certains ne répugnent pas à être franchement drôles, voire carrément potaches (« Les hommes cherchent uniquement à se faire sucer la queue / Autant d'heures dans la journée que possible / Par autant de jolies filles que possible. ») et d'autres poèmes plus... comment dire ?... poétiques voilà, vaguement chiants, ne me semblant pas mériter  tout à fait le petit effort qu'ils demandent. Ceci dit, la proportion entre les premiers et les autres joue plutôt en faveur de l'ensemble, les machins poético-casse-couilles mettant singulièrement en valeur les autres, leur servant d'écrin.

     

    « La connaissance n'apporte pas la souffrance. Elle en serait bien incapable. Elle est, exactement, insignifiante.

    Pour les mêmes raisons, elle ne peut apporter le bonheur.

    Tout ce qu'elle peut apporter, c'est un certain soulagement. Et ce soulagement, d'abord très faible, devient peu à peu nul. »

     

     

    4.

     

    On peut faire comme s'il allait de soi, ou plus communément ne pas y réfléchir, mais il me semble que le titre annonce joliment la couleur.

     

    Houellebecq essaie de regarder la mort en face. Il n'y parvient pas tout à fait, ce qui était couru d'avance. Mais l'essai est réel. Et ce dernier rivage (ah, la poésie...), il essaie de le configurer, oui.

     

    Les titres des cinq parties sont assez clairs aussi et, excepté un, quasi interchangeables : « l'étendue grise » – « week-end prolongé en zone 6 » – « mémoires d'une bite » – « les parages du vide » – « plateau ».

     

    Et le poète Houellebecq dans un monde sinistre, écrasé par l’ennui, tout épris et empreint qu’il soit des poètes du XIXème siècle, me paraît être aussi une manière de penseur sensible, à la fois très en retrait et tout à fait touché – par la douleur comme, parfois, par la grâce –, et de moraliste contrarié.

     

    « Il n’y a pas d’amour

    (Pas vraiment, pas assez)

    Nous vivons sans secours,

    Nous mourons délaissés.

     

     

    5.

     

    J'aime surtout ce qu'il y a de très calme, j’oserais dire contemplatif, dans ce désespoir lucide, qui regrette de ne pouvoir envisager d’au-delà, mais qui doit faire le constat, tout de même, que l’espoir, même exactement vain, ne peut être tout à fait éradiqué ;  j’aime les simples poèmes d’amour, et ceux de la douleur du chagrin d’amour et de la mort qui vient.

     

    « Je te revois dans la lumière,

    Dans les caresses du soleil

    Tu m’as donné la vie entière

    Et ses merveilles. »

     

     

    6.

    Dans sa simplicité merveilleuse, aux antipodes des phraseurs masquant la banalité de leur vie et de leur pensée d’obscurités formelles qu’ils nous rêvent de voir prendre pour de la profondeur, la notation (si j’ose dire) qui m’émeut le plus est celle-ci :

    « Victoire ! Je pleure comme un petit enfant ! Les larmes coulent ! Elles coulent !... »  

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Mars

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     Esprit de corps dans les organismes permanents

     

    « D’une même profession », Smith, Adam, « les hommes

     

    « ne se rassemblent jamais

     

    « sans conspirer contre l’ensemble du public. »

     

    Pound, Canto XL (traduction Philippe Mikriammos)

     

     

     

     

     

     

     

    1er avril. 2 morts à Koh-Lanta. Guy Debord étant kidnappé par François Mitterrand (pardon, par la BNF), je relis Tertullien. « Si donc je démontre que l’appareil et la magnificence des spectacles reposent sur l’idolâtrie… »

     

    Si, comme le dit à peu près Hoffmansthal, la littérature est l’espace spirituel de la nation, la nôtre (de nation, hein) s’abreuve aujourd’hui aux pissotières. On comprend mieux la tronche qu’elle fait.

     

    Au lieu de « dire le monde », selon la vieille expression, les poètes parlent sur la parole à perte de salive, s’imitant tous mollement sans le savoir. Autarcie autistique totale. Sorte de contorsionnisme verbeux comparable au fait de se tailler une pipe à soi-même.

     

    Pâques. Carré d’agneau.

     

    Remets le nez dans l’étrange et beau Charles IX de Marie Joseph Chénier (celui que le royaliste Rivarol appelle méchamment « le frère d’Abel Chénier », sous-entendant qu’il ne se serait pour rien dans l’exécution de ce dernier – André, donc).

     

    Laisse IX, ligne 158.

