Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 2

  • Apprendre à bien siffler la Marseillaise

    Alain Potent, du journal l’e-monde, pigiste également à l’Œuf Igaro, interviouve pour nous François Bigoudi, déséducateur de français à la Déséducation Dénationale (initiales DD) et star du porno (Entre les nuls, palme d’or au festival de cannes), sur le sifflement de la Marseillaise…

     

    ALAIN POTENT. – François Bigoudi, bonjour. Vous pensez quoi que les djeunes ils ont sifflé la Marseillaise au match de foot France-Tunisie ?

    FRANCOIS BIGOUDI. – Je vous ai eu comme élève, non, Alain Potent ?

    ALAIN POTENT. – Vous vous souvenez donc de moi ? Venant d’une star du cinéma français, ça me flatte le légo.

    FRANCOIS BIGOUDI. – Je vous ai reconnu à ta façon de manipuler et destroyer la gangue française. Bien. Qu’est-ce que je pense quoi du fait que les djeunes ils ont sifflé la Marseille. Que je dirais volontiers qu’il n’y a pas d’effet sans cause, toujours. Et que donc on se gourre sur le motivement d’un tel geste héroïnomane. Les gens qui sont des cons croient que les djeunes ont voulu cracher sur du le symbolique, ce qui ne serait pas un mal en soi vu que le du le symbolique en soi, comme chacun sait, c’est de la merde en barre qu’il faut chier dessus. Bien. Mais même que ça serait, qu’on se gourre quand même. Il n’y a pas d’effet sans cause toujours. Bien. Donc, quoi que je voulais dire ?

    ALAIN POTENT. – Je n’en sais pas plus que vous. Mais ça ne doit pas vous empêcher d’en parler.

    FRANCOIS BIGOUDI. – S’exprimer est le moyen et la fin de toute éducation, bien sûr. Je vais me sexprimer. Donc. En effet, ce qu’il faut bien que nos pipolitiques comprendent, c’est que les djeunes qui sont embrigadés par la République ont voulu siffler la Marseillaise, non pas pour qu’elle soye détruite après, ce qui aurait tété un moindre mal, non, ils ont voulu siffler l’air de la Marseillaise, et comme il n’y a pas assez de formation musicoole dans les écoles, et qu’ils ne savent pas siffler de la mélodie, eh bien voilà, ça a donné du sifflement n’importe naouac. Vous me suivez ? Mais si qu’on va plus loin, et qu’on va plus loin moi personnellement, je te dirai, Alain Potent, que c’est leur ninconscient à ces djeunes qui s’est sexprimé dans cette destroyation inviolontaire de la Marseillaise.

    ALAIN POTENT. – Donc, d’après vous, qu’est-ce qu’il faut, c’est plus de cours de formation musicoole dans les écoles de la République ?

    FRANCOIS BIGOUDI. – C’est tout à fait ça exactement. J’espère d’ailleurs que Xav Darkos, mon ministre de turlute, va nous dégager des crédits pour bien qu’on apprende aux djeunes comment qu’on slame la Marseillaise. Peut-être même qu’on aura des programmes internet interactif sous forme de jeux videos pour qu’on apprende aux djeunes à e-slamer la Marseillaise, même. Que ça coûterait moins cher si qu’on veut pas embaucher plus de déséducateurs dans la Déséducation Dénationale…

    ALAIN POTENT. – Avant d’en finir, une dernière question. Les propos scandaleux de Bernard Lafenêtre, menestrel des sports à djeunkis qui perdent, vous en pensez quoi donc ? Lui qui a dit qu’il ne fallait plus faire les matchs en Ile de France, mais en Province ou à l’étranger ?

    FRANCOIS BIGOUDI. – C’est con comme ça, et scandaliseux bien sûr. Mais il faut entendre là aussi la sexpression de son ninconscient. Sans le faire exprès, Lafenêtre a admisé que la République ne tenait plus vraiment l’Ile de France et ça, c’est putainement positif. Je pense que l’Ile de France devrait demander à l’ONU qui est là que pour ça la reconnaissance de sa nautonomie. Comme le Kosovo. Qu’on pourrait appeler ça d’ailleurs, la Kosovile de Rien. Le progrès est en marche et pas besoin de pétrole en plus, vu qu’on roule à la merde. C’est bon pour l’environnement.

  • Dernière didascalie avant plus rien

    Union7.2.PNG

     

    Peut-être cela revient-il, sans trop de scrupules et bien  légèrement en vérité, à tirer la dernière cartouche d’un « sacré » lui-même bon pour le rebut, mais un clairon et une sonnerie aux morts tout ce qu’il y a de plus solennels pourraient tenter de baisser un peu le son du public…

     

    Didascalie ouvrant la saynète Become clever / Restez cons (1), sous-titrée : Pochade / Christmas tale, laquelle constitue le dernier volet de Tout faut (2).

     

     

     

     

     

    (1) Lecture « mise en espace » de cette saynète à Reims, au Centre Culturel Saint-Exupéry, à 21 h 30, le samedi 18 octobre 2008. Avec Lucie Boscher, Loïc Brabant, Fabien Joubert, la voix d’Elena Lloria Abascal ; et la bande-son de Damien Roche.

