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Tout faut - Page 4

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    A lire ici, sur la notion de Culutre :

    En-jeu.

    Interview. Programme : No private joke.

    Rappel : Culutre.

    A lire ici, extraits du texte :

    1. Mission de sévice public.

    3. Saturne, le Touriste et son bébé.

    6. Défense et Illustration du Sinistère de la Culutre 1.

    6. Défense et Illustration du Sinistère de la Culutre 2.

    6. Défense et Illustration du Sinistère de la Culutre 3.

    10. La fin du Pain dur.

     

     

  • Roman par défaut

    Le texte qui suit est une ébauche, abandonnée, de préface ou d’introduction, abandonnée elle aussi, au roman bien particulier, puisque roman par défaut, exclusivement composé de pièces de théâtre intitulé Tout faut – dont le nouveau sommaire est (sommairement, donc) présenté ici.

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    Les raisons de la disparition du théâtre, une des plus hautes formes de la littérature, sont nombreuses.

    La volonté contemporaine, très générale, d’en finir avec les règles, si elle a produit et produit encore nombre d’ « artistes », a tué l’art. (Quand tout est possible, il est presque impossible de ne pas faire n’importe quoi ; et cela, n’importe qui peut le faire.)

    La tragédie, qui mettait en scène la Référence, justifiant ainsi de l’origine du Pouvoir, fut dans son esprit même jugée « protofasciste », et condamnée aussitôt ; quant à la comédie, qui moquait ce même Pouvoir en son action temporelle, ayant elle aussi besoin des subsides des puissants, elle fut jugée trop réellement dangereuse. (La lâcheté est une des conditions du suicide.)

    La manie spectaculaire de l’époque, ensuite, commanda que le texte soit informe, ni ceci, ni cela ; qu’il devienne en quelque sorte « scénario » disparaissant dans sa « réalisation » éphémère : lors la complaisance et le non-sens s’arrachèrent gémellairement le marché. Et il fallut alors que des auteurs satisfaits de leur néant se détrempassent au marécage pour y misérablement grenouiller. (Théâtre, littérature, et même roman, sont des mots que leur surexploitation a vidé de leur contenu.)

    Enfin, la démocratisation massive d’absolument tout, à la recherche d’un consensus totalitaire, hypostasia grossièrement le Dialogue ; et les dialogues à leur tour furent dépossédés de leur originelle puissance conflictuelle. (Il faut désormais que tout conflit réel paraisse absolument barbare.)

    Il se peut toutefois qu’on vous dise qu’il n’y a jamais eu, en France au moins, autant de théâtre, mais c’est sans importance : parce qu’il est ordinairement illisible ; parce que, quand par extraordinaire il est lisible, il ne dit rien, ou vraiment pas grand-chose.

     

    Ce n’est pas seulement un art, une technique particulière, qui meurt, mais la civilisation qui l’a permis. L’Occident fut une manière d’institution du Père, et voici sous nos yeux sa faillite

    Je faux, tu faux, il faut… Ainsi se conjugue le désuet indicatif présent du verbe faillir, dont la troisième personne du singulier recoupe exactement celle du verbe falloir.

    Notre époque ne se compare à aucune autre. Les métaphores historiques sont inopérantes, au sens juridique incompétentes – ou plutôt : ne sont opérantes chaque fois que pour des morceaux prédécoupés du monde, et jamais pour l’ensemble. Je parle ici de mutation anthropologique. Peut-être sous couvert de progrès remontons-nous le temps à grande vitesse, filant vers les grandes matriarchies légendaires, inconnues, effrayantes, franchissant même au passage le mur de l’écriture…

    Or, dans cette affaire d’écriture, justement, qu’est Tout faut, j’ai dû abandonner successivement toutes mes positions, et jusqu’à l’idée d’un repli qui ne soit pas hypocrite. Mais quoi penser d’une critique qui ne commencerait pas par retoquer les positions mêmes de celui qui l’écrit  – et au contraire les conforterait ?

     

    L’absence de règles ne mène à rien, sauf au chaos – et il est vain d’imaginer qu’un chaos d’écriture représente jamais un chaos politique : il s’y fond et c’est tout. Quant aux règles anciennes de la composition dramatique, elles sont mortes avec le monde ancien qu’elles permettaient de représenter ; y recourir par défaut eût été se priver de dire la spécifique ordure de notre époque.

