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Un homme, de Philip Roth

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Les critiques français me semblent toujours, lorsqu’ils parlent de Philip Roth, insister sur la dimension autobiographique.

Certes.

La tache, déjà, m’avait semblé très réussi d’un point de vue dramaturgique. Roth parvenait avec trois ou quatre personnages principaux seulement à faire vivre quarante bonnes années d’Amérique (l’Université, les ghettos noir et juif, l’analphabétisme, le Vietnam et ses conséquences civiles).

Un homme s’ouvre sur l’enterrement du personnage principal et se clôt à sa mort ; la mort, la maladie, la douleur, les regrets rythment le livre. Le personnage va mourir ; il le sait ; il ne se fait aucune illusion. Il a vécu, aimé, souffert, raté ; il revient sans cesse maintenant sur sa vie ; il va mourir. Nul au-delà.

Le roman saisit dès les premières pages. Cet enterrement banal, avec les deux fils de son première mariage, sa deuxième femme et la fille qu’il a eu d’elle, une maîtresse encore, et puis son frère, le colosse à l’insolente santé…

 

« Mais enfin, le plus déchirant, c’est ce qui est commun, le plus accablant, c’est le fait de constater une fois encore la réalité écrasante de la mort. »

 

L’athéisme du personnage, d’aucune vindicte ou mépris entaché, finit simplement par dire l’absence de Dieu.

L’avant-dernière « scène », mais n’est-ce pas plutôt la dernière ? où le personnage principal discute avec l’employé qui a creusé, des années plus tôt, la tombe de son père, et finit par lui demander s’il peut le regarder combler une fosse est extraordinaire de simplicité, de gentillesse ; d’acceptation aussi. Point de voltige verbale à la Hamlet

 

Ce personnage, dont on découvre en détails la vie, n’a pas de nom. C’est juste un homme. C’est tout homme, c’est chacun. Le titre original est Everyman, en un seul mot.

C’est le même titre que celui de ce mystère médiéval répandu dans toute l’Europe par Macropède et quelques autres, où la mort vient chercher le mauvais riche ; et dont la dernière variante était, à ma connaissance, au début du XX° siècle, la belle pièce d’Hofmannstahl, Jedermann. 

 

Ce roman est un mystère athée.

Commentaires

  • Et bien je vous rejoins absolument. Tout comme pour "la route", que vous critiquâtes il y a de cela quelques mois. Je songe à cette scène aussi, ou le vieil homme observe en "maudissant" son souffle qui le désassemble une jeune femme qui court sur le sable... en se riant de la mort qui la rattrapera... elle aussi.

  • Quel beau billet sur ce livre,et la scène "extraordinaire de simplicité de gentillesse et d'acceptation".

  • J'ai envie de dire qu'il est pas dégueu votre billet sur ce livre Pascal. C'est chose faite.

    Sinon j'ai cherché une blague salace et je n'ai pas trouvé...

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