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Theatrum Mundi - Page 164

  • Ouverture : 2. Sur le titre

    Le titre se prononce facilement « tout faux », mais s’écrit Tout Faut, selon le désuet indicatif présent du verbe faillir : je faux, tu faux, il faut… Où la troisième personne du singulier recoupe exactement celle du verbe falloir.

    Je m’arrête là, dans ce champ les développements paraissant infinis : de la faille à la faute, de ce qu’il faut et de ce qui est vrai, sans parler de cette Faux que tient la Mort. Signalons encore, tout de même, que tout faut peut avoir le sens de tout tombe, tout faisant littéralement dé-faut ; et voici la gravité, la chute, the fall, the fault.

    En ce sens, c’est à l’endroit où tout faut (faillir) qu’il faut (falloir) instituer autre chose. Il est donc bien ici question de la Chute et du péché originel, et de la façon dont s’institue ce qui en Occident n’est rien moins que le Père.

    Cette romanesque succession de pièces, comme elle peut, de préférence en parlant d’autre chose, raconte que l’Occident est terminé ; raconte, fût-ce sous le couvert du libéral-socialisme planétaire, sa faillite.

    A moins que…

     

     

    Si vous riez en lisant Tout faut, c’est que ma contre-machine littéraire atteint son but. Ce n’est pas de l’humour, c’est de la balistique.

    Si vous ne riez pas en lisant Tout faut, c’est que ma contre-machine littéraire atteint son but, et peut-être cette fois en étiez-vous la cible. Ce n’est pas de l’humour, c’est de la balistique.

               

  • L'histoire du communisme racontée aux malades mentaux, de Matéi Visniec

    Je ne connais pas Matéi Visniec. Je possède un seul livre de cet écrivain, acheté par curiosité pour son titre : L’histoire du communisme racontée aux malades mentaux, publié chez Lansman.

     

    Je lis dans la présentation que Visniec est roumain, né en 1956 ; qu’il est dramaturge et poète ; qu’il a écrit de 1977 à 1987 une vingtaine de pièces, un roman et deux scénarios de films, tous refusés par la censure ; qu’il vit à Paris (depuis 1987 si je comprends bien, mais ce n’est pas certain) et qu’il a obtenu la nationalité française en 1993 ; qu’il écrit en français depuis 1987 ; que sa renommée en Roumanie est considérable depuis la chute du régime totalitaire.

     

    « L’action se déroule à l’Hôpital central des Malades mentaux à Moscou, en 1953, quelques semaines avant la mort de Staline. Eventuel décor unique : un portrait de Staline. »

     

    Je recopie ici en intégralité la scène deuxième, qui suit une très courte scène première en forme d’ouverture et dans laquelle le chœur de chambre de l’Hôpital central des Malades mentaux de Moscou interprète Le Chant des partisans :

     

    2

    Iouri Petrovski dans le bureau du directeur Grigori Dekanozov.

    LE DIRECTEUR. – Vous comprenez, cher Iouri Petrovski, personne ne doit rester aujourd’hui en dehors de la lumière de l’art et de la littérature. Notre conception scientifique de la société dit que l’homme est au centre de l’attention du parti. Notre nouvelle conception humaniste, telle qu’elle nous a été enseignée par le Grand Lénine et le Grand Staline, dit que le socialisme n’est pas possible sans la transformation de l’homme. Et l’art, la littérature ont un rôle immense dans la transformation de l’homme… C’est pour ça que je me pose la question : et les malades mentaux ? Ne sont-ils pas, eux aussi, des hommes ? Ne doit-on pas les transformer, eux aussi ? Ne devraient-ils pas bénéficier, eux aussi, des bienfaits de l’art, de la littérature ? Dans la mesure du possible, bien entendu… Je crois que les malades mentaux de notre société socialiste n’ont rien à voir avec les malades mentaux des pays capitalistes et impérialistes. Nos malades mentaux, nous, on ne les abandonne pas… Nous pensons qu’ils sont guérissables. Nos scientifiques travaillent jour et nuit pour trouver de nouveaux traitements capables de guérir les maladies mentales… Et l’art, la littérature ont peut-être leur mot à dire dans ce combat. 

     

    Etonnant comme à l'évocation des dieux tutélaires Lénine et Staline près, ce propos est encore familier, aujourd'hui, en France... Je n’en dirai ni citerai pas plus.

  • Parole n'a parolé

    1. Le théâtre est cet art où l’action, grande ou triviale, se déduit de ce que disent les personnages.

    2. Il faut donc, pour que l’action ne coïncide pas à la parole d’un seul, que toutes paroles soient fausses. (Ou bien, et l’on peut y voir le reliquat religieux d’où le théâtre est issu, que le personnage soit bientôt assassiné, ignoblement.)

    3. Le théâtre est cet art où, s’il est une vérité, elle ne peut être dite. (Ou pas sans être assassinée aussitôt.)

    *

    Le théâtre était le plus grand art. Jadis. Le genre préféré du génie. Les noms suffisent à le savoir. Mais c’est fini.

    Le théâtre a agonisé au moins cent ans. Ses défenseurs actuels l’ont fossoyé vivant. Encore vivant. Ils continuent de jeter des pelletées de terre quand passe un journaliste, et il en passe !

    Le théâtre en tant que tel n’intéresse plus grand monde, et surtout pas ceux qui en font profession.

    *

    Si l’on considère la représentation spectaculaire comme superfétatoire, sinon inutile, l’intérêt d’écrire aujourd’hui du théâtre croît. (En revanche, il se peut qu’il s’éteigne pour nombre de graphouilleux.)

    Si l’on admet qu’un bachelier moderne ordinaire a été formé tout spécialement pour ne rien comprendre à la langue de Molière, et peut-être même pour ne rien comprendre à rien… l’intérêt d’écrire aujourd’hui du théâtre croît.

    (Voilà pourquoi l’avant-ringarde officielle préfère faire caca dans la Cour d’Honneur du Palais des Papes que dire un texte. Et tant mieux. D’abord parce qu’en faisant caca, elle fait ce qu’elle sait le mieux ; ensuite, parce qu’elle ne sait pas vraiment lire, voire vraiment pas…)

    Etc.

    *

    « Parole n’a parolé. » est une didascalie tirée de La Passion du Palatinus d’un auteur anonyme français du XV° siècle. Elle marque, en la scène XII, dans le Palais d’Hérode, le silence de Jhesu. 

    On peut lire cette pièce dans le court volume (non-bilingue – mais après tout, c’est écrit en français) intitulé Jeux et Sapience du Moyen-Age, de la collection de la Pléiade.