    Les règles simples que j’ai suivies se feront bien assez connaître à la lecture, non moins, j’espère, qu’elles se feront oublier.

  • Poubellication maison

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    – Et maintenant ?

    – Maintenant, j’ai l’air con.

     

    C’est ce que je me suis dit en voyant la ramette posée sur le bureau.

    500 pages écrites. Et serrées.

    Tout faut.

    10 textes.

    Textes de théâtre et sortes d’essais – je ne suis pas un essayiste sérieux, il faut toujours que ça tire vers le pamphlet, la violence…

    Ecrits entre 2005 et 2007.

    Très précisément commencé le 25 décembre 2004 par l’envoi à la poubelle numérique de la bécane d’un texte intitulé Le Commandement de la machine, lui-même écrit de 2002 à 2004.

    – C’est trop gros.

    Coupons.

    Je résume. Parce que, concrètement, ça prend du temps.

    Il faut se décider.

    De ces textes, seuls cinq demeurent.

    Les autres ont dégagé.

    La pièce la plus faible (selon moi), quoique peut-être une bonne idée, Spéculations, perspectives, cauchemar a rejoint Le Commandement de la machine. Poubelle.

    D’autres seront peut-être débitées par morceaux sur ce blog. C’est également une poubelle. D’un sens. Mais pas seulement.

    J’ai conservé par devers-moi, sentimentalisme ? le plus gros morceau, inachevé d’ailleurs, intitulé Catacombes dans la cuisine. A reprendre entièrement. Et à augmenter. Certainement en septembre 2008.

    Restent cinq pièces, retravaillées.

    Du dialogue. Que du dialogue.

    Des dialogues.

    Ces pièces font un roman.

    Par défaut.

    250 pages. Serrées.

    Voilà.

    Champagne.

     

     

     

    Sommaire*

     

    I. Dans les Provinces de l’Ennui

    II. Absolute Wonderland.

    III. Pour une Culutre citoyenne !

    IV. Territoires de la merde

    V. Ce que j’ai fait quand j’ai compris que j’étais un morceau de machine ne sauvera pas le monde

     

     

     

     

     

    (*) Je modifie en fonction de ce nouveau sommaire la numérotation des extraits de Tout faut présentés sur Theatrum Mundi auxquels il est possible d’accéder par la colonne de droite.

  • Défense et Illustration du Sinistère de la Culutre (3)

    Suite et fin de la mise en ligne de la saynète Défense et Illustration du Sinistère de la Culutre, tirée de Pour une Culutre citoyenne ! Liens :

    Défense et Illustration du Sinistère de la Culutre (1)

    Défense et Illustration du Sinistère de la Culutre (2)

     

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    LE CONSEILLER. – Et c’est ainsi, Madame la Ministre, que nous pénétrâmes au cœur de la plus grande entreprise de perversion jamais réalisée.

    LE MINISTRE. – Oui. C’est un effondrement institué.

    LE CONSEILLER. – Et qui fonctionne formidablement.

    LE MINISTRE. – J’ai toujours pensé que Jack Loche était un agent soviétique.

    LE CONSEILLER. – Peut-être même pas. Un imbécile convaincu est le plus précieux des criminels. Précisément parce qu’il est innocent.

    LE MINISTRE. – Et moi, il faut que je poursuive ces horreurs-là ?

    LE CONSEILLER. – Nous n’en sommes plus là.

    LE MINISTRE. – La guerre froide est terminée, je suis au courant.

    LE CONSEILLER. – Mais les imbéciles ne changent pas d’avis.

    LE MINISTRE. – Comment fait-on pour revenir en arrière ?

    LE CONSEILLER. – On ne peut pas. Il y a la continuité du service public qui est rectiligne comme la flèche du temps, et par bonheur, la République qui transcende tout, et intègre en son sein jusqu’à sa destruction même.

    LE MINISTRE. – Amen.

    LE CONSEILLER. – Raison pour laquelle il faut continuer de citer la belle phrase de ce brave Malraux, Madame la Ministre.

    LE MINISTRE. – Je serai donc soviétique. Ce n’est pas parce que c’est de l’art que la République le défend, c’est parce que la République le défend que c’est de l’art.

    LE CONSEILLER. – Vous êtes douée.

    LE MINISTRE. – Merci.

    LE CONSEILLER. – Pour le reste, un peu de rhétorique : Employez souvent les mots d’innovation et de technologie, tout ira bien. Ajoutez aussi : au service de la création. Etc.

