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verbe

  • Paroles...

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    – Ils n’ont pas l’angoisse de la page blanche. Tu m’étonnes. Et pire, ils n’ont pas l’angoisse de la page pleine. Ils rêvent de faire du bruit. Que ça fasse du bruit. Dans le monde. Ce qu’ils écrivent. Car ils écrivent pour faire du bruit. Pas de la musique, non. Et le silence est mort. Et quand enfin ils font du bruit, ils font un atroce petit bruit, un grincement de dents chéri qu’ils ont rêvé d’amplifier à en strier le cosmos, un petit bruit dérisoire et strident et cumulé à tant d’autres petits bruits simultanés que simplement il participe du bruit, du bruit incessant, anonyme de la machine, du bruit que rien n’arrête, jamais, mais qu’ils avaient rêvé pourtant d’interrompre, tant ils sont habitués à ce bruit permanent qu’ils ne l’entendaient plus, qu’ils l’avaient pris pour du silence. Dont ils ont peur. A faire du bruit. Tout le temps. Du bruit. A s’en rendre sourds. A en être sourds. A ne pas le savoir. A s’en croire innocents. Petites frappes. Oui. Des petites frappes. Rêveuses.

    – Ta gueule.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Un dur

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    « Je ne suis pas en état que quiconque puisse me manquer », se mentait-il, faisant d’une phrase sa dope d’un soir.

    Cela libérait l’énergie, plaçait tout ce qu’il faisait sous le signe du faux, du mensonge ; du monde. Et puis les femmes…

    Parfois, à bout de nerfs, de force, sans bien le savoir et en l’engueulant, il priait Dieu. Et recommençait du départ le lendemain. Une autre phrase. Il n’apprenait rien. Camé. 

     

     

     

     

     

  • Adresse

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Le spectacle pourrait commencer comme ça.

     

    L’acteur entre en scène, s’assoit au bord du plateau et dit gentiment au public :

     

    – Vous êtes venus écouter ce que je dis, mais ce n’est pas à vous vraiment que ce que je vous dis pourtant s’adresse ; ce que je vous dis est indifférent à qui vous êtes, individuellement ou collectivement – je ne vous connais pas et j’aurais dit à d’autres exactement la même chose ; et non plus ce n’est pas à moi que ce que je dis s’adresse. Ce que je dis, par ailleurs, n’est pas de moi. Alors quoi ?