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  • Sens

    Il y a un moment qu’il cherche une porte de sortie. Un temps, il s’est noyé dans le travail ; son travail fut ignoré, ou il en eut l’impression.

    – Qu’est-ce que vous attendiez, au juste ?

    Il attendait un geste, un remerciement, quelque chose. S’il regarde les choses en face, il sait qu’il y eut geste, remerciement, quelque chose. Alors ? Il aurait fallu que ces gestes, remerciements, quelques choses durassent infiniment. Une gloire universelle.

    Il s’est muré. Travail nocturne, médicaments. Effondrement.

    Maintenant, pour un mot, il sort de dépression.

    Pour un mot ?

    Oui : Quelqu’un – peu importe qui – l’a appelé ; on l’a enfin demandé.

    Maintenant, donc, il sort de dépression.

    Et quoi ? Et il est bourré jusqu’à la gueule de haine. D’énergie négative condensée.

    Il retourne dans le monde. Pour le défaire.

    – Et ?

    Et rien ne lui résiste. Il plaît.

    Le monde lui sourit. Ils se ressemblent.

    Sa force à lui est illusion, sa haine vanité. S’il s’arrête un instant, il le sait. Mais repart. Ne peut ni ne veut s’empêcher de repartir.

    Il détruit le plus de gens possibles. Comment fait-il ? Il leur plaît.

    – Il ment beaucoup ?

    Presque jamais. Il n’en a plus besoin. Le monde jouit de prendre des coups et lui se fait mal d’en donner. Ils sont complémentaires. Travaillent à la même chose.

    Le monde le légitime. On parle de son travail. Dans les journaux. Sans cesse. Tous les jours. C’est ridicule. Il peut le savoir. Mais ça le tient.

    Il a besoin de sa dose de destruction. Lui-même. Le monde aussi.

    Ils sont parfaits. Ravage.

    – Parfaits ?

    Oui. C’est cela. Selon lui-même et selon le monde.

    Tout ainsi a un sens.

     

     

    J’exorcise.

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Canard du doute...

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    Je relis rarement les billets que je place sur Theatrum Mundi. Mais lorsque je le fais, la question qui se pose à moi, le plus souvent, quand je ne suis pas occupé à râler après telle ou telle facilité d’écriture, est celle-ci :

    – Je plaisantais, là, ou pas ?

    Après quoi, il me faut balayer la question : je ne trouverai pas de réponse. Pas d’autre, disons, que celle que dictera mon humeur, encore une fois…

    Une autre question vient alors :

    L’ironie est-elle la forme du doute ?

     

     

     

     

     

  • Une devise pour l'Union Européenne

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    Puisque le très lamentable in varietate concordia ne sert même pas, latin oblige – c’est suspect, non, le latin ? c’est à la fois érudit, donc antidémocratique, impérial, donc potentiellement colonialiste, et chrétien, donc mal –, de devise à l’Union Européenne (devise volontairement mal traduite en français, si vous voulez mon avis, par : Unie dans la diversité, quand les autres postnations traduisent par l’équivalent de unité dans la diversité, même si je puis admettre que : unité dans la variété aurait trop fait concours de l’Eurovision et que la conservation du mot concorde est élitiste, ce dernier mot ne s’appliquant ni à la place parisienne ni à l’avion foutu à la casse), il faut bien considérer que la seule devise officielle de l’UE, la seule capable en tout cas de dire intégralement ce qu’elle est, c’est l’euro.

    Aussi, comme je suis une belle âme, sensible, charitable, ouverte, tolérante et tout le fourniment, ai-je pris sur moi, au moment que s’ouvrent ces formidables érections eulopéennes (pardon) qui ne manqueront pas de passionner notre postnation de pluriens, de proposer une nouvelle devise :

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  • Emouvez-moi, bande de...

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    Voilà le moment où sa femme, sa mère, son petit garçon et une autre dame encore viennent supplier l’inflexible Coriolan d’épargner sa Rome natale dont il veut se venger en la détruisant tout à fait (pour plus d’informations, lisez le bouquin), et voilà le moment véritable de la chute de Coriolan, car cette délégation porteuse d’une paix équitable fera bientôt sa perte, énoncée par lui-même en direct :

     

    Not of a woman’s tenderness to be

    Requires nor child nor woman’s to see.

    I have sat too long.

     

    Traduction de Jean-Michel Déprats et Gisèle Venet (Pléiade, Tragédies II) :

     

    Qui ne veut s’attendrir comme une femme

    Ne doit voir visage de femme ni d’enfant.

    Je suis resté assis trop longtemps.

    (Acte V, scène III)

     

    Ah, l’émotion est tout de même une foutue saloperie.

    Progrès oblige, nous en sommes même venus à nous émouvoir devant des machines.

    (Peut-être, d’une certaine manière – regardez la démographie –, que c’est dépassé en vrai les femmes et les enfants, les premières seraient-elles « libérées » et les seconds « sacrés »…)

    Lesquelles machines, nous émouvant comme de juste à grands coups humanisto-humanitaires de femmes, d’enfants et aussi de héros qui se battent à notre place, ne servent à rien d’autre qu’à nous maintenir assis, tous – hommes, femmes, enfants.

    Non sans succès, d’ailleurs.

     

    (Aux lecteurs qui ne comprendraient pas bien le sens de ce billet, ou qui ne goûteraient point ma mauvaise foi bon enfant – et toute menace physique sur cette page virtuelle étant évidemment plaisantatoire (why not ?) : le premier qui me parle de misogynie prend mon pied au cul, et la première ma main… Y a qu’à demander !)