Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

obama

  • Les élections américaines

     

     

     

    Ce serait après tout une singulière façon de dire quelles choses revêtent une importance et quelles n’en revêtent guère, que de donner ici pour titre de chaque billet l’information principale du jour relayée par les grands médias d’information. Le corps dudit billet, quant à lui, aurait trait à ce qui m’a réellement importé dans la journée, que ce soit des choses que j’ai faites, pensées ou imaginées – et il est vrai qu’il serait très simple de donner au contenu de ce blog l’allure d’un journal. Ainsi, chaque bref récit de ma journée s’ornerait de ce qui semble important à ceux qui décident de ce qui l’est. Et parlerait de tout autre chose ; ou non : puisque ce rabâchage en définitive nous atteint, nourrit nos discussions de comptoir ou de réseau social, et, parfois, nos votes. Et finalement, il est à peu près impossible que ce rabâchage n’appartienne pas à ma vie ; mais savoir dans quelle proportion, c’est difficile. De ce jour, par exemple, je pourrais dire que j’écris ce billet pour rire, en sirotant un excellent whisky ; ou bien que ma question est de trouver un moyen d’articuler le Mahomet de Voltaire avec le Moïse de Chateaubriand et le Charles IX de Marie-Joseph Chénier, ce qui pourrait bien être au fond, ma façon dramatiquement personnelle de faire de la politique ; ou bien, tout autrement, que je ne travaillais pas, et que je suis allé longuement marcher dans la forêt et dans les vignes, qu’il faisait un beau froid sec ensoleillé et que ces reliefs d’automne rasés par le soleil étaient simplement magnifiques ; cela serait banal et juste. Pourquoi au fond se soucier de choses autres, auxquelles on ne peut rien, et dont les discussions et querelles signent seulement notre impuissance, bien réelle ? Un jour, peut-être, tout de même, en signe que ce qu’on appelle la crise est devenue bien prégnante, le titre et son contenu coïncideraient réellement. Ce serait, à ma modeste échelle, un événement (comme par exemple le jour où la mobilisation générale coïncidera avec mon incorporation, mais là, je crois que je plaisante). Ou bien le signe que les informations dispensées par les grands médias sont devenues insignifiantes et banales – ce qui approche aussi. Mais aux jours de bouleversements encore lointains, cela donnerait quelque chose comme la célèbre inscription de Kafka dans son Journal, en date du 2 août 1914 : « L’Allemagne a déclaré la guerre à la Russie. – Après-midi piscine. » Néanmoins, je dois ajouter que ces nouvelles du monde me parviennent désormais par des voies très dérivées. L’information est rarement de première main et je n’ai aucun a priori positif sur le métier de journaliste. En conséquence, je ne lis aucun journal, ne regarde pas la télévision, n’écoute pas la radio. Mais il y a internet et ses réseaux sociaux, et maintenant, ses magazines de commentaires, qui ne se cachent pas, en général, de n’avoir d’autres sources que celles des grands médias idiots. Ce qui est amusant, au fond, c’est que ces masses de commentaires étalés partout, qui permettent justement à quelqu’un comme moi d’être en gros au courant de ce dont il faut causer dans le monde, affaiblissent les médias traditionnels, qui avaient longtemps passé pour sérieux. Ces médias, de plus en plus en danger, seront donc, eux aussi, de moins en moins bien informés, vérifieront encore moins leurs sources, et finalement diront seulement ce dont ils ont besoin, en fonction de leurs intérêts propres, etc. Et les commentaires dérivés des autres guignols plus ou moins humoristiques s’éloigneront plus encore d’une réalité dont il ne sera plus jamais rendu-compte. J’ai cru comprendre qu’on appelait cet empilement de faussetés opaques du nom de transparence. Tout en bout de course, j’en participe ici, et je l’admets sans ironie. Peu importe. Il y avait donc aujourd’hui des élections aux Etats-Unis d’Amérique. Peut-être changeront-elles, insidieusement ou non, ma vie, je n’en sais rien, et à cette heure, je m’en contrefous. Je n’ai même pas le bon goût de préférer Obama à l’autre tronche de Mormon. Le sort de cette puissance, dont j’ai bien conscience que mon pays est désormais un satellite très commun, me passe au-dessus de la tête. Tout ce que cela m’inspirerait est une vague envie de cracher à la gueule de la succession d’imbéciles qui est allée mettre mon pays dans la situation d’obéir à une puissance extérieure, sinon pas à plusieurs. L’occasion, je le crains, ne m’en sera pas donnée pour autant. Ou pas tout de suite. Si elle l’était un jour, je crois que le titre du billet et son contenu coïncideraient. J’allais oublier que je n’ai pas lancé ce blog pour raconter ma vie, et que je ne généraliserais pas non plus de donner pour titre à mes billets l’information dont on nous gave. Bref, que ce qui me requiert ici ne tient en définitive ni de ce que je fais de mes journées ni de ce que titrent les médias. Alors quoi ?