    (2) Vous trouverez dans la colonne à droite, sur ce blog, un certain nombre de liens vers des extraits de Tout faut.

     

  • Rentrée littéraire (2), une tombe

    Tombe de Bossuet.jpg

    Le dix-septième siècle français, classique et baroque, s’éloigne lentement de nous. Molière et La Fontaine nous sont un peu plus proches, pour de mauvaises raisons peut-être, que Racine, ou pire : Corneille, ou pire encore : Bossuet. Attardons-nous quelques secondes sur ce dernier.

    Sa langue, plus accessible en apparence que l’alexandrin, est tout de même trop haute, sa parole trop irréductiblement chrétienne ; nous ne lisons déjà plus Bossuet. Si par extraordinaire vous ne me croyiez pas vraiment, ou trouviez que j’exagère, cherchez donc une édition récente des Œuvres Complètes du plus grand prosateur français : c’est bien simple, il n’y en a pas.

    Mais le dix-septième siècle français n’est pourtant pas sorti comme ça, par magie, tout armé, de la cuisse d’un Jupiter quelconque. Et le fait est que si nous ne lisons pas Bossuet, nous ne lisons pas davantage les excellents auteurs que Bossuet avait lus.

    Rendez vous donc dans la cathédrale Saint-Etienne de Maux, sur la tombe de Jacques-Bénigne Bossuet, vous y pourrez lire, gravée dans le marbre – stricto sensu –, une bibliographie succincte.

    Tel fut, apparemment, le vœu du défunt.

     

    A gauche :

    EXPOSITION            Athanasius

                                       Greg. Nazian

     

    Au centre :

    BIBLIA SACRA         Sanctum J.C. Evangilium

     

    A droite :

    VARIATIONS            Augustinus

                                       Hieronymus

     

    De part et d’autre de l’Evangile, en somme : Saint Athanase d’Alexandrie et saint Grégoire de Nazianze ; saint Augustin et saint Jérôme.

    L’Orient et l’Occident.

     

    – Merde, des saints…

    Conclut, peut-être, tel lecteur atterré.

     

    Bossuet et ses saints.JPG

     

    Notons toutefois que les œuvres de ses saints-là, pour la plupart, sont éditées ; on les peut trouver dans la collection « Sources chrétiennes » des éditions du Cerf, aux Belles Lettres (pour les poèmes de saint Grégoire de Nazianze), en livre de poche ou en Pléiade pour saint Augustin…

     

     

     

     

    Trouvée sur Wikimédia, la photographie est signée Vassil. Cliquez dessus pour l'agrandir.

  • Hé ! Lectre !

    Un ami me raconte :

    – Donc, j’appelle le théâtre. La fille des relations publiques, qui bosse là depuis cinq ans, a besoin du titre de la pièce que je monte avec un groupe d’enfants. Je lui dis : « C’est Electre, de Sophocle. » Elle me répond : « Tu peux épeler ? » Je lui épelle tranquillement : « H-é ! plus loin Lectre ! de Sophocle… » Elle ne réagit pas du tout : elle est en train de noter. Du coup, j’arrête de déconner, et j’épelle correctement. Après, elle me dit : « Et comment je peux présenter ça aux gens ? C’est drôle, comme truc ? »

     

     

     

    L'abus de Bégaudeau nuit. Gravement.

     

     

  • Verbes anciens

    D’abord deux anecdotes, d’ampleurs diverses certes, mais d’une convergence certaine…

     

    1. Le PDG du Bronzeculand France, première puissance touristique planétaire (tremblez, mortels !), un dénommé Mickey Grenelle, époux d’une chanteuse comique (aphone ?), a annoncé, il y a quelque temps déjà, sa volonté de faire disparaître la publicité des chaînes de télévision du service public, dans le but, croit-il – à moins qu’il ne feigne (du verbe feindre), car le bonhomme est roué –, d’améliorer la qualité des émissions.

    C’est tout bonnement crétin.

    Cet homme ne dispose d’aucun moyen concret, institutionnel ou intellectuel, permettant de relever le niveau, effectivement extrêmement bas, des émissions télévisuelles, de service public ou pas.

    Pourquoi ? Parce que le seul moyen de faire une chose pareille demanderait un programme sur cinquante ou soixante ans ; c’est-à-dire sur un temps correspondant à deux générations. Or, le personnel touristico-pipolitique, dans notre belle démocratie à plan quinquenno-électoral intégré, ne dispose pas des moyens, institutionnels et intellectuels, de penser à cette distance.

    C’est en somme ce qui nous différencie des autocraties (pensons à l’URSS hier, à la Chine aujourd’hui) ; et pour cette fois du moins, il n’y a aucune gloire à tirer d’une telle différence.

    Mais surtout parce que le seul moyen concret de relever le niveau, à la télévision comme ailleurs, tient à la transmission des connaissances, c’est-à-dire, pour l’heure, à ce qu’on appelle encore, par ironie ou par simple oxymore, je ne sais, l’Education Nationale (laquelle sous ce nom ou sous le précédent fut quelque temps la colonne vertébrale de la République).

