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  • Et à la fin, la fin en boucle...

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    D’abord, par un louable souci d’égalité, l’Europe moderne a voulu sacrer ce qui était profane. Et pourquoi pas ? Mais il a fallu aussi, très vite, comme pour marquer le coup d’envoi de cette égalisation, profaner ce qui était sacré. Et à la fin, c’est l’action même de profaner qui est sacrée, et tout y passe, incessamment. L’égalité ne se connaît qu’un devoir : abolir. L’Europe s’abolit donc. Est-ce que c’est fait ? Je tiens que précisément, nous ne pouvons pas le savoir vraiment. L’Europe s’abolit, et ne se survit qu’en ne cessant pas.

     

    Jim Dhormeur, Aphorismes & brouillons (1)

     

     

     

    (1) Seul le titre de ce billet est de moi, les aphorismes de Dhormeur ne portant aucun titre ni numéro. [P. A.]

  • De la subversion normative

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    Ce n'est pas une chose rare qu'il faille reprendre le monde de trop de docilité.

    C’est un vice naturel comme l’incrédulité et aussi pernicieux.

    Superstition.

     

    Blaise Pascal, Pensées, fragment 176, (éd. Le Guern)

     

     

    Oui, oui, tout est là, en un éclair, notre marécage, sa fausseté intégrale, la subversion normative.

    Docilité, superstition.

     

      

    Dichten = condensare.

     

    Basil Bunting, repris et cité par Ezra Pound dans A. b. c. de la lecture (1934)

     

     

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  • Téméritudes de la conjugation libératée

    Un jour, en Chine, Ségolène Royal, mandaturée par le Parti Salopiste, inventit la bravitude, dont la presse (c’est lourd, une presse, non ?) fit un temps son morceau de bravoure, voire plusieurs. Elle rejoinda  ainsi la cohorte des gêneurs (ou géneurs) qui génèrent sans engendrer et des résolveurs qui solutionnent le néant, certes, mais avec une grande audacité dans l’audace. Evidemment, le pressieux Jack Lang, précurseur en n’importe quoi, avant-ringardiste officiel et antipape de la culutre en merde, trouva la trouvaille bien trouvée.

    On libéralisa ainsi le droit au droit à dire qu’est-ce qu’on veut n’importe comment dans les limitations de l’aloi, ce qui ne changea pas grand-chose, il faut bien l’avouer, les professeures et pédagogures des IUFM de la Garderie Nationale à perpétuité étant passés par là.

    Ainsi formationné, un sous-épigone de la candidateuse aux élections pestilentielles, journaliste ou pigiste à Libération de son état – enfin, avec précisure : « correspondant à Los Angeles » –, et nominé (tant qu’on y est) Philippe Garnier, écrivut-il, dans la rubrique Cinéma du 27 août 2008 :

     

    « The Exiles, le film de Kent Mackenzie résurrecté par Ucla et Milestone Films… »

     

    Résurrecté. Parfaitement. Quel beau participe passé épithète. Issuyé sans doute du verbe résurrecter. Pour une épithète de con, c’est une épithète de con. Avalisée bien sûr par le correctionneur d’orthograve du canard en question.

    Un autre questionnage : Le haïssage, ou haïssement, (inconscient, ici ?) de la christianité pourrite allera donc jusqu’à éviter la vocabulation « ressuscité ». C’est épatant (que ça). Quel inventement. Quelle créateuse puissance d’inventation. C’est ça, le journalisme résurrectal. Enfin, le journalismement rectal. La rectalitude journaleuse. La rectal’attitude des hauteurs. Bref, lecturez Libération.

     

     

  • Fumez en paix (smoking to Byzantium)

    Thèse, antithèse, synthèse.

    Bon. Je vais le dire pour qu’on me foute la paix. Fumer, c’est mal, c’est pas bon pour la santé, tout ça, tout ça...

    D’un autre côté, plus administratif, plus ministériel même, la Santé est très mauvaise pour les fumeurs.

    Bref, ne fumez pas, ça fait un trou dans l’ultime lambeau du dernier poumon de la Sécu (euthanasie prévue ?).

     

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    Labarum.

    Plus sérieusement, si j’ose dire, j’ai acheté en Espagne, il y a quelques semaines maintenant, une cartouche de Pall Mall sans filtres à 23 euros.

    Les paquets espagnols sont, Union Européenne oblige, eux aussi assortis de la mention macabre «  Fumer tue » (« Fumar puede matar »).

    Ce qui est beau, sur les paquets de Pall Mall, c’est qu’on trouve, juste au-dessus de ce vœu de mort à peine dissimulé formulé à l’encontre du fumeur, qu’on suppose être également l’acquéreur, c’est précisément qu’ils sont munis d’une contre-formule, inscrite dans la bannière sous le blason :

    IN HOC SIGNO VINCES.

    Par ce signe tu vaincras.

    Ce signe est, en l’espèce, la croix ; et cette parole, l’ordre que Dieu donna à Constantin, lequel obéit, faisant marcher son armée derrière l’étendard à la croix ou au chrisme (le labarum), à la veille de la bataille de Milvius. En 312. En 313, les persécutions de Dioclétien finirent, et l’Edit de Milan autorisa la religion chrétienne dans l’Empire. Constantin, qui donnera son nom à Byzance et en fera la Nouvelle Rome, sera baptisé sur son lit de mort, en 337.

    Fumez dans la paix du Christ, mes frères.

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    Ségrégation.

    La devise de la maison Pall Mall, « Wherever Particular People Congregate », en revanche, a disparu. Peut-être du fait des législations un peu partout qui interdisent aux Particular People (et aux autres fumeurs) de « congrégater » tranquillement au chaud.

    Les Normative People segregate, en somme.

     

    Post-scriptum.

    Le sous-titre (insensé, d’ailleurs) de ce billet est adapté du poème William Butler Yeats, Sailing to Byzantium, dont le premier vers, devenu célèbre récemment, est : « That is no country for old men ».

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    Sur le même thème :

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    Une clope de Pâques

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    Prohibition / Exhibition

     

  • Vivement la mort (clausule)

    Parler concrètement de ce monde-ci, aujourd’hui, me tombe des mains (si je puis dire, mais après tout, j’écris). Son pathétique me gagne, me perd, et l’inutilité envahit tout, décourage et dégoûte. C’est vain. Mais c’était vain hier et avant-hier. Cette vanité ne serait-elle pas encore une forme de l’orgueil ? (Imaginons. Vous êtes facteur de masques et livrez à quelques comédiens les masques qu’ils porteront. Le premier regarde l’extérieur du masque moulé sur son visage, que vous lui présentez pour la première fois, et il se reconnaît de suite. Présentez-lui d’abord l’intérieur, il se demandera qui c’est.) N’empêche, quand je regarde ce monde, dont je suis, les bras m’en tombent. Tout cela n’a pas grand sens et je ne ferai sans doute pas mieux demain. Tout cela n’a pas grand sens (on n’a qu’à dire que c’est de la poésie).

    Tout cela n’a pas grand sens, hors la chute.

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