Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Fusées - Page 17

  • Une question

     

     

     

    Hypocrite lecteur, – mon semblable, – mon frère !

     

     

    – Tu voudrais disparaître, être regretté, même, qui sait ? Mais toute apparition est si éphémère, si dérisoire, peut-être si méprisable… Car tu n’es pas apparu encore, ou pas assez à ton goût – ça, c’est assez drôle, au fond. Et pour disparaître à tes conditions, petit chéri, il te faudrait apparaître vraiment, tu le sais ! et pour ainsi dire rester apparu un certain temps, mais combien de temps ? C’est difficile à dire, et peut-être ne te trouverais-tu alors jamais assez longtemps apparu ! Tu te rêves méprisable, en somme… Mais puisque tu veux avant tout disparaître, comme si ne pouvait être requise qu’à cela ta pauvre volonté, tu ne parviens pas du tout à apparaître assez, sachant trop que tu serais aussitôt disparu qu’apparu et sans avoir le temps d’organiser à tes conditions cette disparition, dans l’espoir de la rendre signifiante, même pour peu de personnes. Tout ce fantasme ridicule m’a quand même l’air bâti sur l’hypothèse que les gens qui te regretteront, s’ils sont, ne s’apercevraient pas du méprisable intrinsèque de ton apparition longue. Pourquoi vouloir être aimé par des idiots et des imbéciles ?


     

     

  • Scène perdue

     

     

     

    La gueule pleine de sang plus ou moins vrai, il parle encore :

     

     

    Vous savez ou vous ne savez pas mais la scène, c’est l’endroit où nous les morts, on est chez nous

    On a débarqué de tous les siècles depuis qu’on s’en souvient

    On est bigarrés en diable, couverts de sang et plein d’amours tordues, et les plus fieffés salopards d’entre nous, même s’ils n’ont pas vécu en vrai

    N’ont pas vécu en vain et d’ailleurs vivent encore

     

     

    Ici nous les morts on est hantés par les vivants ou prétendus vivants, ils se la jouent un peu acteurs mais ne nous survivent pas !

    Mais fondamentalement oui c’est chez nous ici, oui

    Puisque c’est le seul lieu de cette civilisation où les morts reviennent, l’ultime où ils reviennent encore !

     

     

    Et ici, nous, on vous reçoit, braves gens

    Même si pour venir vous avez besoin de croire que c’est l’inverse et que sans vous on n’existerait pas

    Alors qu’en vrai, quand vous n’êtes pas là, parce que vous croyez être vivants ailleurs, on est là quand même, nous les morts

    A tel point que s’il n’y a plus de scène jamais, eh bien, ce n’est pas grave !

    Parce que, public ou pas, acteurs ou non, gens importants ou point, nous sommes les fantômes sans quoi plus rien

    Une armée de ressuscités pas saints du tout et qui se paient le luxe de n’être jamais morts même une fois, et pour nombre de ne s’être jamais donnés la peine de naître dans ce que vous appelez la vie – mais bon, c’est normal, de votre point de vue

    Car en vérité je vous le dis, nous sommes le principe qui vous parle

    Comme a presque dit Christ qui n’est pas celui que vous croyez

    Puisque, que vous croyez croire ou que vous croyez ne pas croire, vous y croyez toujours, d’une façon ou d’une autre, et même si c’est plutôt d’une autre

    Et donc, que je vous dis, nous sommes le principe qui vous parle et le commencement de toute chose

    Parce que primo au sens le plus banal nous vous parlons et parce que secundo vous êtes parlés par nous

    Car nous, morts, avons la voix active et vous, vivants, la voix passive et c’est ainsi depuis la nuit des temps

    Et pour les siècles des siècles.

     

     

     

     

  • SPQR (V)

     

     

     

    par-dessus ton épaule

    personne

    tu es dos au mur maintenant

    et c’est presque inquiétant de ne pas aller plus mal

    (sourire)

    ton ombre armée devant toi

    ou un pendu

    ou rien

     

    tu tergiverses un peu

    pour te faire croire au luxe

    exil ou trahison coco ?

    (il neige)

    est-ce vraiment le jour d’entrer dans Rome

    et de changer de langue

     

    je ferais mieux avant l’aube

    de traverser le jardin blanc et d’aller à la pêche

    je déposerai en passant

    un chrysanthème sur ce pays