mystère
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Planche
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Et la troisième...
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Fragment
– Vous vous rendez compte que vous écrivez pour des gens qui n’existent pas ?
– Oui.
– C’est ce que je craignais.
– Ecrivez un roman, plutôt. Vous en lisez ?
– Trois ou quatre par ans.
– Et l’envie ne vous vient pas d’en faire ?
– Je n’ai aucune envie de rallumer ma télé. Et déguiser ma vie me désolerait.
– Forcez-vous, non ?
– C’est une tentation, savez-vous, à laquelle je m’efforce de ne pas céder.
– Vous n’aimez pas les romans ?
– Si. Pour ce qu’ils sont.
– Ah ? Et que sont-ils ?
– La forme la plus haute du journalisme, la forme la plus basse de la littérature.
– Que voulez-vous dire ?
– Ça ne se tait pas assez. Et…
– Et ?
– Se taire ne suffit sans doute pas.
–… Ne suffit pas à quoi, exactement ?
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Perspective
C’est étonnant comme une phrase de la plus banale facture, glissée au milieu d’une abondante conversation, et à laquelle sur le moment vous n’aviez pas plus que ça prêté attention, peut revenir quelques jours plus tard vous habiter, détachée de son contexte initial, soudainement en résonnance avec toute votre vie – qui se trouve comme assignée à cette simple phrase-là, mais aussi pour ainsi dire justifiée ou rendue logique –, et pourtant mystérieusement attachée à la personne qui vous l’a dite.
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Miracle de l'ordure
Ors sui, et ordoiez doit aler en ordure.
Ordement ai ouvré, ce set Cil qui or dure
Et qui toz jours durra, s’en avrai la mort dure.
Maufez, com m’avez mors de mauvese morsure !
(Ordure je suis. L’ordure doit finir en ordure.
Ordures, mes actions : il le sait l’Etre qui dure
Et toujours durera. Ma mort en sera dure.
Vous m’avez mordu, Maudits, de quelle maudite morsure !)
La traduction de ce quatrain nous est certes plus claire, mais on y perd énormément en poésie.