Formation :
– Ne mens que lorsque c’est inutile.
– Expliquez-moi.
– Non.
Il a mis très longtemps à comprendre.
Et d’abord il a compris des choses fausses.
Et ce qu’il a aujourd’hui compris ne l’est sans doute pas moins.
Il a maintenant un éventail de réponses.
Un ami :
– Tu sais ce que c’est, ton problème ?
– Non. Mais je sens que tu vas m’éclairer.
– C’est que tu es beaucoup trop intelligent.
– Ça, ce serait plutôt ton problème avec moi, non ?
– Connard.
Il n’aime pas le pouvoir ; et son intelligence doit demeurer inemployée.
Personne ne triche autant que celui qui croit pouvoir, de ce qu’il pense de lui et de ce qu’on dit de lui, se connaître ; et devient ainsi à lui-même son phantasme, finissant même par imaginer ce qu’on eût dit, en son absence, de lui. Combien de romans ?
En son absence, donc :
– C’est un garçon auquel il n’est pas difficile de comprendre l’adversaire.
Le nombre de nos motivations est extrêmement limité.
– Demandez-lui d’écrire des rapports, alors.
– Nous l’avons fait. Ils sont très simples. Mais nous les lisons mal.
– Et dans l’action ?
– Ou il désarme l’adversaire comme on retire à un enfant son jouet ; ou il prend toute la charge pleine gueule.
– Et dans le second cas ?
– Eh bien, il s’en fout.
– Il s’en fout vraiment, ou bien est-ce affecté ?
– Je ne sais pas.
– De toute façon, ça revient au même.
– Oui.
– Bloquez-le dans des tâches subalternes. Humiliez-le doucement.
Ceci est un autoportrait triché.
Par exemple, il ne contient pas de dialogue avec des femmes.
J’ai déjà donné.