    LE MINISTRE. – Nous sommes sur le marché, allelluiah.

    LE CONSEILLER. – C’est le dossier qui doit vendre. Il est votre publicité. N’importe quelle pacotille surnavrante est un chef d’œuvre putatif. C’est important.

    LE MINISTRE. – A nous donc d’organiser la compétition la plus sauvage entre toutes ces merdes réellement analphabètes et prétendument subversives.

    LE CONSEILLER. – Exact. La première phase décentralisée d’abrutissement et d’analphabétisation étant un franc succès, nous avons déjà entrepris de nous retirer progressivement d’un peu partout, Madame la Ministre.

     

    *

     

    LE MINISTRE. – J’entrevois la solution, à présent.

    Il faut laisser ces équarisseurs de toute intelligence s’étriper à mort entre eux ; qu’ils soient prêts à se marcher sur la gueule les uns les autres pour fourguer leur brave petite moraline humanitaire à la con.

    Je veux, oui, qu’ils se comportent comme les pires crapules du libéralisme le plus déchaîné pour vendre à des spectateurs pré-achetés les sirupeuses douceurs de la tolérance et de l’égalité pour tous !

    Je veux qu’ils fassent tous très exactement le contraire de ce qu’ils disent ; je veux que les petits crèvent et que les gros engraissent, et que les spectacles des gros défendent en théorie et à grande eau ces mêmes petits qu’ils ont eux-mêmes écrabouillés en pratique et dans le sang ! Je veux aussi que tous ces imbéciles soient propres et laids et honnêtes comme les représentants de ces labos pharmaceutiques qui exterminent en Afrique pour vendre en Occident l’hygiène et la santé.

    Je veux, oui, que ces ectoplasmes d’artistes rivalisent de sourire et de sympathie et de compréhension et aussi de gentillesse, et que le plus atroce de ces marchands de lieux-communs gauchistes monte en rampant les marches menant à mon bureau à moi, Micheline Broutard.

    Je veux que le plus anti-capitaliste de ces spectacles imbéciles soit jugé au nombre de représentations vendues et qu’au surplus il serve à maintenir son public dans la torpeur molle de bonne conscience idiote où il baigne depuis déjà trente ans.

    Je veux un pays où chaque écolier rêve d’être artiste pour faire un jour caca par terre devant mille ahuris criant au génie et à la subversion parce que c’est écrit dans le programme.

    Je veux que pas un homme sensé ne foute les pieds dans un théâtre. Ou pas deux fois. Et je ne veux plus d’hommes sensés non plus.

    Je veux coter la merde culturelle en bourse, et que le plus petit prolo soit fier d’être actionnaire à deux balles.

    Et moi, moi, moi-je veux aller chaque soir au spectacle pour jouir de cette ordure.

    Vous voudrez bien parfois m’accompagner, Saint-Foin ?

    LE CONSEILLER. – Je ne vais jamais au spectacle, Madame la Ministre.

    LE MINISTRE. – Ah. Et vous faites quoi de vos soirées ?

    LE CONSEILLER. – Je lis Shakespeare.

  • Défense et Illustration du Sinistère de la Culutre (2)

     

     

     

    Lien : Défense et Illustration du Sinistère de la Culutre (1).

    Voici donc la deuxième partie de cette saynète tirée de Pour une Culutre citoyenne ! La troisième, et dernière, ne tardera guère.

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    LE MINISTRE. – Bien. Mon vieux Saint-Foin, appelez-moi Micheline et soyez sincère : quelle est ma marge de manœuvre ?

    LE CONSEILLER. – Nulle, Madame la… Micheline. Le programme est sur ses rails, suivez le programme. Sinon, Micheline, vous ne pourrez que dérailler ; je veux dire : vous exposer inutilement à la vindicte artistico-médiatique.

    LE MINISTRE. – Mais tout de même, si l’idée me prenait d’être une Ministresse exemplaire et marquant de son sceau la fonction ?

    LE CONSEILLER. – Le complexe de Malraux, quoi : dangereux. Les ministères sont brefs, et la continuité du service public donne la part belle à l’Administration, laquelle s’y entend pour freiner car, telle un char d’assaut, son poids convertit la lenteur en puissance. Si vous me permettez cette envolée.

    LE MINISTRE. – Je me sens là comme un fusible dans un étau. Pour autant que ça veuille dire quelque chose. Donnez-moi un conseil.

