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café - Page 2

  • Fermer la porte

     

     

     

     

     

     

     

    Au café, à la table voisine.

    Ils ont une petite trentaine.

    Elle fait l’air d’être amoureuse et pointe son doigt.

    ELLE. – Mais elle, tu as eu une relation avec elle ?

    LUI. – Une relation, c’est ce qui se relate. Donc : non.

    ELLE. – Hein ? Mais… oui ou non ?

    LUI. –  Non.

    Calme et net. Il l’a déjà quittée (enfin, je le lui souhaite).

     

     

     

     

     

     

  • Chiasme

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     J’entre au café, salue les gens au comptoir d’une poignée de mains. Robert me fait un clin d’œil et un geste de la tête genre : regarde, gamin, ça vaut le coup d’œil. Il y a là aussi deux autres habitués, une toute jeune femme qui vient rarement, un vieux monsieur élevé à l’Assistance publique – c’est ce qu’il est en train de raconter – et son chien qui se promène en liberté dans la salle. Une gêne dont je ne vois pas du tout la cause grandit. Une gêne que le vieux monsieur ne perçoit pas du tout – c’est donc lui qui doit en être la cause. Mais, donc, me demeure inconnue la cause de cette cause. Je commande un demi.

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  • Je suis un menteur

    Et je le prouve.

     

    Ce jour-là, j’étais en train d’écrire dans mon bistrot de quartier, tournant légèrement le dos à la salle quasi-vide.

    Je n’entendis pas entrer mon amie F., qui, me voyant au travail, me photographia à deux reprises avec son téléphone portable.

    Puis elle vint me saluer et me montra les deux photographies qu’elle venait de prendre. Je lui demandai si elle avait moyen de me les envoyer par e-mail.

    – Oui, quand j’aurai retrouvé le cordon reliant mon téléphone à mon ordi.

    Ce qui peut prendre du temps.

    Une autre fois, peut-être un mois plus tard, je lui demandai si elle avait retrouvé ce foutu cordon.

    Non.

     

    Et puis, au tout début de cette année 2010, le 3 janvier pour être précis, je reçois un e-mail de F. auquel sont jointes ces deux photos :

     

     

    Je les regarde et me demande ce que je pouvais bien être en train d’écrire ce jour-là. C’est une question que je me pose souvent en regardant des photos d’écrivain en train d’écrire – sauf si elles sont vraiment trop « posées ». Quel livre ? ou quelle lettre ? Mais surtout, plus précisément, quelles phrases ?

    Je renvoie donc un e-mail à F. en lui demandant si elle a moyen – par son téléphone ou son ordinateur, donc – de connaître la date de ces photographies.

    La réponse est : le 16 octobre à 15 h 48 min 25 s et 15 h 48 min 53 s.

     

    Photo0122_001.jpg

     

    Je préfère la seconde, prise de plus près, et moins floue :

    Photo0123_001.jpg

     

    Voilà.

    Qu’est-ce que je pouvais bien écrire le 16 octobre 2009, dans mon petit café de quartier toujours plus vide que plein ?

    Je me le demandais vaguement lorsque j’eus l’idée – ce qu’on est con, parfois – de regarder sur mon propre blog – celui-ci, oui – si je n’avais pas, par le plus grand des hasards, une publication en date du 16 octobre.

    Si.

    C’est celle-ci.

     

    Point de salon, ni personne.

    Je suis donc bien un menteur.

     

     

  • Seuil

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Je suis entré dans le café miteux – est-ce que j’ai dit bonjour ? – et elle était là. Une parfaite inconnue, debout au comptoir, un café devant elle. J’ai moi aussi commandé un café. J’ai pris le journal. Elle a demandé une cartouche de cigarettes, réglé le tout, est revenue à son café. Est-ce qu’elle est jolie ? Peut-être même pas ; quoique dire non serait injuste. Je lui donne quatre ans de moins que moi. J’ai repoussé le journal. A un moment donné, un instant, elle m’a regardé. Et elle m’a vu. J’ai vu qu’elle me voyait. Je peux même dire ce qu’elle a lu : Il tient, mais promet plus qu’il ne tient ; utilisable. Puis elle a fini tranquillement son café, est sortie :

    – Au revoir, monsieur.

    Elle a utilisé sa sortie à vérifier son premier regard. C’est ça.

    – Au revoir, madame.

    Elle a vu, et moi rien. Je ne sais quoi penser d’elle. Sinon qu’elle est plus intelligente et va plus vite que moi – pauvre rivalité – et ce n’est tout de même pas tous les jours… Mais je n’aurais pas dû voir qu’elle voyait. Et je l’ai vue me voir. C’est peut-être une faute – sauf si elle a voulu que je la voie me voir…

    Si tu raisonnes un pas de plus, mon gars, tu entres dans la paranoïa… La seule chose que je jurerais, c’est qu’il ne s’agit en rien de séduction : elle travaillait, et moi aussi. Je reprends un café. Je ne demande rien au patron. Des moments comme celui-là, trois minutes au total environ, n’arrivent pas tous les dix ans ; ils se suffisent. Je joue Bach dans ma tête. Elle avait de beaux cernes.