Selon un immense poète, avril serait le plus cruel des mois. Mais comme, de n'y comprendre rien, le premier guignol juridico-relativiste à la con dira que ça se discute et commencera d'opposer au poète que son absence d'arguments ne vaut pas tripette, je vais tenter, ainsi que j'en ai pris la très sage habitude, d'être le plus consensuel possible. Et dirai simplement qu'avril succède à février et à mars. Voilà, c'est fait. Je pense qu'une telle affirmation, malgré son caractère péremptoire, ne tombe pas sous le coup de la loi. A moins que l'on ne considère que, de ne pas les nommer, j'opère une odieuse discrimination et que les neuf autres mois sont fondés à se plaindre... Mais je suis un garçon courageux, qui n'a peur de rien, et j'ose ajouter fièrement que j'encule à sec ces enculés de bâtards de fils de pute de leur mère de race à purin d'autres mois de l'année de merde en cours. Surtout ceux à venir, d'ailleurs. Wesh. Passons aux choses sérieuses, qui ne le sont d'ailleurs pas. En février et en mars de l'an de grâce 2013, j'ai commencé, d'abord sur la première version de ce blog idiot, puis sur cette version ragemageuse, de tenir ce que j'appelle un journal. Chose abjecte en soi et par laquelle je suis parfaitement conscient de mériter le plus universel mépris. D'autant que ce journal n'avait pas le bon goût d'être intime et de raconter à qui veut, même si bien sûr c'eût été faux, comment j'ai pété le cul de Trucbidula (ce a final marque le féminin car je suis un garçon rétrograde, hélas). Il n'était donc, ce journal, qu'un sous-commentaire informe et désuet de l'actualité de merde dans laquelle mes contemporains et moi-même aimons tant nous rouler, sous-commentaire qui fait les jours heureux de toute une racaille velléitaire et veule, aigrie, basse, imbécile, et qui se remonte à peu de frais le moral en chiant sur la gueule de Hollande, Sarkozy, Mélenchon ou Le Pen. Pour avoir l'air original et me faire passer pour moi, même à mes propres yeux, j'agrémentais mes notations débiles (au sens propre) de quelques références littéraires à la con (Michelet, Pound, Chénier...) ainsi que de vagues considérations sur ma production personnelle qui n'intéresse personne (et c'est heureux, cela prouve mon bon goût). Bref. J'avais lamentablement sombré. (Ceci est mon autocritique, camarade.) Je dois tout de même à la vérité de dire que je ne regrette rien, non rien de rien, je ne regrette rien. Si les gens disent tant de mal des politiciens, des journalopes et des artistes en merde, c'est uniquement parce qu'ils n'ont pas la force de les assassiner de leur silence. Imaginez que pendant un mois, tout un mois, aucune personne au monde ne mentionne publiquement les noms de Hollande, Aphatie et Nabilla (Nabilla sert ici d'étalon : elle est à l'art ce qu'Apathie est au journalisme et Hollande à la présidence du Conseil... ah non, zut, j'anticipe sur la IVème République future tant souhaitée par Mélenchon s'il ne devient pas premier ministre de celle-ci...). Mais je m'égare. Ce que je cherche à dire, depuis le début de ce papier indigent, c'est que, constatant que le joli mois de mai avait fait son apparition, je me suis dit qu'il fallait que je publie, en vue du buzz considérable que provoque la moindre de mes lignes, mon journal du mois d'avril. Fastoche. Tu prends ton fichier word, tu copies, puis tu colles sur ton blog. Sauf que voilà. Je n'ai pas pris la moindre note durant tout ce putain de mois d'avril de merde, le plus cruel. Et vous savez pourquoi, bande de cinglés qui êtes parvenus jusqu'à cette ligne de cet article ? Parce qu'IL NE S'EST RIEN PASSE EN AVRIL 2013. RIEN. Un gouvernement frigide qui a la majorité partout est parvenu à faire voter une loi et ça a ému bien des gens, barjots ou pas. Même le crétinissime Jérôme Cahuzac n'a pas eu la bonne idée de se coller un bastos dans le citron, c'est vous dire s'il ne s'est rien passé (Bérégovoy au moins faisait le show, mais bon, c'était mieux avant, quoi). J'ai continué à lire Michelet et sa Révolution. Et les papiers de Sapir sur son blog (j'ai bien aimé celui où il annonce une crise violente à l'été 2013). J'ai lu aussi le dernier livre de Houellebecq, et basta. J'ai écrit un peu, à côté. Je ne suis pas allé m'abrutir au cinéma ou m'énerver de la connerie de mes soi-disant pairs dans un théâtre soi-disant public organisant un gentil concours de couilles molles ultra-libérales subventionnées par les gars licenciés de Florange ou PSA. Non, il ne s'est rien passé. J'ai même eu un simili-employeur qui a réussi à me payer 80 heures de boulot 336 euros brut, non mais allô quoi. Bref, il ne s'est rien passé. Le seul machin à avoir éveillé la queue d'un soupçon d'intérêt, c'est l'affaire Kadhafi/Sarkozy. Je ne sais pas ce qui s'est passé, bien sûr. Mais putain, on a envie de voir le film. Un putain de truc de Mafia. On ne peut pas avoir touché de la thune de cet enculé, la preuve : on l'a buté ! Avec Keith Richard dans le rôle de Kadhafi, Michel Blanc dans le rôle de Claude Guéant, Podalydès dans le rôle d'Edwy Plenel et Podalydès dans le rôle de Sarkozy. Oui, il y a deux fois Podalydès, je sais, mais c'est pour monter l'ambivalence et la duplicité, la part d'ombre, même. Et puis quoi merde, c'est de la solidarité avec les Grecs ! Comme le merdage pour tous, d'ailleurs.