     

    Ah si, Hollande veut que le Parlement enregistre sans barguigner l’ANI (accord national interprofessionnel) sur la flexisécurité de mes deux. On peut tranquillement détricoter le droit du travail entre syndicats pour créer de la flexibilité… ça ne créera pas un emploi ; ça permettra juste de foutre les gens dehors plus facilement. Je vois dans cette demande hallucinante de Nullard Ier l’aveu que parlementaire est un métier beaucoup trop cher payé de copiste (un coup Bruxelles, un coup l’ANI du Medef, ce qui revient presque au même, de toute façon) – à moins que ce ne soit carrément un emploi fictif.

     

    CE QUI N’EST PAS CLAIR N’EST PAS FRANÇAIS. Rivarol, De l’universalité de la langue française. Cité par Bernardy (en capitales dans le texte cité). C’est pourtant clair.

     

    28 mars. Jeudi saint, Louis XVI à Varennes, Hollande sur France 2, non, rien.

     

    Je vois le bout de ce boulot. Michelet, la nuit, par petits bouts, avant de tomber.

     

    L’équivalent actuel, inversé de « poète et paysan » ? Rebelle et parvenu.

     

    J’écris ce pauvre journal à l’envers ! Et souvent en léger différé. Principe bloguesque. Misère.

     

    Il n’y a aucun secours à attendre d’aucune personne de cette classe politique. Quelques-uns de mes contacts ne cessent de commenter à coups d’articles l’actualité médiatique. Cela me semble de plus en plus une erreur politique. Ils se font dicter le calendrier et ses sujets autorisés. Le vide fait écho. Ils ont quand même l’air content d’eux ; voulaient-ils autre chose ?

     

    27 mars. Second papier sur Chypre de Sapir. Difficile d’être plus clair.« Cet accord montre le triomphe de la stratégie allemande. L’Allemagne est dans la contradiction suivante : elle entend conserver la zone Euro, dont elle tire le plus grand profit, mais elle entend la conserver au moindre coût pour elle. D’où l’idée de faire contribuer, en cas de restructuration bancaire non pas les seuls actionnaires (ce qui serait normal) mais aussi tout ou partie des déposants. C’est la raison pour laquelle l’Allemagne s’est montrée inflexible dans la négociation. Elle a donc obtenu qu’une large part de la contribution aux sommes nécessaires (5,8 milliards sur les 17,5 milliards) provienne de la « tonte » des déposants. Elle peut donc continuer sa politique selon laquelle une crise doit être payée avant tout par le pays qui la subit. »

     

    Envie de gros son, de se tenir sur la scène et de gueuler des vers. Mais pour ça, Ducon, il faut d’abord les écrire.

     

    24 mars. Achète pour la deuxième fois (au moins) Le Jeu verbal de Bernardy. La dernière édition, 2011, à L’Age d’Homme. Préface (pas mal) de Novarina. Je relis ce livre extraordinaire dans un bar en regardant la manif contre le nouveau mariage sur BFM.

     

    Après le Mali, la Centrafrique. Uranium II. Marrant d’avoir écrit quelques lignes là-dessus, presque par hasard, début janvier (laisse V).

     

    Chypre va se tourner vers la Russie ? L’UE a une bande de tarés à sa tête.

     

    Quatorze heures devant cet écran. Passe sur YT de bons vieux François de Roubaix. La Scoumoune.

     

    Pas moyen de transférer le blog chez Ragemag. Garder l’ancien, en ouvrir un autre.

     

    21 mars. Cahuzac démissionne. Sarkozy mis en examen. Je me demande si Edwy Plenel ne serait pas comme Laurent Obertone un partisan de la construction de nouvelles prisons. En attendant, c’est non sans fierté qu’il pose au Fouquier-Tinville des fouille-merdes.

     

    S’aperçoit qu’une nouvelle édition des Cantos de Pound vient de paraître. L’achète. Feuillette au café, en buvant une bière. Canto XL. La citation d’Adam Smith. Flemme de la copier.

     

    Les poètes à états d’âme m’ennuient. Fond amer compensé de trop de sucre formel. Ça dégouline et ça écœure. Ou bien c’est abstrait et imbittable. Le pouvoir, la guerre, l’argent, le peuple – et un peu d’amour, parfois, pour qu’il puisse cesser.

     

    Toujours L’expiation. « On s’endormait dix mille, on se réveillait cent. » – C’est ça, la poésie. – Ben quoi, m’sieur ? – Neuf mille neuf cent morts en douze syllabes.

