Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • 1. Start me up

     

    start_me_up.jpg

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    C’était vers minuit dans cette soirée où les jeunes écoutaient de la musique de vieux… Elle avait commencé sèchement par : Tu ne me reconnais pas ? et maintenant qu’elle avait lâché la phrase qu’elle était venue lui dire, il ne voyait plus dans son œil que de la haine et de l’envie. Il se demanda une seconde s’il se pouvait vraiment qu’il eût fait ça. Après tout, des soirées trop arrosées, dont il ne s’était jamais rappelé l’issue, il n’y en avait pas eu tant que ça et ça commençait à remonter à loin. Non, cette fille devait être folle, simplement. Peut-être qu’elle faisait souvent ce coup-là à des types. Alors, il lui dit le plus gentiment possible qu’il la plaignait, et sortit fumer.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    (Disons que c'est le début d'une série d'au moins deux billets)

  • Seuil

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Je suis entré dans le café miteux – est-ce que j’ai dit bonjour ? – et elle était là. Une parfaite inconnue, debout au comptoir, un café devant elle. J’ai moi aussi commandé un café. J’ai pris le journal. Elle a demandé une cartouche de cigarettes, réglé le tout, est revenue à son café. Est-ce qu’elle est jolie ? Peut-être même pas ; quoique dire non serait injuste. Je lui donne quatre ans de moins que moi. J’ai repoussé le journal. A un moment donné, un instant, elle m’a regardé. Et elle m’a vu. J’ai vu qu’elle me voyait. Je peux même dire ce qu’elle a lu : Il tient, mais promet plus qu’il ne tient ; utilisable. Puis elle a fini tranquillement son café, est sortie :

    – Au revoir, monsieur.

    Elle a utilisé sa sortie à vérifier son premier regard. C’est ça.

    – Au revoir, madame.

    Elle a vu, et moi rien. Je ne sais quoi penser d’elle. Sinon qu’elle est plus intelligente et va plus vite que moi – pauvre rivalité – et ce n’est tout de même pas tous les jours… Mais je n’aurais pas dû voir qu’elle voyait. Et je l’ai vue me voir. C’est peut-être une faute – sauf si elle a voulu que je la voie me voir…

    Si tu raisonnes un pas de plus, mon gars, tu entres dans la paranoïa… La seule chose que je jurerais, c’est qu’il ne s’agit en rien de séduction : elle travaillait, et moi aussi. Je reprends un café. Je ne demande rien au patron. Des moments comme celui-là, trois minutes au total environ, n’arrivent pas tous les dix ans ; ils se suffisent. Je joue Bach dans ma tête. Elle avait de beaux cernes.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Ampleur de l'élément moral II

     

    nietzsche.jpg

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Je donne ici un aphorisme de Nietzsche, tiré du Gai savoir, dans la traduction de Pierre Klossowski. C’est le 114°, on le trouve au troisième livre et il est réellement intitulé Ampleur de l’élément moral.

     

    L’image que nous voyons pour la première fois, nous la construisons immédiatement à l’aide de toutes nos anciennes expériences, chaque fois selon le degré de notre probité et de notre équité. Même dans le domaine de la perception sensible il n’est d’autres expériences vécues que morales.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Ampleur de l'élément moral

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    L’image que nous voyons pour la première fois, nous la construisons immédiatement à l’aide de toutes nos anciennes expériences, chaque fois selon le degré de notre probité et de notre équité. Même dans le domaine de la perception sensible il n’est d’autres expériences vécues que morales.

     

     

     

     

     

     

     

     

    Voir aussi ici.

     

  • C'est mon choix (parce que je le vaux bien)...

    Durer_Revelation_Four_Riders.jpg

     

     

     

    Je trouve amusant, ce soir, de me citer ; d’extraire un bref morceau d’un billet passé, et de le mettre en quelque sorte à la une – puisque enfin, il est assuré que la tenue d’un blog ressortit plus qu’à tout autre chose au journalisme, ou mieux encore, à je ne sais quel tri sélectif à opérer soi-même dans ses ordures. Et puisque je ne fais après tout, dans cette graphomanie imbécile que bassement imiter cette époque produisant maints objets inutiles destinés à des consommateurs pour le moins compulsifs, voire addicts selon la terminologie scientolâtre en vigueur, autant, plutôt que de se répéter encore d’une façon faussement nouvelle – ce qui reviendrait encore à dériver toujours davantage en bavardage une piètre parole initialement fausse –, autant, dis-je, tenter, en se citant exactement, de ne rien ajouter à cette fausseté première, en espérant que cet inaugural paragraphe lui-même sombre au néant – bon Dieu ! quel charabia !... Mais enfin, voici cette citation, dont je souhaiterais, quelque mal formulée qu’elle soit, qu’elle ne vous paraisse pas tout à fait anodine :

     

     

    – Alors ils remplacèrent le mot Bible, qui signifiait Livre, par le mot Média, qui signifie Moyen.

    Et il y eut partout des médiathèques.

    Et il n’y eut plus nulle part des bibliothèques.

     

    Puis vous vîntes.