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théâtre - Page 52

  • Mission de sévice public

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     Dans le hall aseptisé d’un théâtre tout neuf. (En bonne logique, ce n’est pas seulement sa culture qui disparaît, c’est l’honnête homme lui-même.)

    LE POÏETE, distrait par nécessité et prenant une brochure. – Tiens, qu’est-ce qu’il y a cette semaine sur M6 ?

    LE DIRECTEUR DU THEATRE, au fond plus fier que gêné. – Ah, non, non, ça, c’est le programme du théâtre.

    LE POÏETE. – Cool.

  • En-jeu (Pour une Culutre citoyenne !)

    Je livre ici un court texte introduisant à Pour une Culutre citoyenne !

     

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    EN-JEU

     

     

     

    Question

     

    A force de lire des programmes de spectacles, des plaquettes, des documents de saison, des magazines et des journaux (culturels ou non, ceux-ci), je me suis aperçu qu’ils parlaient tous la même langue truffée de termes flous qui se voudraient techniques ; et aussi qu’ils disaient, de tout, strictement la même chose.

    Et à la fin, à bien écouter tout ce laminage permanent, la différence entre ce que dit un texte de Racine et un concert de hip-hop n’est même pas minime : elle n’existe tout bonnement pas.

    Ce détestable fourre-tout qu’on appelle la culture est une simple construction idéologique capable d’inclure absolument tout – et aussi bien n’importe quoi. Ceux qui mettent en vente – ou en vante – leur marchandise culturelle savent seulement qu’ils doivent employer cette langue-là, qui garantit en somme leur production.

     

    Si la culture est bien cette idéologie, quel est son but ? Quel intérêt trouve-t-elle à égaliser et indifférencier tout ?

    Et surtout, sur quoi fait-elle fond ?

     

    C’est de tout cela que parle, non sans méchanceté je crois, Pour une culutre citoyenne !

     

     

    Remarque

     

    L’égalité de toutes les différences, qui d’un point de vue platement arithmétique est une aberration, est doublée de complications apparemment terrifiantes : certaines différences sont plus égales que d’autres…

    Mais bon, en gros, tout vaut tout. (Après quoi, toutes les nuances sont possibles, puisque toutes également infondées.)

    Si une égalité est une différence, et réciproquement, il devrait logiquement s’ensuivre que tous les mots sont synonymes.

    Conséquemment ils sont tous également inadéquats ; et inutiles.

    De sorte qu’on peut s’en passer.

     

    Il est ici question, je crois, d’un retour à l’indifférencié.

    Le langage opère par divisions ; par discriminations, dirait-on aujourd’hui. Et c’est par lui, avec lui et en lui, que l’humanité était sortie de l’indifférencié, de l’animalité ; et qu’elle était ainsi devenue précisément cela : l’humanité.

    Que ses agents le sachent ou non, c’est bien contre cela – l’humanité, en tant qu’elle est instituée – qu’est en lutte aujourd’hui la culture, institution désormais auto-immune.

    Voilà le nœud.

     

     

    Actualité

     

    La programmation imbécile du Festival d’Avignon 2005, par exemple, a logiquement donné lieu à un débat imbécile entre crétins culturels autorisés, qui opposerait de prétendues « dramaturgies non-textuelles » à de prétendues « dramaturgies textuelles ».

    Mais à l’idéologie qui indifférencie tout par inclusion, qu’il y ait ou non texte importe peu. (Après quoi chacun défend sa place dans le Château, son droit à être inclus, et c’est tout.)

    Tout ce qui ne prend pas directement pour cible cette idéologie demande en somme à être indifférencié ; à disparaître.

     

     

    Censure

    Silence.

     

    Novembre 2005

  • Décrire ou dénoncer

     

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    – Qu’est-ce que tu fais en ce moment ?

    – Je monte un spectacle.

    – Ah, et c’est un spectacle qui dénonce quoi ?

    – Mais rien du tout, mon cher, rien du tout. J’essaie de décrire. Cela s’appelle Pour une Culutre citoyenne ! (oui, oui, culutre) et c’est une série de saynètes sur le milieu prétendument culturel.

    – C’est ce que je dis : tu dénonces…

    – J’essaie simplement d’exagérer un peu la réalité, d’outrer les choses. Je pensais d’ailleurs y être parvenu ; mais en fait non, à simplement travailler avec les comédiens, je m’aperçois que le texte est platement réaliste et tout à fait monstrueux.

    – Mais c’est ton milieu, pourtant, non ?

    – Oui.

    – Et tu n’as pas peur ?

     

    Décrire les choses, je crois, suffit souvent à les rendre ambiguës. Dénoncer, c’est dire ce qu’il faut (ou faudrait) faire ou penser. C’est de la propagande.

