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littérature - Page 74

  • 56. Vieux homme

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Il dit : – A un moment, c’est douloureux parce que vous n’avez plus rien à lui dire, ni elle à vous, et que ça vous pèse, avec la sensation du gâchis alors que c’est seulement que la passion, cette chose ridicule, peut-être inévitable, mais qui m’a l’air forcée quand même aujourd’hui, on ne s’en souvient plus assez pour s’y faire encore croire et tout le semblant qui suit ; et puis, eh bien, un moment après, quand cette bascule-là elle a passé vraiment, je veux dire si vous êtes capable de renoncer même à la frustration, vous commencez à trouver que c’est reposant, d’être là, et qu’elle soit là, avec ce silence entre vous de ceux qui n’ont rien à se prouver – en tout cas à l’autre. Oh, ça n’empêche pas de s’engueuler, heureusement. Pour savoir qui descend les poubelles, ou autre chose, par exemple. On reste des humains quand même. A un moment, on se disputait même à savoir qui resterait en dernier. Et puis voilà, hein.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Polis

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    On peut essayer de quantifier le sommet du pouvoir, mais.

    Combien de morts une phrase peut faire. Combien d’argent elle peut perdre ou rapporter. Ou quels territoires, etc. Combien de divisions internes ou externes elle engendre. Quelles ripostes.

    Et son influence, restreinte ou pas ? Ses mesures procèdent toujours d’une méconnaissance, non moins qu’elle-même. Pour ne rien dire de ses délais.

    Se poser ces questions entrave la décision. Le pouvoir n’est lui-même qu’aveugle.

    L’effroi devant toute conséquence contraint ceux qui exercent le pouvoir à un certain nombre de phrases fausses, convenues, établies d’avance – ainsi que leurs réponses.  

    Et voilà pourquoi votre pouvoir est muet.

    Bavard, mais muet. Clairvoyant parfois, mais toujours inactif.

     

    (J’essaie de présenter les choses positivement.)

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Chiasme

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     J’entre au café, salue les gens au comptoir d’une poignée de mains. Robert me fait un clin d’œil et un geste de la tête genre : regarde, gamin, ça vaut le coup d’œil. Il y a là aussi deux autres habitués, une toute jeune femme qui vient rarement, un vieux monsieur élevé à l’Assistance publique – c’est ce qu’il est en train de raconter – et son chien qui se promène en liberté dans la salle. Une gêne dont je ne vois pas du tout la cause grandit. Une gêne que le vieux monsieur ne perçoit pas du tout – c’est donc lui qui doit en être la cause. Mais, donc, me demeure inconnue la cause de cette cause. Je commande un demi.

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  • 54. Instants

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    Il est tout en haut du gratte-ciel.

    Il va sauter.

    Hésite.

    Saute.

    Déjà il regrette.

    Il voudrait remonter.

    Voudrait n’avoir pas sauté.

    Trop tard.

    Accélération terrible.

    Regrets aussi.

    Il n’atteint jamais le sol.

    Le sol à toute vitesse se creuse.

    Se refuse.

    Aucun impact.

     

     

    Anonyme (2007)

     

     

     

     

     

     

     

     

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  • 53. Brouhaha

     

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    Bien avant d’écrire sa République dans laquelle il plaide avec une certaine logique pour l’exclusion des poètes de la Cité, Platon a eu l’excellente idée de faire disparaître lui-même ses tragédies. Il a finalement fallu attendre quelques néo-platoniciens de basse fosse pour, en défendant un prétendu théâtre des idées, parvenir aujourd’hui sous l’apparence inverse au résultat visé.

     

     

     

    Exercice 1. Vous vous demanderez pourquoi l’auteur a qualifié de nouvelle son paragraphe.

    Exercice 2. Vous garderez pour vous votre réponse.