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baudelaire

  • Spleen de la France...

    C’est au hasard d’un vieux volume abîmé, en cherchant tel célèbre poème de Baudelaire, que je suis tombé sur cette merveille… récapitulant en dix-huit vers, pour dire le spleen d’un seul, la situation politique de notre vieux pays, aujourd’hui.

     

    SPLEEN

    Je suis comme le roi d'un pays pluvieux,
    Riche, mais impuissant, jeune et pourtant très vieux,
    Qui, de ses précepteurs méprisant les courbettes,
    S'ennuie avec ses chiens comme avec d'autres bêtes.
    Rien ne peut l'égayer, ni gibier, ni faucon,
    Ni son peuple mourant en face du balcon.
    Du bouffon favori la grotesque ballade
    Ne distrait plus le front de ce cruel malade ;
    Son lit fleurdelisé se transforme en tombeau,
    Et les dames d'atour, pour qui tout prince est beau,
    Ne savent plus trouver d'impudique toilette
    Pour tirer un souris de ce jeune squelette.
    Le savant qui lui fait de l'or n'a jamais pu
    De son être extirper l'élément corrompu,
    Et dans ces bains de sang qui des Romains nous viennent,
    Et dont sur leurs vieux jours les puissants se souviennent,
    Il n'a su réchauffer ce cadavre hébété
    Où coule au lieu de sang l'eau verte du Léthé.

  • Une question

     

     

     

    Hypocrite lecteur, – mon semblable, – mon frère !

     

     

    – Tu voudrais disparaître, être regretté, même, qui sait ? Mais toute apparition est si éphémère, si dérisoire, peut-être si méprisable… Car tu n’es pas apparu encore, ou pas assez à ton goût – ça, c’est assez drôle, au fond. Et pour disparaître à tes conditions, petit chéri, il te faudrait apparaître vraiment, tu le sais ! et pour ainsi dire rester apparu un certain temps, mais combien de temps ? C’est difficile à dire, et peut-être ne te trouverais-tu alors jamais assez longtemps apparu ! Tu te rêves méprisable, en somme… Mais puisque tu veux avant tout disparaître, comme si ne pouvait être requise qu’à cela ta pauvre volonté, tu ne parviens pas du tout à apparaître assez, sachant trop que tu serais aussitôt disparu qu’apparu et sans avoir le temps d’organiser à tes conditions cette disparition, dans l’espoir de la rendre signifiante, même pour peu de personnes. Tout ce fantasme ridicule m’a quand même l’air bâti sur l’hypothèse que les gens qui te regretteront, s’ils sont, ne s’apercevraient pas du méprisable intrinsèque de ton apparition longue. Pourquoi vouloir être aimé par des idiots et des imbéciles ?


     

     

  • Regards

    mon coeur mis à nu.jpg

     

    C’est amusant, à la fin.

    Les images ont tout envahi, semblent évidemment autorisées. On peut tout montrer, fiction ou réalité ; guerres, viols, meurtres, charniers, opérations médicales. La parole en revanche semble presque interdite. Il faut, dès lors qu’on s’attache à certains sujets graves, et la mode peut fort bien réputer grave, à n’importe quel moment, n’importe quel sujet, délaver des euphémismes qu’auront précédés de plâtreuses circonvolutions oratoires.

     

    Badinons donc.

    Il faut bien vivre avec son temps.

     

    La pornographie règne, dans toutes ses dimensions ; non moins qu’elle est indifférente. La parole, elle, n’a jamais été tant crainte ; au point qu’il nous la faut bannir.

    Renouvellement et originalité incessants d’un côté. Identité – dans les deux sens – de l’autre.

    Pouvoir d’un côté. Puissance de l’autre.

     

    Silence.