    LE CONSEILLER. – Défensivement, soyez un fusible qui ne se fait pas sauter. Offensivement, suivez toujours le programme, mais accélérez où c’est possible.

    LE MINISTRE. – Ce programme, il est écrit ? Vous l’avez ? On le trouve où ?

    LE CONSEILLER. – Nulle part, fort heureusement. Au mieux peut-on le déduire de ce qui arrive.

    LE MINISTRE. – Vous pensez que je suis foutue d’avance, n’est-ce pas ?

    LE CONSEILLER. – Non, car il n’est pas trop tard pour ne rien faire et se fondre à la grisaille.

    LE MINISTRE. – Expliquez-moi ce putain de programme, bordel de merde, Saint-Foin. Parce que moi, Micheline Broutard, incrédule et naïve comme je suis, j’en suis restée à la phrase de Malraux : rendre accessibles les œuvres capitales de l’humanité

    LE CONSEILLER. – Oui, oui, je vois bien où vous en êtes. C’était une utopie séduisante ; mais comme toutes les utopies, la réalité l’a retournée en cauchemar. Et notre job, c’est de rendre le cauchemar séduisant.

    LE MINISTRE. – Comment a-t-on fait ce retournement ?

    LE CONSEILLER. – Très simplement. On n’a bien sûr rien changé à la phrase du vieillard. De sorte que vous pourrez encore la citer…

    LE MINISTRE. – C’est déjà ça : je ne connais que celle-là.

    LE CONSEILLER. – Non, on a simplement étendu la notion d’œuvre capitale de l’humanité à strictement tout ce qui se torche sous le ciel. Ce fut le coup de génie du Ministre Jack Loche.

    LE MINISTRE. – C’est atroce. Un exemple ?

    LE CONSEILLER. – Un connard écrit sur un mur (avec ou sans fautes, on s’en fout) la phrase éminemment poétique : J’encule ta mère. Ca dérange le bourgeois. Or, en son temps, Molière dérangeait le bourgeois, ou son équivalent à particule. Donc ce connard pourrait être le Molière d’aujourd’hui.

    LE MINISTRE. – Ce n’est qu’un syllogisme éculé.

    LE CONSEILLER. – C’est un raisonnement imparable.

    LE MINISTRE. – Vous trouvez vraiment ça imparable, vous ?

    LE CONSEILLER. – A la vitesse de l’approximation journalistique, ça l’est, vous pouvez me croire. Et donc, ce connard, on l’embarque : on l’achète, on le produit, on le défend contre les vilains réactionnaires, on le vend un peu partout, il fait école, on décline le concept en chanson technovulgaire, en jonglage innovant, en cirque impopulaire et emmerdant, en chorégraphie animalière, et voilà qu’il se met à nous pousser des chiées de petits Molière dans toute la France, de Dunkerque à Tamanra… à Ajaccio et de Choisy-le-Roi à Bourg-la-Reine. Et là, jackpot numéro un ! tout est devenu anonyme, c’est-à-dire égalitaire et progressiste, tout le monde est artiste !

    LE MINISTRE. – Adieu Shakespeare, Molière, Tolstoïevski, balayées les vieilles lunes élitistes !

    LE CONSEILLER. – Tout à fait, Micheline ! Mais voilà le jackpot numéro deux : La Culture d’un seul coup fusionne avec l’Education Nationale. Leur mission est la même : Imbécilliser la Nation par analphabétisation progressive. – A quoi bon lire encore Molière, les gars, puisque nous en fabriquons deux cents par an, qui ne demandent pas le niveau de compréhension d’un gamin de dix ans puisque tout est écrit en novlangue caca ? Tenez, emmenez donc plutôt les enfants au spectacle, ça les changera des conneries de la télé et ils y verront la même chose.

    LE MINISTRE. – Ici, la mise est raflée en totalité. C’est atroce.

    LE CONSEILLER. – Mais oui, c’est ça ! Il n’y a plus aucun effort à faire, tout est déjà acquis, l’enfant est un créateur, il apprend au maître à se défaire de la raison, place à l’émotion pure. L’émotion ! Il faudrait être un monstre froid, n’est-ce pas ? pour être contre l’émotion. Et pure, en plus ; je veux dire : infantile.

    LE MINISTRE. – Place à la subversion officielle.

     

     

     

    (A suivre...)