     

    – Mais tous les spectacles que je vois, qui sont « engagés », « subversifs », dénoncent toujours quelque chose.

    – Certes, mais au nom de quelle autre chose ? Quelle idéologie tire sur quelle autre ? Et n’est-ce pas toujours la même qui s’exprime ?

     

     

    a56afb79dd2ba8715a09c55d4e569224.jpgDans le programme en ligne d'une salle de spectacle, je lis ceci, à propos d'un imbécile et quelconque (je le sais : je l'ai vu) spectacle de cirque de tréteaux signé Pierre Meunier, interprété par Jeanne Mordoj, et titré Eloge du poil :

    « Qu’y a-t-il de plus subversif qu’un poil dans une société policée et hygiéniste ? C’est peut-être avec cette pensée qu’on quittera Eloge du poil. »

    Voilà, on vous dit même quoi « penser », quoiqu’il n’y ait là rien qui ressemble à « de la pensée ». (Il n’y a sur le plateau qu’une femme à barbe « servant de support » à une série de numéros de mauvais cirque et tous rivalisant de « navritude » ( ?), de « navroure » ( ?).)

    On en est là. Au reste, je ne m’étonne pas du succès que remporte ce spectacle « poétique », i.e. qui ne raconte rien, auprès, non pas nécessairement du public, mais des « diffuseurs ».

    (Les diffuseurs d’ambiance, comme je les appelle gentiment…)

     

    Dénoncer doit être rassurant… puisque décrire est censé faire peur.

    Les conséquences d’une dénonciation, aussi insignifiante soit-elle, sont aujourd’hui censées être positives (et le sont certainement, mais de leur propre point de vue).

    Les conséquences d’une description, elles, devraient effrayer leur auteur.

    – Tu n’as pas peur ?...

     

    La réalité est plus simple : l’ambiguïté fait peur aux tout-puissants diffuseurs d’ambiance (le fait est que ces tocards incultes, ces temps-ci, ne se sentent plus pisser), devrait donc par conséquent me faire peur également, considérations économiques obligent…

     

    Laissez-moi rire.

  • Ouverture : 4. Clé logique

    La logique prétendue dont il est question dans cette scène qui n’est pas pour être représentée, mesdames et messieurs, est celle de notre belle époque, qui indifférencie les sexes, détruit le langage, écrase la raison. – Ils dirent cela, tout humectés d’eux-mêmes, et plus ne se quittèrent…

    L’HOMME. – Tu m’aimes ?

    LA FEMME. – Non.

    L’HOMME. – Tu m’aimes ?

    LA FEMME. – Oui.

    *

    L’HOMME. – Pourquoi c’est pareil ?

    LA FEMME. – Et toi, tu m’aimes ?

    L’HOMME. – Qu’est-ce que tu veux que ça me foute ?

    LA FEMME. – Allez, salut.

    L’HOMME. – Non. Pas salut.

  • Affaire Handke

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    Je n’ai aucune espèce de sympathie, bien au contraire, pour Milosevic.

    Et aussi, j’ai bien peu lu Peter Handke.

     

    Mais j’ai pourtant signé, à l’été 2006, une pétition contre le retrait de la programmation de la Comédie française de sa pièce Voyage au pays sonore ou l’art de la question, retrait motivé par le fait que l’Administrateur de la Comédie française, Marcel Bozonnet, avait eu l’intelligence de lire le Nouvel Observateur, torchon de propagande libéral-socialiste dans lequel, cette semaine-là, on lisait que Handke avait assisté aux funérailles de Milosevic.

     

    Comme, du fait de ma discrétion légendaire, je ne compte pour rien dans ce milieu « culutrel », une telle signature ne m’a même pas valu d’ennui, ni aucune polémique avec quiconque. Pourtant, tout ce même milieu, d’un beau mouvement de « matons de Panurge », comme eût dit le regretté Philippe Muray, s’était rué à signer la pétition adverse sous la houlette imbécile d’Olivier Py, notre grenelle de bénitier.

     

    Peu après, j’ai lu la pièce de Handke.

    Voyage au pays sonore ou l’art de la question est une pièce trop longue, aussi intelligente qu’ennuyeuse (c’est à peu près tout ce dont je me souviens).

    Elle ne déméritait donc en rien. Et de fait, elle n’est pas en question.

     

    En somme, si la constipation de ce murcide Bozonnet ne l’avait poussé à s’enfermer aux toilettes en compagnie du Nouvel Observateur, la pièce de Handke n’eût pas été retirée…

     

    Pourquoi ce billet, aujourd’hui ?

    Parce que je viens de lire, sur le blog de Jean-Jacques Nuel, que le Nouvel Observateur, attaqué en justice par Peter Handke, avait été condamné…

     

    Vous pouvez lire ici le billet de Jean-Jacques Nuel.