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  • Ouverture : 4. Clé logique

    La logique prétendue dont il est question dans cette scène qui n’est pas pour être représentée, mesdames et messieurs, est celle de notre belle époque, qui indifférencie les sexes, détruit le langage, écrase la raison. – Ils dirent cela, tout humectés d’eux-mêmes, et plus ne se quittèrent…

    L’HOMME. – Tu m’aimes ?

    LA FEMME. – Non.

    L’HOMME. – Tu m’aimes ?

    LA FEMME. – Oui.

    *

    L’HOMME. – Pourquoi c’est pareil ?

    LA FEMME. – Et toi, tu m’aimes ?

    L’HOMME. – Qu’est-ce que tu veux que ça me foute ?

    LA FEMME. – Allez, salut.

    L’HOMME. – Non. Pas salut.

  • Scolastique contemporaine

     

     

    « Le niveau monte. »

    Dernière phrase du Capitaine du Titanic

     

    « Je sors à l’instant du coiffeur. »

    Un ami, comédien et homosexuel, conscient de faire ainsi, de ses « amours », un octosyllabe amusant et banal

     

    « Je sors à l’instant du coiffeur. »

    Exemple choisi par un professeur des écoles de CM1 pour illustrer une leçon de non-français sur le COI

     

     

     

     

    Je parlerai ce jour du sac (hélas institué) de l'Université française. 

    On connaissait l’ignoble idée de Chevènement d’amener 80% d’une classe d’âge au baccalauréat ; et ses résultats plus que désespérants…

    L’enseignement de la langue française est interdit.

     

    Un « honorable correspondant », ainsi qu'on dit peut-être encore dans le Renseignement, m’annonce par courrier électronique que la suite est en cours :

    « Or, pour votre information, officiellement, depuis le 01 janvier 2007, suite à la réforme Allègre-Royal de l’université (réforme LMD) le taux de réussite doit être de 70% au bout de 3 ans en licence (pour 100 étudiants en première année, 70 d’entre eux doivent réussir la licence de 3ème année…). Si cet objectif n’est pas atteint, les subventions de l’Etat ne seront plus allouées à l’Université qui aurait un taux d’échec supérieur de 30% en 2011 (plans quadriennaux)… Ça a été l’occasion d’hystérie collective au sein de l’Université quand cela fut annoncé en septembre-octobre 2006 chez les enseignants-chercheurs… par des e-mails officieux internes… avant l’annonce officielle bien inaudible avant les élections (et le premier qui en parlait était mort…)… Les présidents d’Université n’avaient plus alors d’autre choix que l’autonomie face à un objectif impossible à atteindre même en donnant les diplômes aux étudiants (problème d’évaporation estudiantine…)… »

     

    Autant dire que non contente de fabriquer à la chaîne des crétins, pour reprendre l’expression rendue célèbre par Jean-Paul Brighelli, la France, en distribuant systématiquement des licences à des étudiants qui se jugeraient idiots de travailler et que ces saloperies d’IUFM auront charge de bienvenir, mandate ces mêmes crétins à fabriquer à leur tour des abrutis.

    ET VOUS VIVREZ COMME DES PORCS.

     

    J'imagine que l'actuelle Pécresse compte un peu sur ces mesures éminemment socialistes, je veux dire : suicidaires, pour faire passer la pilule de l'autonomie auprès de ces crétins prompts à la grève. Je trouve que cela ressemble à caresser des branleurs dans le sens de la débandade. 

  • Un conte de Noël : Zen U 20

     ... de chrétien zélé que j’avais été, j’étais devenu un esprit fort, c’est-à-dire un esprit faible. 

    Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe, Livre V, chapitre 15

     
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    Prologue

     

    L’histoire idiote que je vais vous raconter n’est pas vraie. J’en veux pour preuve qu’elle se passe dans le futur. Dans les années 2052 après Jésus-Christ, environ.