      



  • Elites

    obama_hope.jpg

    Comme la plupart des gens, et dans presque tous les domaines de la vie, un trop grand désordre me fait souhaiter davantage d’ordre et de rigueur, un ordre trop pesant davantage de désordre et de fantaisie ; comme s’ils étaient tous deux, ordre et désordre, nécessaires et insupportables. Je suis un partisan du juste milieu et bien sûr, je ne m’y tiens jamais, faute de jamais le reconnaître.

    Notre monde mondial, qui croule sous des kilotonnes de lois et règlements, est en proie au chaos, à la confusion. Certaines idéologies, cyniques et naïves, mais devenues banales, voudraient qu’ultimement les différentes composantes de ce monde se fondent, fusionnent en une seule, qu’elles rêvent ou délirent enfin humaine, et même : humanité. Comme s’il nous fallait en fin finale un monde tout à la fois confus et fondu ; et qu’au surplus, ce gros flou-là nous serve tout uniment d’ordre et de désordre – selon, j’imagine, le réglage de la focale.

    Mais la question demeure, qui peut faire son grabuge, de qui règle la focale.

    Lire la suite

  • Respublica Nostra

    Obama.jpg
    Ahmadinejad.jpgmerkel.jpg
    Kouchner et Sarkozy.jpg

    Mais qu’importe aux serviteurs de ces misérables divinités, passionnés imitateurs de leurs crimes et de leurs débauches ; qu’importe à de tels hommes la corruption, la honte de la République ? Qu’elle soit debout, disent-ils, florissante par la force de ses armées, par l’éclat de ses victoires, ou mieux encore par la sécurité et la paix, il suffit ; que nous importe ? ou plutôt, il nous importe que chacun augmente ses richesses pour suffire aux prodigalités journalières, pour réduire le faible à la merci du puissant ; que le besoin soumette le pauvre au riche, et que le patronage de l’un assure à l’autre une tranquille oisiveté ; que les riches abusent des pauvres, instruments d’une fastueuse clientèle ; que les peuples applaudissent, non pas aux ministres de leurs propres intérêts, mais aux pourvoyeurs de leurs plaisirs ; que rien de pénible ne soit ordonné, rien d’impur défendu ; que les rois ne s’inquiètent pas de la vertu mais de l’obéissance de leurs sujets ; que les sujets obéissent aux rois non comme leurs directeurs de mœurs, mais comme arbitres de leurs fortunes, comme intendants de leurs voluptés, et que cet hommage trompeur ne soit que le criminel et servile tribut de la crainte ; que les lois protègent plutôt la vigne que l’innocence de l’homme ; que nul ne comparaisse devant le juge, s’il n’a entrepris sur le bien ou la vie d’autrui, s’il n’a été malfaisant et nuisible par violence ; mais que des siens avec les siens, avec quiconque le voudra souffrir, il soit permis de tout faire ; que les courtisanes abondent, au gré de qui veut jouir, et de qui surtout ne peut entretenir de concubine ! Partout des palais somptueux ! partout de splendides festins ! partout, à votre fantaisie, où vous pourrez, jour et nuit, fêtez le jeu, la table, le vomitoire, le lupanar ! Partout le bruit de la danse ! partout que le théâtre frémisse des clameurs d’une joie dissolue et des émotions de toute volupté cruelle ou infâme ! Que celui-là soit ennemi public à qui telle félicité complaît ! Que si, pour la troubler, quelque citoyen s’élève, que la libre multitude sans l’entendre le repousse, qu’il soit chassé, qu’il soit proscrit ! Qu’il n’y ait de dieux véritables que les auteurs et les protecteurs de cette félicité ! Qu’on les honore à leur volonté, qu’ils demandent tels jeux qu’il leur plaise, qu’ils les obtiennent avec ou de leurs adorateurs ! Qu’ils veillent seulement pour que ni la guerre, ni la peste, ni aucun désastre n’altère tant de prospérité ! Est-ce là, je le demande, à tout homme en possession de la raison, est-ce là l’Empire romain, ou plutôt n’est-ce pas le palais de Sardanapale, cet ancien roi, esclave des voluptés, qui fait graver sur son tombeau qu’il n’emporte rien dans la mort que ses débauches n’aient englouti pendant sa vie ? Ah, que nos adversaires ne jouissent-ils d’un tel roi, si complaisant à leurs désirs, et que nul vice ne trouve sévère ? A lui, de plus grand cœur que les Anciens à Romulus, ils consacreraient un temple et une flamine.

     

    Saint Augustin, La Cité de Dieu, livre II, § XX

     

     

     

    50 ans environ avant la chute de l’Empire romain d’Occident, en 476.    

    Saint Augustin.jpg