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Theatrum Mundi - Page 53

  • Masque

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    BUREAU

     

     

    Il dit :

     

    Si vous êtes là, c’est que vous devez être un peu cultivé.

     

    Vous lisez des romans, j’imagine.

     

    Rien ne ressemble autant à un touriste qu’un lecteur de romans.

     

    Il y a de bons romans, sans doute – et l’ambiguïté propre à toute œuvre d’art nanani nananère.

     

    L’ambiguïté.

     

    Si elle est un but, elle est un but puéril : au mieux ridicule, sinon pervers. Si elle n’est pas un but, de quoi alors est-elle le moyen ?

     

    Même la présence en creux, ou l’absence marquée, de Dieu dans quelques bons romans est une question de précision technique et finalement, d’art. L’auteur fait en silence porter à Dieu, ou à tout autre mot censé représenter pour lui la vérité, son propre retrait calculé, discrètement manifeste – bon petit démiurge, création de pacotille, piège à touristes et qui certes fonctionne…

     

    Aussi bien j’aurais pu parler du cinéma, par exemple. Il fallait bien que je commence.

     

    L’art n’est plus ici que l’art, l’ambiguïté insuffisante, ou plutôt, suffisante seulement à donner l’illusion qu’elle suffit.

     

    Triste époque.

     

    Je ne prétends pas ne pas être aussi un touriste, notez bien.

     

    Les amateurs de sensations romanesques cherchent avant tout à tromper leur ennui, ce qui d’abord le leur rend simplement nécessaire, l’accoutumance au plaisir tendant ensuite à le rendre gigantesque.

     

    Cela me fait penser tout à coup que les conditions politiques du triomphe d’un tel genre seraient à examiner en détail, mais je n’en suis heureusement pour vous pas capable.

     

    Passons aux choses sérieuses, je vais vous raconter ma vie.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • A propos de précieuses ridicules...

      

     

     

     

     

     

    Ce moyen, connu de toute éternité des dramaturges, consiste pour l’auteur qui y est contraint à mutiler son texte. Moyen extrême ! Ainsi font les lézards qui, pris par la queue, s’en séparent pour prendre le large. Parce que tout lézard sait très bien qu’il vaut mieux vivre sans queue que ne pas vivre du tout.

    Molière avait bien raisonné : les censeurs du roi ignorent que tous les remaniements qu’on peut apporter à une œuvre ne changent pas d’un iota son sens profond et n’affaiblissent en rien l’indésirable influence qu’elle peut avoir sur le spectateur.

     

    Boulgakov, Le roman de monsieur de Molière

     

     

     

     

     

  • Comique de répétition

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Il y avait alors, parmi ses amis, ceux qui guettaient la faille la plus infime pour se porter présent, dans l’espoir qu’on leur ferait crédit qu’ils seraient là aussi aux jours des grands drames ; et ceux pour lesquels les coups durs n’étaient jamais assez grands pour qu’ils condescendissent à se manifester et qui finiraient sans doute à faire éclater quelque talent d’eux-mêmes ignoré pour les oraisons funèbres. – La routine, quoi ; charognards et guignols – et leur amour vraiment…