     

    Que Frédéric Boyer traduisant la Chanson de Roland écrive à la marge un texte, disons personnel, intitulé Rappeler Roland me paraît légitime. Qu’on mette en scène ce texte est autre chose. Le seul moyen que le théâtre ait de rappeler Roland, c’est de monter (tout ou partie) la Chanson de Roland. Parce qu’au final, en montant Rappeler Roland, on ne le rappelle pas, on parle de le rappeler. Et blablabla.

     

    Une émission de télé au Japon où les candidats contre argent se portent volontaires à se faire enculer par des chiens. Ce que ça m’inspire ? Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens.

     

    J’ai essayé d’écrire quelques lignes critiques sur Magma. Puis j’ai renoncé.

     

    Lit quelque part sur le net, mais où ? que 80% des lecteurs de « littérature » sont des femmes. Ça me paraît énorme, mais expliquerait les choix éditoriaux. 

     

    Au bistrot, la politique d’un coup. Les politiques tous pourris et Bruxelles qui fait exprès de nous ruiner. On avait dit non. Tout le monde a l’air d’accord, le patron, les ouvriers et chômeurs présents.

     

    Finit Magma.

     

    20 mars. Rappeler Roland, de Frédéric Boyer. Mise en scène Ludovic Lagarde. Au CDN de Reims. On souffre pour le comédien, Pierre Baux, qui a de beaux moments. Spectacle largement au-dessous de l’indigence ordinaire du service public du théâtre. Une manière d’avant-garde, finalement.

     

    Commence Magma.

     

    Quand je pourrai, sans que cela risque de nuire à mes collègues de fortune, je raconterai cette expérience de travail hallucinante. Plus que quinze jours de boulot.

     

    Ma laisse IX bloquée aux environs de la ligne 100.

     

    20 mars. Chypre. Bank run. L’euro comme crime contre les peuples. Papier impeccable de Sapir.

     

    16 mars. Fismes. Déjeune seul dans un restaurant vide. Il pleut. On est samedi.

     

    Le pape « improvise ». Deux fois. Merde, un collègue.

     

    Michelet, livre IV, 1791. Présentation des clubs impeccable. Formidable démolition par l’auteur du charlatan taré Marat. L’Ami du peuple. Mon cul.

     

    Ces catholiques qui confondent obéissance et psittacisme. Le pape élu, quel qu’il eût été, eût été le bon. On ne le connaît pas, mais il est formidable, puisqu’il est l’élu. Bon. De l’autre côté, même a priori inverse. Quel que soit le pape, il est forcément criminel. Bon. Des providences en carton-pâte.

     

    15 mars. Reçoit en cadeau, par M., Lettres de Solovki, de Paul Florensky. 1934-1937. Bel objet. Passages lumineux.

     

    Reçoit Magma, de Lionel-Edouard Martin.

     

    En mars machin de la poésie, Victor Hugo. En 3ème, ils n’en connaissent que le nom, ou « Demain, dès l’aube ». – Et au collège, vous lisez quoi en français ? – Annie Duperey, Le voile noir. Génial. Bon, allez, on lit L’expiation. « Il neigeait ». Ca tombe bien, il neige.

     

    Michelet, malgré son parti pris, voit juste. La Révolution est une religion et une foi. Aux tout débuts de l’URSS, on compara aussi les Lénine, Trostki, etc. aux grands apôtres fondateurs du christianisme.

     

    Je décide, presque à l’improviste, de passer mon blog chez Ragemag. Suite à proposition.

     

    13 mars. Le pape François.

     

    Michelet, préface au livre III (toujours le premier volume des quatre, Histoire de la Révolution française). L’axe Rabelais-Molière-Voltaire.

     

    Revins. Ici, on voit la guerre. Electrolux ferme.

     

    Après Hessel, Chavez. Ramené à la France par force comparaisons. Notamment avec De Gaulle. Blum. Alors, dictateur ou démocrate ? Les deux, mon Général. N’importe quoi, comme d’habitude.

     

    5 mars. Matières fécales dans des tartelettes Ikéa. Plus ou moins que dans un spectacle de Castellucci ?

     

    Il faudrait un pape africain, noir. Ah. Comme si cela, en soi, garantissait quelque chose. Racisme insidieux sous la chose médiatique : on ne veut plus de pape ici, c’est dépassé et tout pourri, mais pour les Africains ce serait un progrès temporaire sur le chemin à faire pour devenir comme nous. Misère.