C’est amusant, à la fin.
Les images ont tout envahi, semblent évidemment autorisées. On peut tout montrer, fiction ou réalité ; guerres, viols, meurtres, charniers, opérations médicales. La parole en revanche semble presque interdite. Il faut, dès lors qu’on s’attache à certains sujets graves, et la mode peut fort bien réputer grave, à n’importe quel moment, n’importe quel sujet, délaver des euphémismes qu’auront précédés de plâtreuses circonvolutions oratoires.
Badinons donc.
Il faut bien vivre avec son temps.
La pornographie règne, dans toutes ses dimensions ; non moins qu’elle est indifférente. La parole, elle, n’a jamais été tant crainte ; au point qu’il nous la faut bannir.
Renouvellement et originalité incessants d’un côté. Identité – dans les deux sens – de l’autre.
Pouvoir d’un côté. Puissance de l’autre.
Silence.
Commentaires
Récemment près d'Oberkampf je regardais les façades des commerces le long du boulevard voltaire. Et je pensais à ce mot justement: "pornographie".
Il y avait deux ou trois salles de jeux en lignes, dont une peinte en jaune avec de larges zébrures noires.
Je rêvais d'un gris uniforme. D'un monde en noir et blanc. Ensuite quelqu'un est arrivé et je me suis résigné à n'en avoir plus grand chose à foutre, ne pouvant somme toute rien y faire. Début de sagesse.
A bientôt Pascal. Je comprends, je crois, bien ce que vous voulez dire, et vous le dites assez clairement. Bonne soirée.
D'abord interdite...
La parole, pour beaucoup, est en train de devenir impossible.
Pas tès gai tout ça.
Bonjour à vous tous. Ce billet à vif est au coeur des enjeux actuels mais aussi de ceux toujours vrais pour chacun. J'ai le sentiment que dans le même mouvement qui fait que la société refuse des impossibles, et donc l'impossible, la parole véritable qui tient compte à la fois des interdits, dans les deux sens du terme, et de cet espace de liberté qui permet son avénement, devient en effet impossible pour certains ou en tout cas entravée. Pourquoi triturer la langue au nom de réformes soit-disant libératrices (!!!), et à chaque fois renouvelées (re !!!), si ce n'est dans la volonté d'une maîtrise totale et d'un refus de ce qui se joue en nous et nous est donné à la fois par un autre et par ceux qui nous précèdent? La perte de la parole est liée à la négation de la diffèrence entre la vie donnée et la vie reçue.
Sujet très délicat, j'apprécie beaucoup votre regard.
Je pensais à ce livre de W. Gombrowicz "Pornografia".
Et à cette parole impossible, pour beaucoup (ici évoquée par Solko).
La pornographie règne dans toutes ses dimensions, (hélas,ce n'est pas celle du vieux Georges).
Partout, un peu plus chaque jour, une sidérante régression...
Merci pour l'éclairage.
@ Marie-Hélène : Bel effort.
@ Tanguy & Solko : Encore merci pour vos liens.
@ Frasby : Ravi de vous voir passer ici.
On ressent confusément ce que vous voulez dire, sans pouvoir bien cerner ce que vous visez.
Et si la parole devait être économe d'artifices pour clarifier l'objet de la pensée. Contre la rumeur du monde, ne faut-il pas opposer une parole épurée plutôt qu'enflée. Mais peut-être, et sans doute, n'est-ce pas là votre priorité d'esthète.
Tant pis.