    Personnellement, je l’ai écrite cette semaine, dans un bar, en fumant de criminelles et « pornographiques » cigarettes…

    Mais peu importe. Puisque selon Boileau, le vrai peut quelquefois n’être pas vraisemblable, reste à espérer que le vraisemblable, à son tour, ne devienne pas vrai.

    Je n’aime pas beaucoup la science-fiction, mais pour compenser : j’aime bien me foutre de la gueule du monde.

     

     

    Chapitre 1

     

    Je m’appelle François Dupin. Je n’ai jamais rien aimé de ce qui dure. J’ai toujours été contre les traditions abjectes. Toute ma vie, j’ai dégueulé mes pères. Je n’ai jamais cru à rien. Mais ce n’est pas cela que je voulais vous dire…

    Je m’appelle François Dupin. Je suis vieux. Je vais mourir. Ici, dans cette vieille ville de Lyon. En l’an 1430 de l’Hégire.

    Je m’appelle François Dupin. A moins que je ne sois déjà mort. A tout le moins, rêve ou réalité, je me vois mourir. Je suis sur ce lit électrique, à l’hôpital, métissage de crasse et d’hygiène où la mort sent le propre chimique et la vie, je ne sais pourquoi, la merde… et quoiqu’il n’y ait personne à mon chevet, je parle à la petite caméra fixée au montant métallique qui me fait face. C’est à cette minuscule saloperie technologique reticulée au monde entier, ou à ce qui désormais en tient lieu, que je lance d’une voix faible mes dernières et vaines phrases.

    Elles ne sont pas, d’ailleurs, celles que j’aurais souhaitées :  

    – Alors ils remplacèrent le mot Bible, qui signifiait Livre, par le mot Média, qui signifie Moyen.

    Et il y eut partout des médiathèques.

    Et il n’y eut plus nulle part des bibliothèques

    Puis vous vîntes.

     

     

    Chapitre 2

     

    Et il mourut, « vieux et pourri », ainsi que le dit, en français, pour s’amuser, Naïma, sa petite fille.

    Et voilà.

     

    (– Et alors ?

    – Alors, ses petits enfants n’avaient rien compris à ses dernières paroles. Il faut dire à leur décharge, que le son de la communication, on ne sait pourquoi, n’était pas terrible.

    – Oui ?...

    – Et il faut dire encore que le « vieux et pourri » avait parlé en français, et que ses petits-enfants (enfin, les quelques-uns d’entre eux qui avait assisté en ligne à sa mort) ne parlaient pas patois. Ils s’étonnaient tout de même que la dernière phrase – trois mots – leur demeurât incompréhensible à ce point.

    – Attends… Il a combien de petits enfants, le « vieux tout pourri » ?...

    – Mettons quatre. Ou quinze. Ou vingt-trois. Peu importe. Dont deux seulement assistent à sa mort en ligne.)

     

    Naïma, toutefois, accorda quelques minutes de son temps précieux à cette « chose », qu’elle réfléchissait dans sa langue maternelle, métissage citoyen de mauvais arabe dialectal et de français de collège du vieux temps (« Mon granpér é 1 vieucon mai mintnan il é crévé inchallah », écrivit-elle en s’appliquant dans son journal intime électronique). Puis elle mit en veille l’ordinateur, enveloppa soigneusement sa chevelure dorée dans un hijab Gucci fort seyant et se rendit à son cours de philosophie politique à la TRU (Tariq Ramadan University), dans l’Est de Lyon.

    Son cousin Nasser, à cent cinquante kilomètres de là, traduisit dans son globish natal l’ultime et incompréhensible phrase de son grand-père (elle lui semblait, du seul fait de ses qualités sonores, pouvoir faire l’objet d’un refrain dans une des chansons qu’il écrivait pour son « groupe » - il était seul dans son groupe et travaillait les divers instruments sur son ordinateur. Comme il était artiste, il entretenait divers engagements politiques, militait notamment dans une association qui lui avait passé commande d’une chanson : le MSDVRTSQOLDDFPD ou Mouvmen Sitoyen pour la Dépennalization des Viol en Réunions ou Tournante Si Quyz Ont Lieu Dans Des Filles Pas Déscente).