    Le seul moyen de relever le niveau est d’ « élever », au sens propre, je veux dire : d’élever au-dessus de soi, la génération qui vient. Or nous sommes, et ce n’est rien de le dire, sur la « pente descendante ».

    La suppression des publicités, si connes soient-elles, et elles le sont d’évidence, n’y changera rien du tout. Cela ne fera rien (sauf sans doute faire monter le prix de la seconde de pub sur les chaînes privées, ce qui est peut-être le but, à moins que ce ne soit un « bénéfice secondaire », comme disent parfois nos amis les psys qui sont, eux, comme chacun sait depuis Freud, économistes jusque dans la libido. Un autre de ces « bénéfices » pourrait être l’intrusion, discrète d’abord, puis affichée, des publicités dans les émissions mêmes, ce qui, me souffle-t-on, est déjà fait, celles-ci ne servant plus guère qu’à assurer la « promotion » de bidules idiots et autres machins stupides : sérieusement, il ne fait que ça, Ruquier, par exemple).

    En attendant, ce sont les fournisseurs d’accès aux technologies internet qui seront taxés pour compenser le manque-à-gagner dudit service public; lesquels, en bonne logique ou à peu près, répercuteront la taxe, sinon plus, sur leur clientèle.

    Bref, cette question de la qualité évacuée, la chose se résume ainsi : Blague et redevance à part, nous regardions gratuitement des pubs, il nous faudra payer pour ne plus les voir. A moins, bien sûr, que nous ne changions de chaîne…

     

    2. « Le maux de tête lui arracha quelques plaines. »

    Le maux de tête. Parfaitement. Et quelques plaines.

    Non, non, ce n’est pas du surréalisme. Ou plutôt si, c’en est. Du plus moisi. Du surréalisme d’institution, bien sûr. Pour ne pas dire d’Etat.

    J’ai moi-même construit cette phrase débile en m’appuyant sur les dernières avancées du pédagogisme de pointe.

    Car, voyez-vous, j’ai lu récemment, dans ce qu’on appelle le Cahier de liaison d’une petite fille de CP, ce mot révolutionnaire signé d’un professeur des écoles qui part en retraite à Noël, lequel professeur se trouve être une dame (ce qui n’a rien à voir en soi, mais c’était juste pour le plaisir d’écrire le mot professeur au masculin quand même) :

    « XXX s’est plain d’un maux de tête. »

    Je n’aurais, je crois, poussé qu’un léger soupir si j’avais lu que la petite XXX s’était « plainte d’un mal de tête » ; j’aurais peut-être grommelé quand même un « au point où on en est… », et serais passé à autre chose.

    Mais le cumul m’a tout bonnement sidéré. Et je suis resté coi. Sidéré. Scié, quoi.

    Bref, on peut retirer les pubs tant qu’on veut, avec des gens de cette qualité-là pour opérer la transmission des connaissances, si vous voulez mon humble avis, on n’est pas arrivé…

    On ferait mieux de retirer carrément toutes les émissions.

    Voilà pour les anecdotes.

     

    J’ai donc décidé ce soir d’écrire ce billet pour me venger. Ce qui est inutile autant qu’idiot, je le sais bien. Je vais le faire tout de même, en tentant d’être positif (si, si). Et de finir ce billet par quelque chose, pour autant que j’en sois capable, de beau.

    Après tout le beau, comme le vrai, d’ailleurs, n’a pas de verbe.

    On ne beaute pas.

    Pas davantage on ne vérite ni ne vraite.

    Le bien, lui, dispose d’un verbe (mais si, voyons, faites un effort).

    On bénit.

    Ce qui ne fait pas tant laïque (quoique la République ne manque pas, ces temps-ci, de culs-bénis, justement).

    Je vais donc vous entretenir, brièvement, de deux verbes anciens.

     

    La souffrance a un verbe, mais pas la douleur.

    La douleur l’a perdu (a-t-elle eu la douleur de le perdre ?).

    C’était le verbe se douloir.

    Lequel se conjuguait comme vouloir ou pouvoir.

    Ce qui faisait donc, au présent de l’indicatif :

    Je me deux,

    Tu te deux,

    Il se deut…

    Ce qui est assez beau, je trouve.

    Après que le verbe se douloir a disparu, et avec lui son limpide je me deux, il n’est plus resté qu’aux psychiatres, pour compenser (et parfois décompenser), d’inventer la schizophrénie.

     

    L’autre est le verbe faillir, qui n’a certes pas disparu tout entier, mais dont une grande part de la conjugaison, même aux temps les plus simples, a sombré.

    (J’écris ces lignes alors que, si l’on en croit les gens qui le disent, la faillite nous guette.)

    Il faisait au présent de l’indicatif :

    Je faux,

    Tu faux,

    Il faut…

    Troisième personne du singulier recoupant exactement celle du verbe falloir.

    J’y vois comme la marque d’une fatalité…

     

    Je ne vérite ni ne vraite.

    Mais je faux.