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  • Position politique

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    Le misérable théâtre de notre époque ne s’aventure que rarement à représenter le pouvoir et les hommes qui l’exercent.

     

    Le théâtre est politique quand il représente le pouvoir ; pas quand il exprime les opinions personnelles de l’auteur.

    Sophocle a occupé de hautes fonctions politiques. Les historiens, partant de ses pièces, sont incapables de comprendre quelles étaient ses idées. Le fait est qu’écrivant du théâtre, il se situait au-dessus de celles-ci mêmes.

     

    Représenter le pouvoir tient en la description la plus active et impartiale possible des forces historiques en conflit – et par cette dernière expression je n’entends pas les dernières fadaises politiciennes ou sociétales – deux barbarismes – à la mode dans la bouillie journaliste.

    Cela seulement peut dire la hauteur ou la bassesse d’une époque, et conséquemment l’exalter ou lui nuire.

     

    Voilà bien pourquoi tout ce qui, dans la culture, n’est pas réellement théâtral reçoit aujourd’hui les plus vifs encouragements.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    (Voir aussi : Note de travail (2))

     

     

     

  • Opinions sur rue

    Crayon-trottoir. C’est une enquête réalisée dans la rue sur un échantillon de population approximativement représentatif de lui-même.

     

    – Bonjour, monsieur. Puis-je vous poser quelques questions ?

    – Quoi t’est-ce qu’on gagne ?

    – Un morceau de gloire relative en kit à monter soi-même.

    – C’est pas trop long alors, j’espère, parce que j’ai encore des courses à faire pour le chat…

    – Non, non, c’est très court. C’est une enquête anonyme pour savoir où on est avec la mort.

    – Ça a l’air intello, vot’ truc, là, dites, non, hein ?

    – Meuh non… Bon, vous y êtes ? Première question : Etes-vous prêt à mourir pour Dieu ?

    – Ah bah c’te blague, Dieu… Pff… Vraiment, hein.

    – 2. Etes-vous prêt à mourir pour votre pays / patrie / nation (rayez les mentions pas choisies ou pas comprises) ?

    – Vous déconnez pas un peu, non ?

    – 3. Pour de l’argent ?

    – Ah oué oué oué… Bah non merde, parce que comment qu’on le claque après ?

    – 4. Pour vos parents ?

    – De toute façon, ’vont bientôt crever, les vioques. Place aux jeunes ! Même qu’on peut les aider à se magner un peu grâce à la dignité. C’est qu’y a le pavillon à récupérer…

    – 5. Pour vos enfants ?

    – Euh… Ça dépend : c’est filmé ?

     

    Résultat de l’enquête :

    Probant.

    L’échantillon est tout à fait émancipé, libéré de toute emprise libérale, idéologique ou religieuse.

    Son désir légitime d’être filmé nous conduit à lui proposer de pratiquer quelques activités artistiques citoyennes ouvertes à tous.

     

    Morale – car c’en est une :

    Mourir pour rien

    C’est vachement bien

    De toute façon on va crever

    Autant que ça soye pour rien

     

    – Et sinon, monsieur, je peux vous demander ce que vous faites dans la vie ?

    – Je m’emmerde.

    – Non mais, comme métier ?

    – Chui assistante sociale bac +5, pourquoi ?

     

     

     

  • Contre Novarina

    En écrivant tout à l’heure, sans crayon ni papier, dans un café perdu au milieu des déambulations des acheteurs de Noël, le billet qui précède, j’ai repensé à quelque boutade que j’ai pris l’habitude d’opposer à quiconque me demande ce que je pense du théâtre, ou de la poésie, de Valère Novarina, lequel, pour tout vous dire, m’attire et me repousse également :

    – Et tu penses quoi de Novarina ?

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  • Adresse

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Le spectacle pourrait commencer comme ça.

     

    L’acteur entre en scène, s’assoit au bord du plateau et dit gentiment au public :

     

    – Vous êtes venus écouter ce que je dis, mais ce n’est pas à vous vraiment que ce que je vous dis pourtant s’adresse ; ce que je vous dis est indifférent à qui vous êtes, individuellement ou collectivement – je ne vous connais pas et j’aurais dit à d’autres exactement la même chose ; et non plus ce n’est pas à moi que ce que je dis s’adresse. Ce que je dis, par ailleurs, n’est pas de moi. Alors quoi ?