    « Zen U 20. »

     

    (– Ce qui veut dire ?

    – Eh bien, mais c’est sa traduction :

    Zen You Twenty.

    Then You Twenty.

    Puis vous vîntes.)

     

  • Affaire Handke

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    Je n’ai aucune espèce de sympathie, bien au contraire, pour Milosevic.

    Et aussi, j’ai bien peu lu Peter Handke.

     

    Mais j’ai pourtant signé, à l’été 2006, une pétition contre le retrait de la programmation de la Comédie française de sa pièce Voyage au pays sonore ou l’art de la question, retrait motivé par le fait que l’Administrateur de la Comédie française, Marcel Bozonnet, avait eu l’intelligence de lire le Nouvel Observateur, torchon de propagande libéral-socialiste dans lequel, cette semaine-là, on lisait que Handke avait assisté aux funérailles de Milosevic.

     

    Comme, du fait de ma discrétion légendaire, je ne compte pour rien dans ce milieu « culutrel », une telle signature ne m’a même pas valu d’ennui, ni aucune polémique avec quiconque. Pourtant, tout ce même milieu, d’un beau mouvement de « matons de Panurge », comme eût dit le regretté Philippe Muray, s’était rué à signer la pétition adverse sous la houlette imbécile d’Olivier Py, notre grenelle de bénitier.

     

    Peu après, j’ai lu la pièce de Handke.

    Voyage au pays sonore ou l’art de la question est une pièce trop longue, aussi intelligente qu’ennuyeuse (c’est à peu près tout ce dont je me souviens).

    Elle ne déméritait donc en rien. Et de fait, elle n’est pas en question.

     

    En somme, si la constipation de ce murcide Bozonnet ne l’avait poussé à s’enfermer aux toilettes en compagnie du Nouvel Observateur, la pièce de Handke n’eût pas été retirée…

     

    Pourquoi ce billet, aujourd’hui ?

    Parce que je viens de lire, sur le blog de Jean-Jacques Nuel, que le Nouvel Observateur, attaqué en justice par Peter Handke, avait été condamné…

     

    Vous pouvez lire ici le billet de Jean-Jacques Nuel.

     
  • Il n'y a personne dans les tombes, de François Taillandier...

     

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    … est le troisième des cinq romans qui composent La grande Intrigue. Après Option Paradis et Telling, nous retrouvons les cousins Louise et Nicolas, leurs aïeux et descendants. Cet ensemble romanesque est une fresque morale, au sens où elle décrit en détail et sans jugement apriorique, l’immense changement dans les mœurs survenu en France, en un siècle. Récit au demeurant bien peu balzacien dans sa forme, tant la digression – alerte et fine – y tient lieu de fil conducteur, promenant son lecteur à travers les époques et les lieux, du XIX° siècle à l’Afrique, de la Province française qui va mourir à Paris, espace urbain hygiénisé plutôt que ville.

    Un monde meurt, on le voit, et la vie grouille, anarchique, sur son cadavre. L’autorité des règles anciennes a disparu. Elles éclairaient l’homme non moins qu’elles lui donnaient une ombre… Tout à présent est davantage libre et cru, comme de partout également éclairé, et l’homme a perdu son épaisseur et son mystère.

     

    Au centre de ce troisième volume, « mise en abyme » se trouve la préface à l’œuvre en cours, la préface à La grande Intrigue. Il y est essentiellement question des Evangiles, et d’un certain tombeau, demeuré vide. Il y est question de ce que c’est que le Christianisme, et de comment il autorise notre façon, ici, très simplement, de raconter.

    Au centre de ce troisième volume, au centre aussi, donc, des cinq volumes dont deux demeurent à paraître, il est question de la Résurrection.

    Et donc, de l’Espérance.

     

    Dans ce roman, tout est simple, léger, intelligent – et noir.

    Mais la lumière brille dans les ténèbres et les ténèbres ne la peuvent point comprendre.