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  • Raison garder

    Voici une courte saynète de commande.

     

    Elle a peut-être quarante ans, un peu moins ou un peu plus ; c’est une petite bourgeoise moderne, décontractée, sympathique et  vulgaire – elle est « prof » ou secrétaire de direction. C’est vers la fin de ce dîner dansant, elle a peut-être bu un peu, mais à présent elle déguste par saccades ce café qu’elle n’aime pas – il n’y avait pas de thé au menu – en regardant les gens danser.

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  • Théâtre des idées

    Pour commencer :

    Je ne suis évidemment pas compétent pour parler de ce dont je parle. J’en ai donc profité pour aller vite, et ne citer précisément personne dans le texte qui suit. Je ne suis pas intellectuellement formé – et aussi, j’ai ce goût stupide pour l’exagération et la caricature –  pour dire mon désaccord avec des esprits incomparablement plus brillants que le mien (ne point lire ici d’ironie), qu’il s’agisse de ce géant de Platon, ou, plus proches de nous dans le temps, de Brecht, Vitez, Bond (Edward, hein, pas James) ou Badiou…et même, quoique nettement moins concerné ici, Ionesco…Puisque j’en suis à nommer de façon pas du tout exhaustive les gens que je ne cite pas, je vais – pour compenser ! – citer deux phrases d’autres excellents auteurs – lesquelles phrases, je l’espère, sembleront à certains d’emblée éliminatoires –, que l’écriture hâtive de mon texte m’a ramenées en mémoire. La première ne se laisse pas épuiser par sa simplicité :

     

    Personne, mieux que Shakespeare, n’a su comment se passe la vie.

    Guy Debord, Panégyrique

     

    …quant à la seconde, plus complexe pour qui n’a pas à l’esprit que pour un chrétien le Christ en sa double nature, homme et Dieu, est la Vérité, et conséquemment que toute autre prétendue vérité…

     

    Si l’on me prouvait que le Christ est hors de la vérité et qu’il fût réel que la vérité soit hors du Christ, je voudrais plutôt rester avec le Christ qu’avec la vérité.

    Fédor Dostoïevski, Lettre à Nathalie Fonvisine, 1854

     

    J’ajoute finalement une troisième citation, de formulation magnifique en sa fin, pour enchaîner sur la précédente et ouvrir enfin sur mon petit texte :

     

    C’est cet imprévisible, cet inconnu de la nature humaine qui est le grand intérêt de Dostoïevski. L’homme est un inconnu pour lui-même et il ne sait jamais ce qu’il est capable de produire sous une provocation neuve.

    Paul Claudel, Mémoires improvisés

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  • Acte III...

    Remis le nez (les yeux et la main, en fait) dans mon manuscrit en cours.

    Impression, en fin de troisième acte, que la pièce est finie. Du moins qu’elle est montée. Et qu’il va maintenant falloir la démonter – ce qui, d’un coup, me paraît beaucoup plus difficile. Comme une opération complexe et minutieuse d’horlogerie, dont dépendrait l’utilisation future de l’objet. Je me sens des moufles. Evidemment.

    Tout se noue, paraît-il, au quatrième acte (quelqu’un m’a gentiment rappelé ça il y a peu de temps). Parce que c’est en fait le premier. Le grand démontage commence. Tout ce qui a été amené là, l’a été pour être démonté (c’est peut-être ça qui est le plus drôle, d’ailleurs).

     

    J’ai été tellement lent à écrire, et tellement lourd et pénible, que je me dis que je devrais foncer maintenant, démolir tout à grande vitesse, comme un type qui, étant parvenu au sommet, jouerait à se casser la gueule dans la descente.

    (C’est idiot. Le début de la phrase me concerne et sa fin la pièce – enfin, j’espère.)

     

    Quoi que cela n’ait rien à voir, cette histoire de troisième acte me rappelle Tartuffe.

     

    Tartuffe est une pièce qui finit à l’acte III, le personnage éponyme victorieux. C’est cela que certains, sans doute, ont pu voir, un seul soir, en 1664. Scandale. Les deux derniers actes, ajoutés ensuite pour défaire ce Tartuffe devenu Panulphe, n’y changeront rien : la pièce, en 1667, ne peut encore jouer qu’un soir (l’interdiction de police, assez bellement, dit que « ce n’est pas au théâtre de prêcher l’Evangile » ; l’archevêque de Paris, quant à lui, menace d’excommunication…). Ce n’est pas tant le sort final de Tartuffe, mais que simplement soit révélée son existence dans le miroir du théâtre, qui fait scandale (au demeurant et quant au monde, il est sans doute plus réaliste que Tartuffe soit vainqueur). La pièce est autorisée en 1669, les temps ont changé.

    Tartuffe était peut-être cette étrangeté-là : un secret mondain.

     

    Cela ouvre des perspectives (pour une autre fois et pour une autre pièce, qui sait ?).

     

     

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