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Fusées - Page 45

  • Production

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    C’est étonnant, tout de même, comme je n’entends personne se plaindre qu’il n’y ait plus de critique théâtrale qui ne soit pas avant tout publicitaire ; cela vient peut-être de ce que tous les gens du milieu cherchent la publicité, non la critique ; cela vient donc à coup sûr du fait qu’il n’y a pas d’œuvres.

     (Quoi, j’ai dit un gros mot ? Des « productions », comme on dit pour ne pas dire des produits, ce ne sont pas nécessairement des œuvres.)

    Aucune importance, donc.

     

  • Cras mane

     

     

     

     

     

     

     

     

    Il la regarde plutôt que le frigo

    Et elle par la fenêtre le ciel.

     

    Elle dit une chose banale

    Du café ?

    Dont son esprit est à mille lieues

    Puis elle lui sourit

    Attendant sinon sa réponse

    Sa voix.

     

    Lui songe à ce rêve qu’il a fait

    Au-dedans un secret

    Dont il ne parlera jamais

    Puis il lui répond

    Avec des mots banals

    Les mêmes.

  • Raison garder

    Voici une courte saynète de commande.

     

    Elle a peut-être quarante ans, un peu moins ou un peu plus ; c’est une petite bourgeoise moderne, décontractée, sympathique et  vulgaire – elle est « prof » ou secrétaire de direction. C’est vers la fin de ce dîner dansant, elle a peut-être bu un peu, mais à présent elle déguste par saccades ce café qu’elle n’aime pas – il n’y avait pas de thé au menu – en regardant les gens danser.

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  • Sens

    Il y a un moment qu’il cherche une porte de sortie. Un temps, il s’est noyé dans le travail ; son travail fut ignoré, ou il en eut l’impression.

    – Qu’est-ce que vous attendiez, au juste ?

    Il attendait un geste, un remerciement, quelque chose. S’il regarde les choses en face, il sait qu’il y eut geste, remerciement, quelque chose. Alors ? Il aurait fallu que ces gestes, remerciements, quelques choses durassent infiniment. Une gloire universelle.

    Il s’est muré. Travail nocturne, médicaments. Effondrement.

    Maintenant, pour un mot, il sort de dépression.

    Pour un mot ?

    Oui : Quelqu’un – peu importe qui – l’a appelé ; on l’a enfin demandé.

    Maintenant, donc, il sort de dépression.

    Et quoi ? Et il est bourré jusqu’à la gueule de haine. D’énergie négative condensée.

    Il retourne dans le monde. Pour le défaire.

    – Et ?

    Et rien ne lui résiste. Il plaît.

    Le monde lui sourit. Ils se ressemblent.

    Sa force à lui est illusion, sa haine vanité. S’il s’arrête un instant, il le sait. Mais repart. Ne peut ni ne veut s’empêcher de repartir.

    Il détruit le plus de gens possibles. Comment fait-il ? Il leur plaît.

    – Il ment beaucoup ?

    Presque jamais. Il n’en a plus besoin. Le monde jouit de prendre des coups et lui se fait mal d’en donner. Ils sont complémentaires. Travaillent à la même chose.

    Le monde le légitime. On parle de son travail. Dans les journaux. Sans cesse. Tous les jours. C’est ridicule. Il peut le savoir. Mais ça le tient.

    Il a besoin de sa dose de destruction. Lui-même. Le monde aussi.

    Ils sont parfaits. Ravage.

    – Parfaits ?

    Oui. C’est cela. Selon lui-même et selon le monde.

    Tout ainsi a un sens.

     

     

    J’exorcise.